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Citations sur Souvenirs Dormants (75)

Je devais être invisible pour eux à cette époque. Ou bien, tout simplement, vivons-nous à la merci de certains silences. (p.80).
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Je pourrais d’abord évoquer les dimanches soir. Ils me causaient de l’appréhension, comme à tous ceux qui ont connu les retours au pensionnat, l’hiver, en fin d’après-midi, à l’heure où le jour tombe. Ensuite, cela les poursuit dans leurs rêves, parfois pendant toute leur vie. (p.9).
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Au cours de cette période de ma vie, et depuis l’âge de onze ans, les fugues ont joué un grand rôle. Fugues des pensionnats, fuite de Paris par un train de nuit le jour où je devais me présenter à la caserne de Reuilly pour mon service militaire, rendez-vous auxquels je ne me rendais pas, ou phrases rituelles pour m’esquiver: "Attendez, je vais chercher des cigarettes...", et cette promesse que j'ai dû faire des dizaines et des dizaines de fois, sans jamais la tenir: "Je reviens tout de suite. " Aujourd’hui, j’en éprouve du remords. Bien que je ne sois pas très doué pour l’introspection, je voudrais comprendre pourquoi la fugue était, en quelque sorte, mon mode de vie. Et cela a duré assez longtemps, je dirais jusqu’à vingt-deux ans. Etait-ce comparable à ces maladies de l’enfance qui ont de drôles de noms: coqueluche, varicelle, scarlatine? All-delà de mon cas personnel, j’ai toujours rêvé d’écrire un traité de la fugue à la manière de ces moralistes et ces mémorialistes français dont j’admire tant le talent.
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J'aimais écouter les gens et leur poser des questions. Il m'arrivait souvent de capter des bribes de conversation d'inconnus dans les cafés. Je les notais le plus discrètement possible. Au moins, ces paroles n'étaient pas perdues pour toujours. Elles remplissent cinq cahiers, avec des dates et des points de suspension.
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Après avoir touché le fond, je remontais à la surface. Je me disais maintenant ce sera pour moi le début d'une autre vie. Et celle que j'avais vécue jusque-là m'apparaissait comme un rêve confus dont je venais de me réveiller. Je comprenais brusquement le sens de cette expression : l'avenir s'ouvre devant toi. Oui je finissais par me persuader que du haut de l'avenir je n'avais plus rien à craindre et que désormais j etais immunisé par un vaccin ou protégé par un passeport diplomatique.
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Près d'un demi-siècle a passé et l'on n'habite plus dans des chambres d’hôtel à Paris comme on le faisait souvent après la guerre et jusqu'aux années soixante. Geneviève Dalame aura été la dernière personne que j'ai connue à habiter dans une chambre d'hôtel. Il me semble aussi qu'au cours de ces années 1963, 1964, le vieux monde retenait une dernière fois son souffle avant de s'écrouler, comme ces maisons et tous ces immeubles des faubourgs et de la périphérie que l'on s'apprêtait à détruire. Il nous aura été donné, à nous qui étions très jeunes, de vivre encore quelques mois dans les anciens décors. A l'hôtel de la rue Monge, je me souviens de l’interrupteur en forme de poire, sur la table de nuit, et du rideau noir que tirait chaque fois Geneviève Dalame, un rideau de défense passive que l'on avait pas changé depuis la guerre.
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Juin. Juillet 1965. Les jours ont passé cet été-là à Montmartre, qui se ressemblaient tous avec leurs matinées et leurs après-midi de soleil. Il suffisait de se laisser glisser dans leur courant tranquille et de faire la planche.
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A mesure que je précisais l’itinéraire, c’était comme si je l’avais déjà suivi et je n’avais même plus besoin de consulter l’ancienne carte d’état-major. Mais était-ce vraiment le bon chemin ? Dans vos souvenirs se mêlent des images de routes que vous avez prises et dont vous ne savez plus quelles provinces elles traversaient.
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Bien qu’elle n’ait jamais été identifiée, j’ai retrouvé sa trace vingt ans plus tard. Je ne connaissais pas ce quartier. Ce sont les autres qui vous font connaître une ville dans ses zones les plus secrètes et les plus lointaines, en vous donnant rendez-vous à telle ou telle adresse. Quand ils ont disparu, ils vous entraînent sur leurs traces.
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J’effectuais tous mes gestes au ralenti pour leur donner le plus de précision possible, et je ne quittais pas du regard le petit homme coiffé en brosse comme si j’avais voulu le défier et lui permettre de bien retenir les traits de mon visage. Elle s’impatientait et je l’ai laissée sortir devant moi, puis, avant de la suivre, je suis resté quelques secondes immobile dans l’embrasure de la porte, les yeux fixés sur le concierge. J’attendais qu’il se dirige vers moi, mais lui aussi se tenait immobile à m’observer. Le temps s’était arrêté. Elle m’avait devancé d’une dizaine de mètres et je ne savais plus si je pourrais la rattraper, tant mon pas était lent, de plus en plus lent, avec cette sensation de flotter et de décomposer le moindre de mes mouvements.
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