Ceux qui osent jurer par le Bâton Runique doivent ensuite profiter ou souffrir des conséquences de l’inexorable destinée qu'ils ont ainsi mise en branle.
(Haute Histoire du Bâton Runique)
La route qui y menait était lugubre, bordée de gibets et de croix de bois, qui supportaient les corps d'hommes, de femmes, jeunes et vieux, d'enfants, filles et garçons, et même, dans une volonté de dérision morbide peut-être, des animaux familiers, chiens, chats et lapins apprivoisés. Sur les bas-côtés de cette route, des familles entières pourrissaient ; des maisonnées complètes, du dernier-né au plus vieux serviteur, clouées sur les croix, tordues dans des poses grotesques, figées par la mort à l'issue d'indicibles souffrances. L'odeur de la charogne écœurait Hawkmoon, et la puanteur de la mort le prenait à la gorge (...) Le feu avait noirci champs et forêts, rasé villes et villages et chargé l'air d'une poussière grise et âcre. Riches ou pauvres, tous ceux qui avaient survécu étaient devenus des mendiants, à part ces femmes qui s'étaient faites putains pour suivre la piétaille de l'empire et ces hommes qui, abandonnant toute fierté, avaient juré fidélité au roi empereur.
Ce n’est pas uniquement pour assouvir ma vengeance que je les tue, c’est aussi parce que j’ai la certitude qu’ils mettent en péril les forces mêmes de la vie.
Une expression de désespoir intense se lisait dans leurs yeux. On aurait dit des damnés cherchant à s'évader d'enfer.
Au premier coup d’œil, il comprit qu’il se trouvait devant le palais du roi-empereur Huon. Le bâtiment était si haut que son sommet semblait toucher les nuages. Quatre tours immenses le surmontaient, irradiant une chaude lumière dorée. Le palais était orné de bas-reliefs représentant des cérémonies étranges, des scènes de batailles, les épisodes les plus fameux de la longue histoire de la Granbretanne, des gargouilles, des statues, des formes abstraites. Le tout, accumulé au fil des siècles, constituait un grotesque et fantastique agrégat. Toutes sortes de matériaux avaient été utilisés pour la construction de l’édifice ; on les avait ensuite colorés, si bien que toutes les nuances du prisme y étaient représentées. Aucune volonté délibérée n’avait présidé à l’agencement des couleurs. On ne s’était préoccupé ni de les assortir ni de les faire contraster. Les teintes se mêlaient les unes aux autres, fatiguant l’œil, épuisant le cerveau – le palais d’un fou qui dépassait en folie tout le reste de la ville.
Les hommes avaient de longs membres maigres, et leurs corps minces étaient pris dans des armures annelées de métal noir, vert et doré. Quand ils parlaient entre eux leur langage secret, on eût dit le bruissement des insectes.
C'était comme une vaste légion surgie de l'enfer qui progressait lentement vers le sud, les bataillons succédant au bataillon, les escadrons suivants les escadrons, et cette multitude de soldats masqués venait penser à une armée d'animaux avançant implacablement. Des bannières immenses flottaient sur cette mer, des étendards de métal se balançaient au bout de longues hampes.
La Grand Bretanne n'avait pu étendre ses conquêtes au-delà de la ville de Lyon.La route qui y menait était lugubre ,bordée de gibets et de croix de bois ,qui supportaient les corps d'hommes et de femmes , jeunes et vieux ,d'enfants,filles et garçons et même,dans une volonté de dérision morbide , des animaux familiers ,chiens, chats et lapins apprivoisés.
Hawkmoon se retourna sur sa selle, agita son trophée et partit d’un grand rire.
— Hawkmoon ! cria-t-il. Hawkmoon ! C’était le cri de guerre de ses ancêtres, jailli de sa gorge presque sans qu’il en eût conscience. Il fallait que le baron Meliadus, l’assassin de son peuple, sache qui osait ainsi le défier.
L’étalon noir d’Hawkmoon se cabra, les naseaux écumants, les yeux flamboyants, puis volta et partit au galop.