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Citations sur La Storia (98)

La beauté est la pudeur de Dieu...
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L'humanité, de par sa nature, tend à se donner une explication du monde dans lequel elle est née. Et c'est là ce qui la distingue des autres espèces. Chaque individu, même le moins intelligent et le dernier des parias, se donne dès son enfance une quelconque explication du monde. Et il s'arrange à vivre dans celle-ci. Et sans elle il sombrerait dans la folie.
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È curioso come certi occhi serbino visibilmente l'ombra di chi sa quali immagini, già impresse, chi sa quando e dove, nella retina, a modo di una scrittura incancellabile che gli altri non sanno leggere - e spesso non vogliono. Quest'ultimo era il caso per i giudii. Presto essi impararono che nessuno voleva ascoltare i loro racconti : c'era chi se ne distraeva fin dal principio, e chi li interrompeva prontamente con un pretesto, o chi addirittura li scansava ridacchiando, quasi a dirgli : "Fratello ti compatisco, ma in questo momento ho altro da fare."
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A cause de leur poids dérisoire et de leur aspect étrange, les gens les regardaient comme s'ils avaient été des caprices de la nature. Même ceux qui étaient grands avaient l'air petits, et ils marchaient, courbés, d'un pas long et mécanique, comme des marionnettes. A la place des joues, ils avaient des creux, beaucoup d'entre eux n'avaient plus de dents est sur leurs crânes rasés
un duvet plumeux , semblable à celui des bébés, s'était remis à pousser. Leurs oreilles saillaient de leurs visages émaciés, et dans leurs yeux enfoncés, noirs ou marron, ils ne semblaient pas refléter les images présentes autour d'eux, mais une sorte de ronde de figures hallucinatoires, comme une lanterne magique de formes absurdes tournant éternellement. Il est curieux que certains yeux conservent visiblement l'ombre de Dieu sait quelles images images, jadis imprimées, Dieu sait quand et où, dans leurs rétines, telle une écriture indélébile que les autres gens ne savent pas lire et souvent ne veulent pas lire. Ce dernier cas était celui qui se produisit en ce qui concernait les Juifs.
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Un jour de janvier de l'an
1941
un soldat allemand marchait
dans le quartier de San Lorenzo à Rome.
Il savait en tout 4 mots d'italien
et du monde ne savait que peu de choses ou rien.
Son prénom était Gunther.
Son nom de famille demeure inconnu.
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De fait, c’était vraiment un mascolillo, c’est-à-dire un petit gars, mais
minuscule à la vérité. C’était un bébé si petit qu’il tenait à l’aise sur les
deux mains de la sage-femme, comme dans une corbeille. Et après s’être
affirmé dans cette héroïque entreprise de venir au monde en s’aidant lui-
même, il ne lui était même pas resté de voix pour pleurer. Il s’annonça par
un vagissement si léger qu’on eût dit celui d’un petit chevreau dernier-né et
oublié dans la paille. Néanmoins, malgré sa petite taille, il était complet et
même, à ce qu’il semblait, joli et bien fait. Et il avait nettement l’intention
de survivre : c’est si vrai qu’au bon moment, il chercha, de sa propre
initiative, anxieusement, les seins de sa mère.
Laquelle, à cause des mystérieuses dispositions de ses organes maternels, ne
manquait même pas du lait nécessaire. Évidemment, le peu de nourriture
qu’elle avait absorbé, elle l’avait tout entier réparti entre l’invisible petit
enfant et sa provision de lait. Quant à elle, son accouchement la laissa si
émaciée qu’elle avait l’air d’une chienne errante qui a mis bas dans un coin
de rue.
Les cheveux du nouveau-né — tous en houppettes qui ressemblaient à des
plumes — étaient noirs. Mais quand il laissa voir un peu ses yeux, fût-ce
même les deux petits quartiers qu’on en distinguait à peine, Ida reconnut
immédiatement cette couleur bleu foncé qui était celle de son scandale. Ces
deux yeux, du reste, ne tardèrent pas à s’ouvrir largement ; et ils apparurent,
dans la petitesse du visage, si grands qu’ils semblaient déjà ravis du
spectacle qu’ils voyaient. Et sans le moindre doute, leur couleur — même
atténuée par le voile laiteux du premier âge — reproduisait absolument cet
autre bleu qui semblait né non pas de la terre mais de la mer.
Par contre, on ne pouvait pas encore comprendre d’où lui venaient les traits
de son visage. On pouvait seulement reconnaître maintenant déjà leur
facture menue et leur joliesse. La bouche, peut-être, avec ses lèvres molles
et saillantes, rappelait un peu, elle aussi, cette autre bouche.
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De la part de ses informatrices personnelles, la Signora et la Religieuse,
Vilma avait toujours quelque nouvelle révélation, qu’elle communiquait à
voix basse, en gesticulant comme une folle. Elle racontait par exemple
qu’actuellement, dans toute l’Europe vaincue, les maisons où l’on
soupçonnait encore la présence d’un Juif caché avaient leurs fenêtres et
leurs portes murées et étaient ensuite réduites en poussière au moyen de
certains gaz spéciaux nommés cyclones. Et que dans les champs et les
forêts de Pologne étaient pendus à tous les arbres des hommes, des femmes
et des enfants : non seulement juifs, mais tziganes et communistes, polonais
et combattants... Leurs cadavres, que se disputaient les renards et les loups,
tombaient en pièces. Et dans toutes les gares où passaient les trains, on
voyait travailler sur les voies des squelettes qui n’avaient plus que les
yeux... D’ordinaire, ces comptes rendus étaient accueillis comme des
produits délirants de l’imagination de Vilma ; et tels, du reste, ils étaient en
partie, bien que là aussi, dans la suite, les réalités historiques devaient par
comparaison les dépasser de beaucoup. De fait, nulle imagination vivante
ne pourrait, par ses propres moyens, se représenter les monstres aberrants et
compliqués produits par son contraire, c’est-à-dire par le manque total
d’imagination qui est propre à certains mécanismes mortuaires.
Non seulement les étranges informations de la Signora et de la Religieuse,
mais aussi celles, plus ou moins officieuses, de la radio carcérale
continuaient d’être accueillies dans le Ghetto avec une sorte de passivité
opiniâtre. Personne encore, du reste, ni dans le Ghetto ni ailleurs, n’avait
appris la signification véritable de certains termes officiels, tel que :
évacuation, internement, traitement spécial, solution finale et termes
analogues. L’organisation bureaucratico-technologique du monde en était
encore à une phase primitive : elle n’avait pas encore, veux-je dire,
contaminé irrémédiablement la conscience populaire. En un certain sens, les
gens vivaient encore dans la préhistoire. Et ainsi la simple ignorance de
pauvres petites femmes juives ne doit pas trop étonner.
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Dans les maisons le gaz manquait et l’on était contraint de faire longuement
la queue pour conquérir deux pauvres pelletées de charbon. Ida ne pouvait
plus s’arranger comme avant à faire toutes ses courses dans la matinée ; et,
parfois, la nuit la surprenait encore en tournée dans les rues plongées dans
le black-out de guerre. Si par hasard d’une quelconque fenêtre filtrait un rai
de lumière, sur-le-champ des imprécations s’élevaient de la rue :
« Assassins ! Salauds ! Éteignez la lumière ! » Venant des portes occultées
des bistros on entendait la radio fonctionnant à plein volume ou des chœurs
de jeunes gens qui se défoulaient en beuglant des chansonnettes ou en
jouant de la guitare, comme dans les villages. À certains carrefours
solitaires, Ida, avec son chargement de pommes de terre et de charbon,
hésitait effrayée, en proie à sa vieille panique du noir. Et sur-le-champ le
petit individu qui était en elle se manifestait en faisant des bonds pleins de
vivacité qui avaient probablement pour but de l’encourager : « De quoi t’as
peur ? T’es pas seule. Après tout, t’es avec moi. »
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L’unique chose inquiétante, à cette époque, c’étaient ses rêves, qui avaient
recommencé à la fréquenter assez souvent avec leur ancienne violence. Elle
est en train de courir çà et là, toute nue, sur une vaste place qui semble
déserte mais qui pourtant de toutes parts retentit d’insultes et de rires... Elle
est incarcérée dans une sorte de chenil, et de derrière sa petite fenêtre
grillagée elle voit passer des jeunes femmes, grandes et vêtues d’habits
multicolores comme certaines nourrices de grand luxe, et qui portent dans
leurs bras des bébés très beaux qui rient.
Ces jeunes femmes la connaissent, mais elles se détournent pour ne pas la
regarder ; et les bébés aussi, ce n’était pas pour elle qu’ils riaient. Elle
s’était trompée quand elle l’avait cru...
Elle se promène avec son père, lequel l’abrite sous sa houppelande, quand
voici que cette houppelande s’envole comme d’elle-même et que son père a
disparu. Et elle se retrouve toute petite, seule dans des sentiers de
montagne, des ruisselets de sang coulant de son vagin. Pour aggraver
encore plus le scandale qui menace, on entend en bas le sifflement bien
connu de Ninnarieddu ; et alors, elle, comme une idiote, au lieu de s’enfuir,
s’est arrêtée dans le sentier pour jouer avec une chevrette... Mais comment
ne s’aperçoit-elle pas que la chevrette hurle, qu’elle est dans les douleurs,
qu’elle est sur le point de mettre bas ! Et pendant ce temps, là, déjà prêt, il y
a un fourrier des abattoirs électriques...
... Des tas de gosses polonais, en haillons, jouent à faire rouler des petits
anneaux d’or. Des petits anneaux consacrés, et eux, ils ne le savent pas. Ce
jeu est interdit en Pologne. Il est puni de la peine de mort ! ! !...
Ces rêves, même les plus anodins, laissaient en elle une lourde angoisse ;
mais ensuite, au cours de la matinée, elle les oubliait.
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Ceci lui était plus facile dans son nouvel état
physique qui, de jour en jour, émoussait ses perceptions réelles, la détachant
de ses raisons extérieures d’angoisse et la faisant tomber dans une passivité
presque insouciante. Personne ne songeait à lui demander compte des
malaises (bénins) qui la prenaient et pour lesquels, le cas échéant, il ne lui
eût pas été difficile d’inventer des excuses. Au nombre des maladies
courantes la colite était alors à la mode, même dans les quartiers
prolétaires ; et pour justifier certaines de ses nausées, elle inventa qu’elle
souffrait d’une forme de colite. Ces nausées la surprenaient traîtreusement à
la vue des objets les plus ordinaires et qui n’avaient rien de répugnant en
eux-mêmes : par exemple une poignée de porte ou un rail de tramway.
Soudain, on eût dit que ces objets venaient s’incorporer à sa substance
même, y fermentant tel un levain d’amertume. Surgies du passé, des
réminiscences de l’époque où elle était enceinte de Nino se mêlaient pour
elle au présent. Et au moment où, ne pouvant plus résister, elle finissait par
vomir, elle avait l’impression que le passé, l’avenir, ses sens et tous les
objets du monde tournaient, réunis dans un seul tournoiement s’achevant
par une désagrégation qui était aussi une libération.
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