Je me trouve dans la tradition de mes deux classiques bien-aimés (avec Pascal), Montaigne et Rousseau. Du premier, et en dépit du discrédit jeté par les sciences de l’homme, en leur premier siècle débile, sur les vertus de l’introspection, je tiens le sentiment que la plongée en soi débouche sur l’humaine condition, surtout lorsque l’auto-scaphandrier est faiblement déterminé, cloisonné, spécialisé.[…] De Rousseau qui se tint au foyer central de la science de l’homme, de la doctrine politique, de la sensibilité moderne, de l’âme et de la rêverie, je tiens l’évidence d’une connexion mystérieuse entre les diverses dimensions de notre existence, en même temps que cet irrésistible exhibitionnisme que nous nommons, quand il vient de nous, sincérité.
L’indifférence, ce gel de l’âme.
Une des meilleures choses au monde, la proximité d'une amitié lointaine.
Qu'y a-t-il à l'origine des grandes inventions ? Des rêves...
Dans cette vie, les « relations » étouffent la relation avec autrui. Les connaissances font diminuer les amitiés. On perd progressivement de vue ceux avec qui on aimerait être, pour se trouver coagulé parmi ceux avec qui on doit faire un travail [...]
Avec la civilisation, on passe du problème de l'homme des cavernes au problème des cavernes de l'homme.
Entre ces deux fléaux le désordre et l'organisation, le monde essaie de vivre.
Chaque nouvelle découverte de microphysique, génétique, astronomie, est une nouvelle fenêtre sur le mystère : nous nous retrouvons dans une nacelle de plexiglas naviguant dans l'abîme... Jamais les sciences n'ont été à ce point métaphysiquées, poétiques, profondes...
Mais pourquoi chercher la solution ? Je tombe dans le vice que je dénonce depuis quelques années : chercher la formule, la solution. Je sais pourtant que ce n'est pas elle qu'il faut chercher, mais des orientations ; que le but, c'est le chemin.
Difficile, lent, d'assimiler totalement ce que l'on sait.