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Citations sur Et si l'aventure humaine devait échouer (27)

Supposition stupide pour beaucoup sans doute, et peut-être même un tantinet sacrilège pour certains ; pensez donc, l'homme n'occupe-t-il pas, par définition, le sommet de toute l'évolution biologique ? et il est vrai qu'à bien des égards, l'espèce humaine a poursuivi une ascension qui lui a permis de distancer ses frères inférieurs puisqu'il est le seul animal dont la tanière s'éclaire la nuit ; le seul aussi capable d'avoir une histoire et de l'écrire. L'antique Serpent nous l'avait promis : « Vous serez comme des dieux... » Et la puissance nous l'avons eue, certes, au moins la puissance matérielle, mais aurons-nous un jour, pour domestiquer celle-ci et l'humaniser, la sagesse ? En tous les cas, l'état du monde, 2000 ans après le premier Noël, n'a guère de quoi justifier nos orgueils ou rassurer nos consciences. Lequel d'entre nous ne se sent pas rougir de honte à la lecture de son journal quotidien ? Qu'il soit nourri d'une haute espérance humaine, de l'amour de la justice ou de l'idéal évangélique, chaque jour lui apportera de nouvelles raisons de s'interroger sur l'avenir d'un homme qui continue à refuser si fermement de sortir enfin de la préhistoire.
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On me dira: la nature elle-même est cruelle...bien sûr et qui oserait l'oublier? Il importe de ne pas céder aux fallacieuses tentations d'un optimisme facile devant une nature trop souvent réduite, pour les besoins de la cause, à l'esthétique polychromie des corolles, au vol léger des papillons, au chant joyeux des petits oiseaux...La niaiserie la mieux intentionnée et parfois, hélas ! la plus pieuse ne pourra plus jamais nous cacher de la réalité: le tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles est désormais inscrit, en lettres de sang, au portail d'un abattoir et d'un charcutier.
Seulement, ce n'est pas parce que la nature est cruelle que l'homme doit le rester à son tour. Au contraire: il y a en effet déjà bien assez de souffrances naturelles que nous n'empêcherons pas tant qu'il y aura des carnivores, des prédateurs et des parasites, pour que nous n'allions pas, par notre sottise, en ajouter d'autres, celles-ci parfaitement évitables puisqu'elles ne dépendent que de nous.
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A la reflexion ,on peut se demander si l'homme déteste la guerre autant qu'il le prétend parfois...ne pourrait-elle pas constituer une forme de l'évasion ,en permettant au bon époux ,bon père, bon citoyen,de commettre ,au moins une fois dans sa vie , les saloperies qu'il n'a jamais pu voir encore qu'à l'écran ?
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LE CHERCHEUR D'ABSOLU ....


Au désert, l’heure du thé est un moment de repos, mais aussi une cérémonie. Il faut trouver du bois, rarissime. Préparer le feu. Le premier thé est amer comme la vie. Pour ma part, je n’ai pas trouvé la vie amère, car j’ai été doté de grands privilèges. La vie a aiguisé ma curiosité, mon goût de la recherche. Mon étonnement est insatiable. Le deuxième thé est fort comme l’amour, le troisième suave comme la mort
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La nuit tombe, le flot s'enfle et le vent se lève,

Et le câble se tend et la coque a frémi...

Est-ce l'heure, ô Pilote inconnu, mon ami,

L'heure d'abandonner et le port et la grève



Pour l'ultime départ ? Est-ce la fin du rêve ?

Si l'amarre, inutile, à ton ordre a gémi,

Bons matelots, larguez ! A mon ardeur promis

L'espace va s'ouvrir, sans limite, et sans trêve.



Au large ! vers la nuit, la tempête, et l'orage,

Demain peut-être, ô mon esquif, vers le naufrage...

Mais je mourrai debout, à la barre, emporté



Par l'exterminateur sous un ciel sans étoiles,

Chantant à pleine voix, cinglant à pleines voiles

Vers les portails de feu de la Sainte Cité.



( à 3100 m au-desus de Cadix, 31 décembre 1939 )
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Sous le déchaînement des orages, la foudre,

Au gouffre abandonner la nef, flottant cercueil,

Lâcher la barre, accepter le naufrage, au seuil

De la nuit s'avancer à tâtons, laisser moudre



Aux meules du destin son coeur, voir se résoudre

En liquide néant les donjons de l'orgueil,

Au jardin des amours acclimater le deuil,

Offrir son corps aux vers et ses os à la poudre,



D'un sanglant univers écouter les funèbres

Et cyniques chansons, au mur de la prison

Regarder chaque soir s'épaissir les ténèbres ?..



Soit, mais, debout, je guetterai sur l'horizon

Le mystique reflet des clartés d'outre-tombe :

" Sainte Sion, où tout est stable, et rien ne tombe ... "
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" Et si l'aventure humaine devait échouer... Supposition absurde ! L'homme n'occupe-t-il pas le sommet de l'évolution biologique ?

N'est-il pas le seul animal dont la tanière s'éclaire la nuit ?

Le seul aussi qui soit capable d'avoir une histoire et de l'écrire ?

L'antique Serpent nous l'avait promis : Vous serez comme des Dieux ...

Et la puissance, certes, nous l'avons eue, au moins matérielle.

Nous, les rois orgueilleux de la création.

Nous les maîtres d'une terre bordée de nuit...

Mais si l'homme n'a pas la sagesse de repecter la vie, le monde ne risque-t-il pas de continuer sans lui ? "
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Paix, ô mon coeur : s'il faut, vers des cieux sans matin,

Pour un nouvel appareillage

Aventurer ce soir, dans l'ombre, ton destin,

Ta cargaison, ton équipage,

Ton âme à la tempête et ta nef au naufrage,

Ton oeil éteint, ton coeur meurtri...

Qu'importe ? Si l' Amour a blanchi ton sillage

Au souffle vainqueur de l'Esprit.



Sois, ô coeur fraternel, où frémit le divin :

Pour la gazelle un pâturage,

L'eau du poisson, le rouge osselet du devin,

La Kâba du pèlerinage,

Et le cloître du moine, et le temple du sage,

L'ivoire de Gautama sourit,

Le marbre, de Pallas animant le visage

Au souffle vainqueur de l'Esprit.



Accueillant, ô mon coeur, aux grâces du jardin,

Aux mouvants décors du nuage,

A la lente espérance, au désastre soudain,

Aux longs séjours comme au voyage,

Sois prêt à tout quitter, et l'âtre et le mouillage

A l'appel qui blesse et guérit :

La mort, demain, verra renaître ton courage

Au souffle vainqueur de l'Esprit.



Prince, entez sur mon coeur, timide, le message

Qui, pain vivant, à seul nourri

Tout peuple, toute foi, toute race et tout âge :

Le souffle vainqueur de l'Esprit.


- Août 1946 -
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ETAPES



Le granite du mont, aux implacables meules

Du temps se fond en poudre et le sable à son tour

En roc se pétrifie et la lande au labour

Comme au verger la ronce et l'épine aux éteules



Succédera ; l'orgueil érigé des cités

En humbles tumuli Ur et Ninive,

Le continent, largué sur l'océan, dérive,

Le pôle vagabonde et l'ardeur des étés



Aux gouffres cristallins et bleus du glaciaire

S'abîme, le mammouth ébranlant de son trot

Le sol parisien ... Chaque cycle, en écot,

Payant sa page neuve aux plombs du bestiaire,



La planète se livre au monstre saurien

Mais le rideau se lève et s'achève son règne :

Du reptile géant se rit la musaraigne,

Avant-garde, déjà, du singe historien.



Le primate à son heure accède à la puissance :

Pathétique histrion, maladroit bateleur,

De l'arbre tout entier deviendra-t-il la fleur,

Exprimant de la Vie et l'objet et l'essence ?



Va-t-il, couronnement de l'antique édifice

Sur l'animal substrat greffer la forme humaine,

Ou, vaniteux démon, saccager un domaine

A de fugaces gains offert en sacrifice ?



De l'éternel nisus aux cimes adressé

Va-t-il, son but manqué, laisser la patience ?

Faudra-t-il à nouveau tenter l'expérience

Et trouver un relais au bipède évincé ?



Qu'importe, si la course en triomphe s'achève,

Si de ces morts partout jalonnent le chemin

L'Esprit de ses clartés touche le lendemain,

En notre nuit versant l'or et l'éclat du rêve ? ...
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Brouillards, où retrouver, cette nuit, sur la plage

Nos pas qu'un flot vainqueur a jetés au néant ?

Vois, le cadavre ailé s'abîme en l'océan

Comme sombre le clair lotus au marécage.



Pourquoi, soleils ternis, obscurcir d'un nuage

Blanc de l'épithalame et pourpre du péan,

Avec le " oui " du saint le " non " du mécréant,

L'éclat de la corolle et les feux du plumage ?



Au patient baiser de la vague inlassable

Se dissout le granite, et chavire le mont

Sous l'usure d'un vent qui le mord et l'ensable.



Flamme, si l'épouvante alourdit la nacelle,

Viens, si des cieux trop noirs aveuglent le gnomon,

Poser sur nos tombeaux, Esprit, ton étincelle





( Paris-Dakar, 20 Septembre 1950 )
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