Mariângela dit que la meilleure façon de traiter la démence est de faire comme si la personne d’avant se trouvait toujours sous les décombres de celle du présent. Si vous vous trompez et que la personne que vous connaissiez est vraiment partie, personne ne s’en plaindra, mais, de ce fait, le niveau de qualité des soins restera élevé. Et si vous avez raison de croire que la personne est emmurée vive à l’intérieur d’elle-même, alors vous devenez un fil d’Ariane pour elle.
(Alto, p.159)
… je prends une grande inspiration saccadée pour m’empêcher de pleurer. Et ce n’est pas uniquement parce que je ne pourrais plus jamais tenir Aoife dans mes bras. C’est à cause de tout : des régions entières qu’on a empoisonnées, des calottes glaciaires qu’on a laissées fondre, du Gulf Stream dont on a dévié le cours, des fleuves asséchés, des zones côtières inondées, des lacs asphyxiés par nos saletés, des mers qu’on a tuées, des espèces qu’on a fait disparaître, des pollinisateurs exterminés, du pétrole gaspillé, des médicaments devenus inefficaces, des menteurs qui nous caressaient dans le sens du poil et qu’on élu. Et tout ça pour ne pas avoir à modifier notre confortable mode de vie.
(Alto, p.698)
Le pouvoir est un invité, on ne le « détient pas ». Les fous désirent y accéder, ainsi que de nombreuses personnes saines d’esprit, mais seul le sage se soucie de ses effets à long terme. Le pouvoir agit sur l’ego comme du crack, et comme de l’acide sulfurique sur votre âme.
(Alto, p.129)
Intégrisme religieux et fautes d’orthographe vont souvent de pair.
Je veux que vous envisagiez que les clauses du contrat de la vie stipulant que « Ce qui vit doit un jour mourir » puissent, en de rares circonstances, être renégociées.
Enterre donc la hache de guerre, Crispin. Contre les fantômes, elle ne sert à rien.
- Il existe une forme de pouvoir qui permet à quelqu’un d’ajourner perpétuellement la mort.
- Je rêve ou bien vous venez de franchir la frontière du pays des fous?
- Dans la réalité du terrain, les frontières n’entrent pas en compte.
- Mais vous parlez d’immortalité comme si cela existait.
- Non, Je parle d’ajournement perpétuel de la mort. P. 103 (EPUB)
La civilisation c'est comme l'économie ou la fée Clochette : si les gens cessent d'y croire, elle meurt.
Les gens de ma génération sont des clients attablés à un restaurant nommé Toutes les ressources de la Terre et qui se sont gavés au-delà de ce qui est imaginable, alors qu'ils savaient très bien, même dans leur déni, qu'ils se carapateraient au moment de payer et que ce serait à leurs petits-enfants de se débrouiller avec cette addition qu'ils ne pourraient jamais régler.
Difficile de déceler quoi que ce soit dans le visage des octogénaires : les indices habituels se perdent dans leur peau ridée et leurs yeux d'oiseau.