Cette fois, c'est plus fort que moi : je ris en secouant la tête. Me faire manger du fromage lors d'un premier-second rencard, c'est osé.
– Super. De toute façon, les premiers rencards sont toujours les pires, pas vrai?
Elle penche la tête sur le côté, curieuse.
– Pourquoi ça?
Je hausse une épaule.
– Parce que c’est un énorme mensonge. On s’habille sur son trente-et-un, on se met en avant, on vante ses mérites, mais ce n’est pas la réalité. Si ça se trouve, ce soir est la première fois que je prends une douche en dix jours et tu ne le sais même pas.
Je mémorise son visage, ses yeux iris émeraude et ses mèches blondes une nouvelle fois. Finalement non, je ne regrette absolument pas d'avoir joué le jeu. Ca en valait chaque minute.
Je continue à avancer vers la bouche de métro, serrant mon écharpe contre ma poitrine. Ce n'est que cinq minutes plus tard que j'entends quelqu'un courir derrière moi. Je n'y prête pas attention et serre à droite pour laisser passer la personne pressée. Réflexe de métro parisien.
- Si tu te faisais arrêter sans explication, qu'est-ce que tes proches penseraient que tu as fait ?
J'y songe plus longtemps que nécessaire, pensant à mes parents, à mes frères, puis à mon colocataire qui ne se rendrait probablement pas compte de mon absence.
En une heure de temps, je comprends combien elle est douce, généreuse, modeste et intelligente. Drôle, aussi. D'un humour enfantin, un peu espiègle, qui me fait tressaillir.
Je suis donc censé retrouver une amie d’enfance de Marion. J’ai déjà oublié son prénom. Je sais juste qu’elle est brune, « jolie » et vêtue de rose. Promis, je ne suis pas un connard.