AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B00U1QERCU
95 pages
BnF collection ebooks (25/02/2015)
4.5/5   1 notes
Résumé :
I - Qu’est-ce que le Bourgeois ?
II - Sa naissance, son éducation, ses premières années
III - Opinions politiques, littéraires et d’autres
IV - Le dimanche, emploi de sa journée
V - La manie du portrait - ses relations avec les artistes
VI - Le Bourgeois artiste
VII - Vanité
VIII - Le Bourgeois campagnard
IX - Le Bourgeois-juré
X - De la Bourgeoisie, de son esprit et de ses moeurs
XI - Le Bou... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce bon gros bourgeois petit et rondelet, à figure grasse, bête et crédule, nihiliste de confession bien qu'il puisse être croyant ; souffre à vouloir paraître spirituel bien que tout : l'attitude, l'expression ou encore les réflexions sonnent creux et forment un grossier miroir caricatural de son époque.
Réduit par l'auteur à un petit rentier, souvent ex épicier ou boutiquier, il est suffisamment aisé pour penser se distinguer de la masse quand il en fait pleinement partie.
Sa médiocrité est telle que l'on pourrait se demander s'il est bien un homme ordinaire : « Chose bien étrange ! le Bourgeois semble être venu au monde pour la première fois à cinquante ans, avec des cheveux gris, des lunettes, un gros ventre, un habit noir et des bas blancs »

Quoi de plus confortable qu'une rassurante routine, quelques visites le dimanche où le bourgeois piaille quelques duretés sur les retardataires puis « baguenaude sur les boulevards, regardant sans voir et surtout sans penser » et achèvera son glorieux dimanche par le plaisir de la pêche l'été ou une partie de dominos l'hiver.
Le bourgeois est un être social sans être spécifiquement sociable : « L'exactitude à remplir ses devoirs sociaux est l'une des qualités dominantes chez les Bourgeois : fêtes, mariages, baptêmes et les enterrements sont au nombre de ses occupations quotidiennes »
« Il a surtout pour les enterrements une prédilection toute particulière, et, pour tout l'or du monde, il n'en manquerait pas un »

Parmi toutes activités, son affaire la plus importante est le dîner bourgeois : « Il faut une quinzaine de jours au moins de préparation pour le dîner le plus ordinaire, et les derniers jours sont entièrement consacrés à la méditation, au recueillement, à la composition du repas »
« De grand matin, toute la maisonnée est sur pied ; on va, on vient, on se donne beaucoup de mouvement, on n'avance à rien »

Dîners durant lesquels Il affirmera avec vanité et aplomb des fiertés tout aussi ridicules et enfantines comme le fait que :
« Personne ne sait faire cuire un oeuf à point comme lui »
Ou que :
« Sa montre ; il ne la changerait pas contre toutes les horloges de la capitale, qui ne peuvent jamais la suivre »
« Son épouse vaut mieux mille fois que d'autres beaucoup plus jeunes et qui n'ont certainement pas sa fraîcheur et son éclat »
« Un habit que vous paierez 100 FRS, il en aura un bien supérieur en qualité à bien meilleur compte »
(…)

S'il ne sait plus s'occuper, il se consacrera à sa manie du portrait « Quand le Bourgeois ne sait à quoi employer son temps d'une manière plus convenable, il se fait faire ; c'est là une de ses principes occupations, une véritable manie, un besoin »
« Madame a le portrait de son mari, Monsieur a le portrait de Madame, vingt, trente, quarante fois, souvent davantage … il n'y a pas un coin de
l'appartement qui n'en soit inondé »
« Aussi a-t-on exploité son malheureux physique de toutes les façons, en médaillon, en buste, en statuette. Il ne s'est pas arrêté en aussi beau chemin ; il s'est fait mouler les bras, les jambes, le nez et les oreilles »
Il exigera du peintre qu'on le représente tenant un ouvrage De Voltaire à la main tout en confessant « J'ai tous ses ouvrages dans ma bibliothèque, mais je ne les lis pas ; je ne puis pas lire cinq minutes sans m'endormir. Je suis souvent comme ça quand je lis, voilà ma position en lisant »

Le Bourgeois raffole des artistes, parasite leur intimité et aime tout particulièrement s'ériger en protecteur des artistes vulnérables subissant un enfer : « Non seulement le protecteur s'insinue dans vos affaires, mais il vous impose ses goûts, son tailleur et ses opinions et vous donnera des conseils pour peu que vous le laissiez faire »
"Quand finirez-vous ce tableau que vous avez ébauché il y a 6 mois ? Vous serez toujours le même, vous commencez vingt choses à la fois et n'en terminez aucune ; ce n'est pas ainsi que vous vous tirerez d'affaires, tenez-vous le pour dit »
« A propos, serait-ce vrai ! (…) N'allez-vous pas vous marier ? Et pourquoi ? Autant voudrait mon cher vous mettre une corde au cou »

Si quelquefois lui vient l'envie d'émigrer à la campagne « Il semble, aux préparatifs qu'il fait pour aller tout bonnement s'abattre à quelques lieux de la capitale, qu'il s'en va au bout du monde fonder une colonie »
Bien des efforts seront fait pour singer l'homme de la campagne ; tellement qu'il se « donne autant de mal que depuis qu'il a pris la résolution de se reposer »
Le couple bourgeois renoncera aux douceurs de la vie champêtre à force de solitude, sévèrement amplifiée par leurs grognes et petites hargnes constantes à l'entourage immédiat « Comme je me félicite de l'avoir mis à la porte, celui-là ! Et cette Mme (…), comme elle se carre ! Elle écraserait tout le monde si on la laissait faire. Tu n'as pas vu son fils aîné, comme il m'a fait la grimace en passant auprès de moi ? »

Le Bourgeois ne peut se trouver quelque part sans nuire par ses maladresses et se faire remarquer.
Même au spectacle il ennuiera ses voisins, soit par une surexcitation familière qui le pousse à partager son enthousiasme haut et fort tout en assommant de questions sans intérêt tout autre spectateur :
« Si le malheur veut qu'il ait déjà vu la pièce, impossible de rester auprès de lui ; il chante les couplets avec l'auteur, souffle ses rôles, et tout haut. A peine le rideau est-il baissé, que le supplice, bien loin de finir, augmente encore ; car le Bourgeois, qui a payé pour s'amuser toute la soirée, met tout en oeuvre pour arriver à son but : il vous questionne, vous interpelle, tout comme si vous étiez une vieille paire d'amis (…)
il vous apprend ses noms et prénoms, son âge, son état, ses goûts, ses habitudes, ses opinions politiques et littéraires, d'autres choses encore qu'il aurait très bien pu garder pour lui ; il ajoutera qu'il aime les épinards, mais qu'il leur préfère la chicorée. »

Soit encore en débitant le plus de plaintes possibles : « il jure contre les acteurs, contre les musiciens, contre les ouvreuses qui, laissant la porte entr'ouverte, le mettent entre deux airs ; contre le gaz, contre le calorifère, contre les choux qu'il a mangés à son dîner, contre lui-même enfin pour avoir eu la mauvaise idée de venir au spectacle. »
Inutile de lui dire de ne pas parler si fort puisqu'il « ne vous parle pas » bien qu'il grogne d'une façon très audible.

La Bourgeoisie, placée sous la caricature de l'auteur, pouvait du moins se targuer de féminisme. La nature ayant horreur du vide, le bon gros bourgeois plein de soupe mais vide d'esprit se laissait tout naturellement guider par son épouse sans moindre résistance « Dans un ménage bien ordonné, Madame porte les culottes, va au marché, tient les cordons de la bourse, et traite directement avec les fournisseurs » (…) « elle gouverne, dirige, taille et rogne, coupe, recoupe et découpe ; tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle fait, est toujours bel et bon ; elle n'est soumise à aucun contrôle. »
« Monsieur ne fait rien, ne connaît rien, ne dit rien, ne voit rien ; c'est une cinquième roue à un carrosse, c'est qu'on appelle un brave homme dans toute l'acception du mot. »

Heureuse et facile existence que celle du petit bourgeois médiocre, on en rêve, on l'aime et on le méprise tout autant. Henry Monnier l'illustre brièvement dans tous ses états et nous le fait vivre par une foule de dialogues vivants.
Commenter  J’apprécie          64


autres livres classés : bourgeoisieVoir plus


Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3188 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}