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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu en v.o. : LA HIJA DEL COMUNISTA (les titres sont forces de changer a la frontiere?)

Une histoire de double exil. Ou d'exil intergenerationnel. A chaque generation le sien. Une famille de republicains espagnols, communistes, trouve asile en Republique Democratique Allemande, a Berlin-Est. Ils auront deux filles, Katia en 1950 et Marina en 1953. Katia, le personnage central du Roman, rencontre un allemand de l'Ouest, s'en amourache et fuit avec lui en 1971 en Republique Federale. Et commence une deuxieme histoire d'exil, qui est de plus en plus ressenti avec le temps, menant notre heroine jusqu'a la depression.

Mises a part une introduction de deux pages et une derniere partie, intitulee Vaterland, ou l'heroine revient voir la famille qu'elle avait laissee a l'Est, ou nous approche une voix narrative distanciee, externe, c'est Katia qui parle, qui raconte ses impressions et ses souvenirs pendant tout le roman. C'est ainsi que par la voix d'une petite fille nous parvient toute l'experience du controle de la population par le regime communiste, de la vigilance de tous les instants, de la peur etouffante d'une denonciation avec ou sans motif reel. Et c'est ainsi que par sa voix plus agee on comprend avec elle que pour survivre son pere avait du operer comme IM, informeller mitarbeiter, agent informel de la Stasi.

C'est une histoire douloureuse. Les parents, ayant fui l'Espagne par peur, vivent en fait une peur constante dans leur nouveau pays. Et Katia, qui a abandonne sa famille et ses habitudes par amour pour Johannes finit par ressentir que Johannes lui a enleve ce qu'elle avait de plus cher. Elle a franchi le mur, ce mur hostile de dissension, avec des espoirs indetermines et surtout pour lui. Mais elle ne s'acclimate pas et c'est Johannes qui devient son mur. Johannes qui la separe de sa vraie patrie, de son vaterland = la terre du pere, de son pere, de ses parents, de sa famille paternelle, de ses souvenirs enjolives par la memoire. Elle finira par abandonner Johannes et voyager revoir ce qui reste de sa famille. Mais la fin est ouverte et on ne sait si c'est pour rester ou pour repartir; si elle atteindra le calme dont elle a besoin, si elle finira par trouver une patrie.

Aroa Moreno Duran promene ses personnages a travers l'histoire du 20e siecle europeen et son incidence sur leur devenir et sur leur pensee. On peut y voir un roman sur la difficulte d'integration en exil, ou sur la recherche d'identite. Moi j'y vois aussi, ou j'y vois surtout, avec ses phrases directes, courtes, avec force insinuations sur des non-dits, sur des silences, un roman d'initiation et de maturation, de quetes et d'espoirs qui s'alterent, qui se muent en nostalgie et en regrets. Un roman de deceptions et de remords, de solitude, de peine, peine teintee d'une sensation de faute inexpiable. Un roman ou les murs mentaux qui s'erigent entre des personnes peuvent etre plus hauts que les murs de pierre et de beton. En fait beaucoup plus murs de prison.
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Fuir son pays d'origine n'est certainement pas une chose simple, ni un choix. C'est l'exil pour la survie. Les personnes qui n'y ont pas été confrontées, ont malheureusement du mal à comprendre que l'on fuit souvent pour sauver sa peau, et non par envie de confort. Si vous prenez le temps de discuter avec une personne dans cette situation, vous ressentirez sa douleur d'avoir eu à abandonner sa terre, sa famille, et ses repères. En l'écoutant, vous aurez la chair de poule et vous ne pourrez pas vous empêcher d'avoir les yeux mouillés ! Il faut juste apprendre à écouter et avoir de l'empathie pour le genre humain.

Bien entendu, il y a de tout, lors des vagues migratoires, mais il y a surtout des larmes, de la peur…

Laissez-vous aller, un peu, à être bercé par les histoires de ces personnes meurtries…

Je ne souhaite à personne de vivre, ce que des familles entières vivent et à travers « de l'autre côté, la vie volée », Aroa Moreno Durán, nous parle de cette pudeur que la première génération d'exilés a. Une pudeur qui peut être destructrice, car la deuxième et troisième génération, aura parfois, du mal à trouver sa place dans ce pays d'accueil.

Pour fuir la guerre civile qui sévit en Espagne, un couple s'exile en Allemagne, Berlin plus particulièrement. Katia et Martina, leurs deux filles, sont nées de cet exil, elles font, et doivent faire la fierté de leurs parents, surtout de leur père. En 1962, le mur sépare Berlin en deux… La famille se retrouve du mauvais côté… Pourtant, la vie va continuer, Katia et Martina représentent la première génération de la jeunesse communiste.

Première génération d'exilés, première génération de jeunesse communiste, un poids pèse sur elles, pourtant la discipline dont elles sont entourées et qui les caractérise, va éclater, le jour où Katia, va faire rencontrer, Johannes qui vit de l'autre côté du mur… Une rencontre qui va bouleverser sa vie…

Un bouleversement amoureux, bien entendu, mais ce n'est pas ce qui prime dans ce roman. Ce qu'évoque l'auteur, c'est le déracinement. le premier totalement inconscient et le second fait par choix, sans avoir mesuré les conséquences…

Katia en passant la frontière, ne se sentira jamais à sa place. Cette place qu'elle a la sensation d'avoir volée, cette vie heureuse, qu'elle a la sensation de ne pas mériter… Elle quitte tout, mais sans penser aux conséquences, sans se projeter, elle a la fougue de sa jeunesse et l'amour pour seule arme…

Il y a un découpage intéressant à souligner, avant la fuite de Katia, la grande période de sa vie en Allemagne de l'Ouest et dans un troisième temps, son retour aux sources, grâce à Johannes qui ne souhaite qu'une chose, que sa femmes soit heureuse. Tout cela sans jamais le formuler… Il y a de la pudeur dans tous les personnages. Une pudeur palpable, entre les lignes. La pudeur, le silence, les non-dits de chacun qui ne feront que creuser le faussé entre ces âmes meurtries…

En filigrane, le contexte historique est évoqué par Katia, mais d'une manière détachée, comme si rien ne la touchait vraiment. Un détachement qui semble nécessaire pour qu'elle puisse supporter le déracinement. Je me suis demandée ce qu'il était advenu de sa famille en RDA, on l'apprendra plus tard…

Katia, pensait trouver sa voie, se trouver… Mais dans sa fuite, elle ne fera que se perdre un peu plus.

Déracinée par ses parents, elle se l'impose également à son tour… le détachement dont elle fait preuve, démontre sa quête identitaire. Elle pensait oublier d'où elle venait, mais le passé se rappel à elle, car le passé ne s'oublie pas. Si on l'enferme, il revient comme un boomerang…

Les sujets abordés sont multiples et très bien mis en valeur, portés par une plume contemplative, mais pas ennuyeuse. Une plume un brin poétique par moment, qui rend hommage aux exilés, à leur sacrifice, à la construction de soi, mais surtout à l'acceptation de la différence.

Lien : https://julitlesmots.com/201..
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Katia et Martina sont les deux filles d'un couple d'exilés espagnols arrivés à Berlin suite à la guerre civile , en Espagne ils étaient les vaincus , ceux du mauvais camp
Jamais les parents n'évoquent le passé
, leur guerre à eux , avant la seconde guerre mondiale , il y a une chape de plomb sur ces années qui ont été terribles pour eux .
La vie recommence en Allemagne , la vie qui doit suivre une ligne droite , digne , et le destin s'en mêle de nouveau .
En 1962 , on érige le mur , malgré tout la vie continue , les filles font la fierté de leur père , elles représentent la jeunesse communiste , les pionnières.
Et puis un jour , Katia l'aînée va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie à jamais , elle rencontre Johannes qui lui est de l'autre côté .
Katia va sortir du bloc communiste mais dans la précipitation, sans réfléchir aux conséquences que ça peut avoir sur sa vie et celles de ses parents .
Katia elle même va avoir deux filles , nées à l'Est .
Un jour , Johannes va leur faire une surprise , il va amener sa famille en Espagne , dans le village d'où viennent les parents de Katia .
Roman d'un double déracinement, le premier des parents espagnols puis celui de Katia qui en passant la frontière ...de l'autre côté ne se sentira jamais à sa place .
Roman pour ne pas oublier que le mur de Berlin n'est tombé qu'en 1989 , le mur qui sera rebaptisé de la honte , qui a engendré de nombreuses souffrances de part et d'autre .
Livre à lire pour ne pas oublier , je vous le recommande chaleureusement.
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Katia, fille d'émigrés espagnols, grandit en Allemagne de l'Est. Elle sait que ses parents ont fui l'Espagne, mais ne connaît ni les circonstances ni les conditions de leur exil. le sujet est tu.


En 1961, le mur de Berlin est bâti. Peu de temps auparavant, Katia a rencontré Johannes, un jeune homme qui vit dans l'Ouest de la ville. Avec son aide, elle passe de l'autre côté du mur. Elle part sans prévenir ses proches et démarre une nouvelle vie.


Pendant une grande partie du livre, tout est dans la suggestion. Alors que Katia semble agir avec insouciance, sans penser aux conséquences, en tant que lectrice, je pensais à sa famille restée en RDA. le contexte historique est en filigrane, il est évoqué, vu par les yeux de Katia. Or, à cette époque, il n'y avait pas de transmission d'un côté à l'autre du mur.


Il ne suffit pas de fuir pour se trouver. Fille de déracinés, Katia l'est à son tour. Cependant, elle n'a pas conscience qu'elle est dans une quête d'identité, ni que le passé ne s'oublie pas, il nous rattrape. La jeune fille est partie sans réfléchir à ce que son absence allait déclencher. Elle n'a pas pensé à l'inquiétude de ses parents. Elle n'a pas envisagé les éventuelles répercussions qu'ils pourraient subir.


Le récit est intérieur, il est dans l'émotion. Malgré le contexte, il n'est pas dans l'action même si on la devine. On ressent aussi tout ce qui n'est pas dit. Je devinais des pensées de Katia qui n'étaient pas écrites. L'auteure me les soufflait, de manière laconique, avec délicatesse. […]


La suite sur mon blog

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Berlin, 1961. Katia n'est encore qu'une toute petite fille lorsqu'un mur surmonté de barbelés se dresse au milieu de sa ville. Fille d'un jeune couple communiste qui a fui l'Espagne de Franco, elle ne comprend pas tout, bien sûr, mais sait qu'il y a des interdits, des dangers à les braver, et des sujets qu'on n'aborde pas sous son toit. Jamais. Intelligente et espiègle, Katia grandit sans encombre. Rêveuse, elle se laisse aller à imaginer ce que serait la vie, de l'autre côté.

Elle est presque une femme lorsqu'elle rencontre Johannes. Une rencontre romanesque, aux allures d'amour maudit – Johannes vit en Allemagne de l'Ouest. Il est entreprenant et semble savoir ce qu'il veut : libérer Katia du joug de la RDA, et lui offrir une existence meilleure. Il ne lui faudra pas longtemps pour céder et s'enfuir avec lui sans prévenir qui que ce soit. Mais l'herbe est-elle toujours plus verte ailleurs ? Est-il possible de laisser famille et amis sans se retourner, sans remords ? Effervescente et insouciante, Katia n'a pas réfléchi aux conséquences…

Peut-on ajouter des histoires à L Histoire ? Oui, on peut tout faire. Mais il n'est pas évident de bien le faire, d'utiliser des faits immuables à des fins fictionnelles en restant crédible. Aroa Moreno Durán, avec ce premier roman, relève le défi haut la main. Je l'ai lu d'une traite.

En s'affranchissant du manichéisme et du jugement, l'auteur propose des personnages ambivalents et intéressants. On s'imagine aisément à la place de l'héroïne, sans savoir quel aurait été notre choix : espérer, se résigner ? Je n'ai pas toujours su dans quelle voie l'encourager mais j'ai été bien incapable de la blâmer, un trouble qui m'a vraiment fait apprécier ce livre. Nulle part, elle ne semble trouver sa place : « fille de », « femme de » ? le contexte historique et politique, vécu à travers les yeux de Katia, jette une chape de plomb sur le récit. À tout instant, on perçoit la restriction, l'interdit, la peur, on « ressent » Berlin, dans des descriptions percutantes. L'exil, à différents niveaux, est abordé avec beaucoup de tact. La fuite, le déracinement, la famille, la construction de soi, les sujets ont déjà été très exploités, mais ont ici une consistance certaine, portés par une écriture qui se joue des codes – quel plaisir !

#lecteurs.com

De l'autre côté, la vie volée est une bonne surprise de cette rentrée littéraire : court (220 pages) et intense.
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Un roman "original" sur une famille de réfugiés espagnols en Allemagne de l'Est ; on a déjà beaucoup écrit sur les réfugiés Espagnols ... en France.
Un éclairage sur les familles séparées par le mur et sur la séparation ; vaut-il mieux être en famille à l'Est ou séparé à l'Ouest ?
Un roman assez court, bien écrit qui nous fait revivre ces sombres années de la deuxième moitié du XXè siécle.
Un seul petit regret néanmoins : l'auteur me semble prendre un peu trop de recul par rapport aux personnages et notamment Katia que l'on ne sent pas vraiment ; une "exploration" un peu plus poussée des personnages aurait donné encore plus d'intensité à ce roman.
Ce roman se rapproche plus d'un récit ou scénario de film ; les capacités d'un roman à exprimer les sentiments des personnages ne sont que peu exploitées..
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