Une simple lettre d'amour

L'amour est-il réciproque ?
Ou bien s'agit-il d'une bijection bancale ?

L'être évanoui, l'être absent,l'être enfui n'est pas soustrait, il est multiplié au contraire. Sans lui, nous pénétrons dans un monde inédit et contaminé. A force de n’être nulle part, dans aucune des foules que mon regard fouillait afin de t'en faire surgir, tu avais fini par être partout. J'étais seul au monde au milieu de toi.

Ce qui empêche l'aveu, c'est généralement l'occasion de l'aveu.

L'amour, dit-on, est la seule chose qui vaille de naître. C'est la seule chose, symétriquement, qui nous abîme au point que nous voulons mourir.

On perce mieux les mystères de l'univers en finissant clochard dans sa propre venelle que muni de sa carte Visa sur l'Amazone à Belém do Para.

L'amour, dès lors, panique. Lui, qui passait ses journées à ne rien faire, lui l'inconséquent, l'erratique, le volatil, le fol, le dandy, le capricieux, voilà qu'il est sommé de se faire notaire, sage-femme, expert-comptable, huissier, banquier.

J'adore avouer. C'est une passion. Je ne commets des fautes que pour le plaisir d'avoir à les avouer.

Les êtres que nous revoyons longtemps après que nous les avons aimés ne coïncident jamais avec l'image que leur absence a fini par imprimer dans notre imagination. Le retour vivant de leur fantôme rend ridicule et vain tout ce que, par le prodige de notre mélancolie, nous avions greffé sur eux.

L"extrême fatigue est la meilleure longueur d'onde pour faire jaillir les vérités tues, les aveux empêchés. On ne devrait parler que dans cet état limite, où la force laisse à la faiblesse, le soin d'être plus forte qu'elle.

"Le romantique est propriétaire, le don juan, locataire."