On croit, par la douceur de la flatterie, avoir trouvé le moyen de rendre la vie délicieuse. Un homme simple qui n'a que la vérité à dire est regardé comme le perturbateur du plaisir public. On le fuit, parce qu'il ne plaît point; on fuit la sincérité dont il fait profession parce qu'elle ne porte que des fruits sauvages.
Les hommes se regardent de trop près pour se voir tels qu'ils sont. Comme ils n'aperçoivent leurs vertus et leurs vices qu'au travers de l'amour-propre, qui embellit tout, ils sont toujours d'eux-mêmes des témoins infidèles et des juges corrompus.
On appelle savoir-vivre l'art de vivre avec bassesse .
Il n'y a que trop de Narcisses dans le monde, de ces gens amoureux deux-mêmes. Ils sont perdus s'ils trouvent dans leurs amis de la complaisance.
Prévenus de leur mérite, remplis d'une idée qui leur est chère, ils passent leur vie à s'admirer. Que faudrait il pour les guérir d'une folie qui semble incurable ?... leur parler dans la simplicité de la vérité
Si nous connaissions bien le prix d'un véritable ami, nous passerions notre vie à le chercher. Ce serait le plus grand des biens que nous demanderions au Ciel.
Ceux qui ont le cœur corrompu méprisent les hommes sincères, parce qu'ils parviennent rarement aux honneurs et aux dignités ; comme s'il y avait un plus bel emploi que celui de dire la vérité ; comme si ce qui fait faire un bon usage des dignités n'était pas au-dessus des dignités mêmes.
Mais, par bonheur ou par malheur, les hommes ne sont ni si bons ni si mauvais qu'on les fait, et, s'il y en a fort peu de vertueux, il n'y en a aucun qui ne puisse le devenir.
La vérité demeure ensevelie sous les maximes d'une politesse fausse. On
appelle savoir−vivre l'art de vivre avec bassesse. On ne met point de
différence entre connaître le monde et le tromper ; et la cérémonie, qui
devrait être entièrement bornée à l'extérieur, se glisse jusque dans les
moeurs.
Quand la sincérité ne nous guérirait que de l'orgueil, ce serait une grande
vertu qui nous guérirait du plus grand de tous les vices.
La vérité demeure ensevelie sous les maximes d'une politesse fausse. On appelle savoir-vivre l'art de vivre avec bassesse. On ne met point de différence entre connaître le monde et le tromper; et la cérémonie, qui devrait être entièrement bornée à l'extérieur, se glisse jusque dans les mœurs.