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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Quand on ouvre un roman d'Antonio Moresco, il faut bien avoir en tête que l'auteur nous emmène dans un monde à part. Et dans cet ouvrage, le monde est complètement à part. On y croise une tueuse-prostituée qui parle russe et notre héros, complètement déphasé.

L'ouvrage s'ouvre et se clôt sur un incendie ; et tout le long du roman, ce sont les armes qui font feu.

Avec sa langue éminemment poétique, Antonio Moresco arriverait presque à me faire aimer les descriptions d'embuscades qui tournent mal.

Heureusement, au milieu de toute cette violence, il y a le héros qui voue un amour éperdue à cette femme qu'il a rencontré par hasard et qu'il suit aveuglément.

J'ai tout de même moins accrochée qu'aux précédents romans de l'auteur. Disons que celui-ci est différent.

L'image que je retiendrai :

Celle des deux héros dans le pays des morts. Quand je vous dis que le monde de l'auteur est à part….
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2061
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La Feuille Volante n° 1120
Les incendiésAntonio Moresco – Éditions Verdier.
Traduit de l'italien par Laurent Lombard.

Dès la première ligne, le ton est donné : le pessimisme face au monde absurde dans lequel le narrateur dont nous ne saurons rien sauf qu'il a été soldat et qu'il circule armé, tente d'exister. Il dénonce l'absence d'amour, l'inexistence de la liberté, la prédominance du mensonge entre les hommes et les femmes, la réalité de la mort, son échec personnel. Ayant ainsi pris conscience de la déliquescence générale, il s'est naturellement coupé de ce monde « foutu » qu'il quitte et la solitude volontaire qui en résulte le plonge dans un abîme de réflexions délétères. C'est la période des grandes migrations vacancières et il décide lui aussi de quitter la ville, de rejoindre le bord de la mer où les corps à demi dénudés des femmes offerts à sa vue font naître en lui des fantasmes très forts. L'hôtel où il réside s'enflamme et, réfugié sur une falaise hors de portée du brasier il rencontre une femme, slave, blonde aux dents d'or qui lui avoue avoir mis le feu pour lui, puis, comme une vision, elle disparaît.  Elle ne reviendra que dans son rêve, un peu comme si elle évoquait à elle seule toutes celles qu'il avait croisées ou étreintes, comme si elle devenait obsédante, envoûtante même. Les termes sont intensément érotiques et sa solitude volontaire est souvent troublée par la vue d'une femme, la même que celle de l'incendie. Il se souvient des passantes qu'il a simplement aperçues, des détails de leur visage et de leur corps, parle de l'émoi qu'elles ont suscité. L'image du feu est associée à la passion amoureuse et l'épilogue « flamboyant » vient conforter cette impression, mais aussi à l'acte sexuel évoqué avec force détails pornographiques voire scatologiques et lié à l'or de la denture comme un symbole impossible à atteindre. Il y a en permanence ce mélange d'émotions subtiles et d'évocations crues, un peu comme si le narrateur, dégoûté de cette vie, se réfugiait dans le rêve et dans ses souvenirs.  Dans les images de cette femme qu'il rencontre physiquement ensuite, il y a cette notion de dépaysement, d'éphémère rencontre, cette douceur et cette violence dans l'étreinte, ce mystère et cet esclavage qui les entourent, dans une sorte de halo fugace où se conjuguent recherches et découvertes, quête effrénée de cette compagne face à la fragilité de la vie, faiblesse de l'enfant et maturité de l'adulte, obsession du corps féminin et de l'amour bestial et délirant, conçus sans doute comme une addiction pour échapper à l'absurde de l'existence et aussi à la mort. Il se souvient alors de la vision nocturne d'un couple enlacé mais dont l'homme menaçait sa partenaire d'un pistolet, une arme létale qui va revenir dans le texte, une histoire de femme tellement mystérieuse qu'on se demande si tout cela n'appartient pas au rêve !

Tout au long de ce roman déjanté et gore, j'ai ressenti un réel malaise entre la poursuite de cette femme belle et désirable, comme un fantôme énigmatique dont la sensualité n'a d'égal que sa volonté de tuer, le besoin d'amour de cet homme désespéré mais présenté comme irrésistible, ces corps féminins désirables, cette violence aveugle et maffieuse, cette luxure distillée à chaque page dans une atmosphère d'esclavage, de soumission, de crainte et de destruction définitive de cette société à laquelle le narrateur et sa compagne n'échappent que sous la forme de morts-vivants. Pourtant, telle n'avait pas été mon impression lors d'une rencontre avec Antonio Moresco et Laurent Lombard, l'auteur ayant eu des propos apaisés avec une image presque effacée. le cheminement du narrateur avec sa compagne parmi les morts qui ne le sont pas tout à fait, n'est par ailleurs pas sans évoquer la descente de Dante aux enfers. Devant les frustrations sexuelles et l'obsession de la mort de l'auteur à travers d'improbables combats meurtriers de vivants contre des morts, j'ai été partagé entre la sincérité de la confession de son érotomanie et sa fascination pour une certaine violence armée, je me suis interrogé sur l'exorcisme de l'écriture, le refoulement et la culpabilisation. J'ai pensé que ce parti-pris de rejet était peut-être lié à son parcours personnel et littéraire difficile et tortueux, entre séminariste, ouvrier prolétaire et activiste politique. Même si l'épilogue vient donner un certain espoir en forme de conclusion à ce roman dérangeant et peut-être une réponse à ses interrogations et à ses angoisses, je n'ai que très peu goûté son style cru et le déroulement déconcertant de cette fiction, même si, par certains côtés, je suis moi aussi admirateur de la beauté des femmes et que je déplore, de plus en plus cette société sans repère ni boussole qui est la nôtre, surtout actuellement.

Je suis peut-être passé à côté de quelque chose qui par moments a des connotations épiques mais surtout apocalyptiques et orgiaques et à d'autres périodes présente des côtés étrangement oniriques, entre désespoir et obsession, violence, destruction et amour fou, le tout aux marches de la réalité. Je n'ai peut-être rien compris à ce récit tressé avec une une prose narrative allégorique et fantastique, élément d'un triptyque romanesque que l'auteur lui-même présente comme le mouvement d'une symphonie. L'auteur a pourtant fait l'objet d'un colloque en Sorbonne en 2015 et est considéré comme un grand écrivain italien. J'ai en tout cas eu une pensée pour le traducteur de ces textes et la difficulté qu'il a pu avoir entre « traduction et trahison » [« dradure-tradire » comme le disent si bien nos amis Italiens].

C'est ma deuxième approche de l'oeuvre de Moresco qui fait suite à « Fable d'amour » (La Feuille Volante n°993) et qui m'a laissé quelque peu dubitatif.

© Hervé GAUTIER – Mars 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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J'avais tellement adoré "la petite lumière" que je ne peux m'empêcher de lire à chaque fois le nouveau livre de Moresco. Et pourtant, cela fait deux fois que je suis cruellement déçu. La petite lumière trouvait un équilibre parfait entre originalité et mystère. Ici l'auteur lorgne du côté du polar mais sombre parfois dans la vulgarité, le scatologique et emmène ses personnages trop loin dans le fantastique, si bien qu'on ne peut pas suivre l'auteur dans ses délires de vie après la mort. J'aurai aimé aimer, mais ça n'a pas été le cas.
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Le roman commence alors qu'un homme trouve refuge dans un grand hôtel près de la mer. Il a perdu ses illusions et tente de fuir son existence. Mais un incendie se déclare et le narrateur, comme les autres résidents, prend la fuite. C'est alors qu'il rencontre une femme qui raconte avoir délibérément mis le feu et explique l'avoir fait pour lui.

Ni l'un ni l'autre ne seront nommés, ni même le lieu de l'intrigue dévoilé. L'homme s'éprend de la pyramane, une blonde circassienne aux dents en or. La perdant de vue, il rêve d'elle (c'est torride !) avant de la retrouver dans le métro. Et lorsque les retrouvailles sont passées, les deux sont obligés de fuir. Pour quelle raison ? le lecteur peut supposer mais rien ne le conforte dans son idée. Est-ce du fait du feu déclenché ? Ou est-ce parce que la jeune fille était favorite d'un chasseur d'esclaves et que sa fuite a causé du remous ?

De villas étranges, où s'exercent des pratiques sado-masochistes, aux paysages d'Europe de l'Est où s'exilent les personnages, tout semble instantané et vaporeux. Les êtres ont un accent et une langue venus d'ailleurs, les femmes ont des corps hautement désirables et surtout, les morts ne sont pas vraiment morts. Vous ne voyez pas où je veux en venir ? L'auteur passe avec adresse du réalisme saisissant d'un incendie à une bataille armée entre morts et vivants.

Ce livre est complètement déjanté et les deux personnages ont bien l'air de sortir d'un asile de fous. Les scènes parfois se répètent (notamment les étreintes charnelles) et peuvent engendrer un sentiment d'agacement. Mais je dois admettre que Moresco parvient bien à montrer en quoi la liberté peut être le but de tout un chacun en ce monde.
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