Il suffisait donc de quelques heures pour dompter un être humain...
Lynn se lança dans un résumé. De la fille de Slough au camion abandonné , dans le Kent.
- Vous n'imaginez pas, Trevor, le choc que j'ai eu en découvrant les photos du camion...et la nonchalance de Grant.
- Elle porta son verre de chablis vers sa bouche, mais repris, sans boire une seule goutte. - On fait un métier dégueulasse, non, Trevor ? En même temps, est-ce qu'on a pas une sorte d'obligation morale de raconter ces histoires dégueulasses ?
Trevor Sugden opina.
Peut-être était-elle ukrainienne, ou biélorusse. Une Soviet à deux balles, comme elle les avait baptisées, quand elle était gamine. Une esclave de la rangée du dessous, selon l’expression qu’elle utilisait aujourd’hui. Pires que nous. De trois ou quatre rangées en dessous, s’amusa-t-elle intérieurement. Prêtes à tout pour survivre en Pologne, et prêtes à beaucoup plus encore pour se tirer vers l’Ouest et le stage.
Enlèvements, trafic d'êtres humains, séquestrations, abus sexuels, meurtres... Il y a un monde à côté du nôtre, invisible, effrayant, silencieux et pourtant terriblement réel. Ça se passe aujourd'hui, en Europe, et tout le monde ferme les yeux. Alors il faut bien que quelqu'un en parle.
N’oublie pas : les mecs s’intéressent à toi uniquement lorsqu’ils peuvent en tirer un bénéfice. Sinon, ils s’intéressent à eux. C’est pas Winston Churchill qui a dit ça : c’est moi.
Allez ! Prenez la vie comme elle vient, pensez bien à vous et soyez plus braves que le mauvais sort !
près. Les effets du crack s’inversaient maintenant. Elle savait que cet instant allait venir. Inéluctablement. À l’euphorie de la dernière demi-heure succédait ce sentiment de perte absolue, de détresse. Il n’y aurait plus jamais de jours heureux. Plus de tendresse. Plus rien. Plus rien de bon ni de doux. Un sifflement suspect montait de ses poumons. Elle était exténuée. Sa gorge semblait enflée et saturée de fumée. Comme si elle avait avalé les émanations toxiques d’une pile de vieux pneus en flammes. Elle sentit la main se poser sur son épaule. Elle savait aussi qu’il ne fallait pas se retourner. Ne pas lui faire face. Elle savait ça, intimement, depuis toujours.
« Les femmes mortes ne racontent aucune histoire.
Des hommes de peine les écrivent. »
D. HANDLER
Les femmes mortes ne racontent aucune histoire.
Des hommes de peine les écrivent.
D. Handler
Tout conte de fées est issu des profondeurs du sang et de la peur.
Franz Kafka
Ce ne sont plus des femmes mais des bouts de viandes, elles sont brisés physiquement et psychologiquement