Le thérapeute s'assoit derrière son bureau, patiente. Une fois que je suis prête à écouter, il me dit.
- Méline, je suis ravi des progrès que nous faisons. Aujourd'hui, j'ai voulu insister sur cette partie de votre vie, celle de votre journal. Je ne sais pas si vous avez sauté des pages ou bien si les séances d'écriture se faisaient plus espacées, plus dangereuses, mais en peu de temps, on peut comprendre qu'Ayan a eu une emprise totale sur vous, sans jamais avoir de limites. Mon avis est que votre corps et votre esprit se sont délibérément détachés de tout cela au point de vouloir se donner la mort. Il vous a manipulée psychologiquement. Vous étiez sa prisonnière durant toutes ces années.
Ma vie n'évolue pas, elle reste dans l'emprisonnement de mes cauchemars.
Entre jour et nuit, je combats mes propres monstres. L'espoir ne me lâche jamais.
Prise dans un précipice de souffrance, j'agonise. Je suis encerclée par le mal. Abattue par tant de tourments, j'abdique. Recluse dans cette prison qu'est mon esprit, je me rendors. La douleur s'oublie.