Plus on aime quelqu'un, moins on trouve de peine
Mercure. Qui te donne, dis-moi, cette témérité de prendre le nom de Sosie?
Sosie. Moi, je ne le prends point, je l'ai toujours porté.
Mercure. ô le mensonge horrible ! Et l'impudence extrême ! Tu m'oses soutenir que Sosie est ton nom ?
Sosie. Fort bien : je le soutiens, par la grande raison qu'ainsi l'a fait des dieux la puissance suprême, et qu'il n'est pas en moi de pouvoir dire non, et d'être un autre que moi-même.
Mercure. Comme avec irrévérence parle des dieux ce maraut ! Mon bras saura bien tantôt châtier cette insolence, et je vais m'égayer avec lui comme il faut, en lui volant son nom, avec sa ressemblance.
Jupiter, qui sans doute en plaisirs se connaît, sait descendre du haut de sa gloire suprême ; et pour entrer dans tout ce qu'il lui plaît il sort tout à fait de lui-même, et ce n'est plus alors Jupiter qui paraît.
Mercure
Tout beau! charmante Nuit; daignez vous arrêter:
Il est certain secours que de vous on désire,
Et j'ai deux mots à vous dire
De la part de Jupiter.
Sosie :
"La rigueur d'un pareil destin,
Monsieur, aujourd'hui nous talonne;
Et l'on me dés-Sosie enfin
Comme on vous dés-Amphitryonne."
Acte III, scène 7
AMPHITRYON
Non, Alcmène, à son impatience
On mesure le temps en de pareil états;
Et vous comptez les moments de l'absence
En personne qui n'aime pas.
Lorsque l'on aime comme il faut,
Le moindre éloignement nous tue,
Et ce dont on chérit la vue
Ne revient jamais assez tôt.
De votre accueil, je le confesse,
Se plaint ici mon amoureuse ardeur,
Et j'attendais de votre cœur
D'autres transports de joie et de tendresse.
SOSIE
L'action ne vaut rien.
Tu triomphe de l'avantage,
Que te donne sur moi mon manque de courage,
Et ce n'est pas en user bien,
C'est pure fanfaronnerie,
De vouloir profiter de la poltronnerie
De ceux qu'attaque notre bras.
Battre un homme à jeu sûr n'est pas d'une belle âme;
Et le cœur est digne de blâme
Contre les gens qui n'en ont pas.
ACTE I Scène 2
MERCURE : Bonjour , la Nuit.
LA NUIT : Adieu, Mercure
Les paroles de Jupiter,
Sont des arrêts des destinées