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sur 269 notes
1972. le vieil Havens refuse que quiconque vienne troubler son isolement et surtout pas un jeune homme qu'il prend à tort pour un journaliste. Il crie que le passé n'a nul besoin d'être déterré.
Ce passé, c'est celui de 1937 lorsqu'il est arrivé à Chance, minuscule bourgade du Kentucky. Avec son ami journaliste Massey, Havens devait y photographier des gens dans le besoin pour satisfaire au programme de New Deal du Président Roosevelt. Ils vont donc faire la connaissance d'une petite bande de jeunes peu amènes dont le neveu du shérif et un des fils du maire. Ils sont sans emploi et leurs préoccupations tournent autour des filles et de la chasse au raton bleu.
Jubilee et son frère Lévi sont les derniers à porter les gènes donnant un taux trop important de méthémoglobine et leur peau est par conséquent bleutée. Depuis des générations, leurs familles se sont retirées au fond d'un vallon pour échapper aux brimades, aux injures et aux violences des gens du village. Un isolement subi face au rejet de la différence automatiquement taxée de diablerie.
Lorsqu'Havens verra Jubilee, il sera immédiatement envoûté par la grâce émanant de cette jeune fille, par le gris-bleu nacré de sa peau mais surtout par l'amour instantané et libérateur qu'elle éveillera en lui. Comme pour le frère de Jubilee, l'amour ne demande pas d'autorisation pour s'inviter et c'est le seul qui n'a que faire des préjugés destructeurs même s'il doit pourtant s'y heurter.

Il m'est très difficile de poser un avis trop négatif sur cette histoire car le sujet est très intéressant, délicat et bouleversant. Cette dénonciation de comportements abjects aurait dû faire naître chez moi bien plus d'émotions et d'empathie. L'absurdité des gens dits de la bonne couleur et leurs superstitions idiotes et destructrices sont révoltantes. L'amour se débat bien inefficacement face à l'ignorance et à la cruauté. de plus, selon pour qui elle s'applique, la justice diffère bien effrontément dans ce coin du Kentucky.

Mais, la première moitié du livre semble s'enliser et s'oublier au fin fond de ce vallon. La platitude du style d'écriture n'arrive pas à faire transparaître les émotions et les dialogues sonnent creux.
La seconde moitié se révèle plus enlevée et creuse davantage dans la psychologie des personnages. Elle dénonce les différentes formes que peut revêtir l'absence de liberté et nous emmène avec beaucoup plus d'entrain dans le devenir chaotique de Jubilee, des siens et de celui qui lui apportera la lumière.

La photo a un rôle prépondérant dans ce roman. Elle nous offre de beaux passages, des instantanés de l'existence de cette famille qui sont révélés dans des clichés pourtant figés. Mais les séances pour les prises de vues sont vides d'intérêt et traînent en longueur en s'enlisant dans des hésitations interminables. L'auteure arrive cependant à exploiter tout ce qu'une photo peut dévoiler de vérité mais aussi de mensonges.

Le plus surprenant sont les nombreuses comparaisons qui se veulent probablement poétiques mais qui m'ont, les unes après les autres, laissée perplexe. Je les ai trouvées inappropriées voire saugrenues.
« Maman n'était pas du genre à montrer ses émotions mais sa colère a surgi aussi facilement que le revolver d'un ivrogne se décharge. »
« Il se raidit et se vide à la fois, à l'instar d'un vêtement lavé au savon bon marché et laissé trop longtemps à sécher. »
C'est sûrement un effort de style auquel je suis restée hermétique. Mais c'est peut-être aussi un effet de la traduction, comme certaines tournures de phrases peuvent le laisser penser…

Alors, mon analyse de lectrice tangue entre la beauté poignante du sujet et le style littéraire qui m'a profondément gênée. Toutefois, j'ai apprécié de cheminer aux côtés de Jubilee, cette femme fort émouvante qui fait preuve d'une admirable sagesse face aux discriminations dont elle est victime. Il est aussi touchant de l'imaginer dans sa volière prenant soin des oiseaux blessés.
Je remercie Masse Critique et les éditions du Seuil pour leur confiance.
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Autant débuter par le plus important: ce roman est un coup de coeur, le deuxième de l'année 2021 (ça commence fort) et je le dois à Babelio. Alors je tiens tout d'abord à remercier chaleureusement Babelio, et particulièrement Pierre, de me l'avoir proposé dans le cadre d'une masse critique privilégiée. Sans cela, je n'aurais certainement pas lu ce roman, ou alors dans pas mal de temps.
Pourtant cinquante ou soixante pages avant la fin, j'ai douté. Puis, dans les toutes dernières pages, j'ai eu les larmes aux yeux et j'ai su alors que c'était un coup de coeur.

Permettez-moi une comparaison. Au fil de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser à un autre roman, mon énorme coup de coeur de 2020, Là où chantent les écrevisses, persuadée dès les premières pages que le vallon des lucioles allait me porter aussi loin dans l'émotion que l'autre roman, même si pour des raisons différentes. Et je crois sincèrement que je penserai encore à Jubilee, l'héroïne du Vallon, comme je pense encore si souvent à Kya, la petite sauvageonne des marais.

Comme bien des écrivains, Isla Morley est partie d'un fait divers pour dérouler sa trame. En 1937, en plein New Deal, l'administration Roosevelt par le biais du FSA (Farm Security Administration) envoie deux journalistes dans un coin reculé des Appalaches pour réaliser un reportage sur la vie de ses habitants. Très rapidement, Ulys Massey, journaliste, et Clay Havens, photographe, entendent parler de "ratons bleus" (c'est peut-être ici le seul souci de traduction ou de vocabulaire, ce mot étant très laid, que j'ai rencontré lors de ma lecture) et veulent en savoir davantage. Ils découvriront rapidement que vit dans le dit vallon des lucioles, reclus et quasiment exclus de la communauté, une famille dont certains membres ont la peau littéralement bleue (il s'agit bien évidemment d'un problème de santé - la méthémoglobinémie - facilement identifiable avec nos yeux du 21ème siècle, mais la science n'était pas aussi avancée en 1937). Ils sont donc ostracisés, les plus folles rumeurs courent à leur sujet, notamment qu'ils portent malheur ou sont capables de provoquer la mort ou de jeter des sorts car, comme souvent, toujours, on craint ce qui est différent. Cette différence, pourtant, n'empêchera pas Clay Havens de tomber amoureux de Jubilee, cette jeune femme de 23 ans à la peau bleue. Mais le monde dans lequel ils vivent est-il prêt à abriter leur amour ?

Si ce roman fait avant tout la part belle à l'histoire d'amour entre Clay et Jubilee, je trouve quand même que le fond historique dans lequel il s'inscrit est bien exploité. C'est simple, je m'y voyais, j'y croyais dur comme fer, et je sais que chez moi c'est très bon signe quand je réussis à imaginer les décors, la nature, les visages des personnages; quand je parviens à sentir les odeurs et surtout, à ressentir les émotions. Et là, j'ai été servie, étant entrée en totale empathie avec Jubilee et les siens. C'est un roman que je verrais très bien adapté au cinéma ou à la télévision.

Le rythme du roman ne m'a pas gênée même s'il est vrai que la première partie prend son temps pour s'installer et peut donc paraître plate et même parfois ennuyeuse. Mais rassurez-vous, le rythme s'accélère dans la seconde moitié et là je vous défie de pouvoir poser le roman. Pour ma part, j'ai adoré la narration de bout en bout, même le côté très lent du début ne m'a pas dérangée, au contraire, j'ai aimé tourner les pages selon ce tempo afin de m'immerger totalement, complètement, irrémédiablement dans l'histoire.

En résumé, un roman que j' ai aimé, que j'ai ressenti au plus profond de moi, qui a su aussi parler à la femme au coeur tendre que je peux être. Un roman que j'ai trouvé poignant, mais jamais mièvre, dur et violent aussi à certains moments, mais jamais gratuitement. Bref, vous l'aurez deviné, un roman qui restera à coup sûr l'une de mes plus belles et inoubliables lectures de cette année.

Encore merci à Babelio, ainsi qu'aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.

Lu en février 2021
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Journaliste et photographe, Massey et son partenaire Havens sont envoyés dans une petite bourgade au fin fond des Appalaches pour réaliser un reportage dans le cadre du New Deal. Méfiants et renfermés, les villageois ne sont pas des plus coopératifs et semblent cacher un secret. Attisés par la curiosité, les deux amis vont finir par percer le mystère des habitants : l'existence d'une énigmatique famille, exilée au fond du vallon en raison d'une caractéristique physique héréditaire qui effraie la population du bourg. En effet, la lignée des Buford souffre de méthémoglobinémie, une anomalie génétique qui se caractérise par une teinte bleutée de la peau. Une disparité qualifiée de démoniaque par des villageois ignorants des avancées de la science, en cette fin des années 1930.
Immobilisé par une morsure de serpent, Havens est soigné par la famille Buford. Sa convalescence va lui permettre de découvrir cette insolite parentèle et surtout de se rapprocher de Jubilee, une fascinante jeune femme à la troublante beauté bleue. Un rapprochement qui va devenir source de conflit tant avec les villageois en guerre contre cette famille qu'avec Massey qui souhaiterait exploiter la particularité physique des Buford à des fins commerciales. le feu qui couvait sous la cendre est bientôt ravivé par l'ignorance, la haine et la cupidité… des combustibles propices à une violente explosion !

Librement inspiré de l'histoire vraie de membres d'une famille nés avec la peau bleue, ce roman aussi tendre que cruel prône la tolérance et traite le droit à la différence de manière frontale.
Combinant la tragédie vécue par cette fratrie à une poignante histoire d'amour, "Le vallon des lucioles" démontre l'aspect insidieux de la xénophobie ordinaire et ses dérives, tout en délivrant un encourageant et lumineux message d'espoir, de tendresse et d'humanité.
Venant tempérer le registre dramatique qui aurait pu finir par être indigeste, le récit se déroule au coeur d'une nature préservée foisonnante de grands espaces, qui permet au lecteur de s'oxygéner entre deux événements tragiques.
Un délicat roman qui ouvre un apaisant carré de ciel bleu face à toutes les formes d'intolérance !
Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette découverte en avant-première !

Lien : https://leslecturesdisabello..
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1937, Kentucky. Havens et Massey sont dépêchés dans cette ville afin de faire un reportage-photo pour la Farm Security Administration afin de mettre en avant les problèmes des habitants et ainsi sensibiliser la population pour leur venir en aide. C'est là qu'ils feront la rencontre de la famille Buford, composée du couple et de leur enfants. Havens va d'emblée tomber sous le charme de Jubilee, la fille de la famille Buford. Cette jeune femme a la peau bleue, tout comme son frère Levi. le jeune homme va vite s'apercevoir que Jubilee et Levi sont en proie aux persécutions des habitants de leur ville à cause de cette différence.

Voilà un roman bouleversant et qui m'a profondément touchée. Ce récit est d'une grande sensibilité et aborde des thématiques très dures, comme les réactions des personnages face aux différences. C'est souvent révoltant et j'ai craint tout au fil des pages pour Jubilee et sa famille.

Au travers de personnages forts et bien construits, l'auteure nous livre un beau message de tolérance, notamment grâce au personnage de Havens qui m'a beaucoup marquée. le jeune homme luttera et fera tout son possible pour protéger Jubilee des assauts de divers personnages qui n'arrivent pas à accepter la différence de la jeune femme et de son frère.

Certains passages m'ont bouleversée. C'est parfois très difficile à lire et j'ai trouvé certains moments très anxiogènes. Malgré tout, l'auteure nous offre une lueur d'espoir, notamment au travers d'une histoire d'amour lumineuse entre Havens et Jubilee. Elle ne tombe jamais dans les clichés et j'ai été très émue de découvrir cette belle romance qui surgit peu à peu.

La plume de l'auteure est très fluide. J'ai particulièrement apprécié le schéma narratif, consistant à alterner les passages parlant de Havens et ceux parlant de Jubilee. Cela permet de mieux comprendre cette histoire et de s'attacher davantage à ces deux personnages, qui portent l'histoire. Les chapitres sont de taille moyenne. Je n'ai ressenti aucune longueur, les pages ont défilé.

Un très beau roman, abordant des thématiques très difficiles mais dans lequel subsiste une part de luminosité au travers d'une romance touchante et bouleversante. À découvrir sans hésiter.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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'Cause I was born to be blue …

Fin des années 30, pour illustrer son New deal, Roosevelt envoie des journalistes dans tout le pays à la recherche des gens du peuple...
C'est ainsi que deux ptits gars de la ville, Massey et Havens, envoyés au fin fond des Appalaches, débarquent dans la petite bourgade de Chance, dans le Kentucky, en quête d'un article et de photos qui relanceront leur carrière.
C'est là que Massey va flairer le scoop et que Havens va rencontrer l'amour, en la personne de Jubilee, une jeune femme à la peau bleue...

Ici le lecteur fait une pause, ajuste ses lunettes et vérifie qu'il a mal lu... En vain, point d'erreur, la donzelle est belle et bien bleue...
Pas plus de science-fiction que de soupe aux schtroumpfs, ce roman repose dur des faits réels : les bleus du Kentucky, victimes d'un anomalie génétique rare, la méthémoglobinémie ont réellement existé et leur histoire est passionnante.

Pour les gens de Chance, ces « ratons bleus » sont des diables, de maudits sorciers qui doivent être isolés, méprisés, punis, chassés... Havens découvre pour sa part une femme dont la beauté et la douceur l'envoûtent...
Habituée aux regards hostiles et dégoûtés de « ceux de la bonne couleur », Jubilee découvre le plaisir de séduire, d'être regardée comme une femme. Entre ces deux-là naît une attraction incontrôlable.

L 'Amour va-t-il avoir raison des différence ? Vont-ils se marier à la fin ? Oh là laaa, quel suspense !

Un premier roman qui mêle la tragédie vécue par cette famille différente à une romantique histoire d'amour. C'est à la fois un pamphlet contre la xénophobie et un message d'espoir et d'humanité.
On retiendra au passage la dénonciation d'une certaine presse en manque d'éthique et une évocation intéressante de la photographie et son pouvoir.

Si le sujet est passionnant et bien que le talent de Isa Morley pour nous montrer la nature foisonnante soit évident , il faut cependant admette que la lenteur et la platitude des dialogues dans la première moitié du roman peinent à nous tenir en haleine (peut être le style souffre-t-il de la traduction).

Fort heureusement, le récit décolle et la fin réussie laisse un agréable goût en bouche.
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Un roman reçu dans le cadre d'une Masse critique, que les Éditions du Seuil et Babelio soient remerciés.
Le vallon des Lucioles est une jolie histoire d'amour entre la jeune Jubilee et Havens. Ce dernier, photographe dont le travail est financé par la Farm Security Administration, programme qui se donne pour ambition de témoigner de la diversité, de « dépeindre le grand esprit multiforme de l'Amérique ».
La jeune femme vit isolée, avec sa famille, au fond d'un vallon de la région des Appalaches - ostracisée du fait de sa couleur. Levi, son frère aîné, et elle-même sont les derniers représentants des Bleus, du nom de leur couleur. Leur famille est en effet affligée depuis plusieurs générations d'un mal mystérieux qui se manifeste par l'étrangeté de leur couleur de peau - bleue donc. Dans les années 30, dans la ruralité profonde, cette anomalie a conduit les Buford à quitter la petite bourgade pour se protéger du racisme et des violences, de l'assassinat de nombreux d'entre eux.
Là où les habitants de Chance voient sorcellerie et mauvais sorts, Havens ne voit que beauté et envoûtement, douceur et poésie. Jubilee, regardée pour la première fois comme une femme, troublée par le photographe qui ne cache pas son admiration et son amour, va le laisser entrer dans sa vie et son monde - celui de la forêt et de ses petits habitants qu'elle soigne avec dévotion.
Le vallon des lucioles est aussi un roman qui aborde le racisme et toutes formes d'exclusion. Massey, le journaliste qui accompagne Havens, un militant convaincu qu'il lui appartient de dénoncer la relégation dont sont victimes les Bleus, souhaite faire un reportage. Ses bonnes intentions se heurtent au refus de toute la famille de se laisser photographiée mais également de diffuser leur histoire - craignant de nouvelles exactions. L'affrontement avec Havens, qui souhaite que soit respecté le choix des Buford, est idéologique et éthique. Rendre public pour dénoncer ou faire profil bas ? Les deux hommes ne sont pas d'accord sur la stratégie. Leur venue à Chance aura de nombreuses conséquences - je n'en dévoilerai pas plus ☺️.
Dans un style très simple et direct, le récit tout au présent de l'indicatif se fait le témoin d'une histoire très humaine, dans toutes ses versions (la haine, la bêtise mais aussi la solidarité, la générosité), sans jugement ni parti pris de l'auteur. La dénonciation se fait à travers un récit dépouillé de leçons où les faits seuls perlent d'eux-mêmes. L'ensemble est très agréable à lire et offre un joli moment de lecture même si j'ai trouvé que les personnages manquaient parfois un peu d'épaisseur.
Challenge MULTI-DEFIS 2021
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1937, dans le Kentucky.
Clay Havens et Ulys Massey, reporters, arrivent à Chance, une petite ville reculée au coeur des Appalaches. Leur projet est de réaliser un reportage sur cette population isolée dans le cadre du New Deal, un programme destiné à soutenir les populations les plus démunies. Au fur et à mesure de leurs rencontres, ils apprennent qu'il existe une famille un peu étrange cachée dans la forêt. Curieux, munis de leur appareil photo, les deux journalistes prennent la route et vont rapidement croiser le chemin d'une très belle jeune femme qui a la particularité d'avoir la peau entièrement bleue. Cette rencontre va changer leur avenir à tous les deux.

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour cette lecture.

Ce roman est inspiré de l'histoire vraie de la famille Budford dont la particularité est d'avoir la peau bleue sur plusieurs générations. Elle a vécu dans le Kentucky sur les rives de Troublesome Creek dans les années 1930. Les membres qui la composent se sont progressivement éloignés de la ville pour s'installer en autarcie dans les montagnes en raison du rejet et du racisme dont ils ont fait l'objet.

Isla Morley nous emmène avec elle au fin fond des Appalaches et invite le lecteur à suivre l'histoire romancée de ce peuple bleu à travers les clichés des deux reporters.

Ulys Massey travaille pour la presse écrite, Clay Havens est photographe. L'objectif de ce voyage est de préparer un article, images à l'appui, des populations se trouvant isolées suite à la Grande Dépression américaine. Avant de suivre les traces de la famille Budford, les habitants de Chance les mettent en garde sans plus d'explications. Ils iront quant même et avec eux, nous rencontrons successivement chaque membre de la famille, nous vivons leur quotidien dans la forêt, nous frissonnons autour de la violence qui règne à leur encontre.

Et puis, il y a Jubilee, l'aînée de la famille. Celle qui sera le lien entre les journalistes et le reste de la famille. C'est une très belle jeune femme qui, avec son frère Levi, sont finalement les derniers membres bleus des Budford. Ils ont la vingtaine et souffrent de ne pas pouvoir vivre comme les autres jeunes de leur âge. Si Levi brave les risques avant de rencontrer l'amour, Jubilee reste très prudente.

Clay se prend d'affection pour eux. Très respectueux, il souhaite en savoir plus et ne les prend en photo que sur leur accord. Mais, au fil des jours, son regard et son coeur se tourneront presque exclusivement vers Jubilee.

A partir de faits réels, "Le vallon des Lucioles" nous entraîne dans une romance entre deux êtres que tout oppose, s'armant de courage pour vivre pleinement leur amour en parfaite harmonie avec la nature.

J'ai senti le temps s'arrêter et une certaine sérénité dans le récit malgré la méchanceté et les discriminations face à la différence.

Un magnifique récit sur l'amour, la nature, la différence et la bêtise humaine.
Un très beau roman que j'ai eu plaisir à lire.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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C'est issu d'une histoire vraie.: l'arrivée de deux journalistes dans une bourgade où sont ostracisées des personnes qui n'ont pas eu la chance de "naitre de la bonne couleur". Ce ne sont pas des personnes noires ou étrangères, elles sont juste bleues. C'est le résumé de l'histoire d'u ne famille touchée par la haine des autres : synthétique mais inévitable dans les sociétés humaines actuelles. La différence se rejette avant même de la comprendre.
L'histoire sonne juste, les personnages sont nombreux l'histoire est comme racontée de l'intérieur, ce qui apporte un cachet intimiste.
Des longueurs certes dans la narration, des flashback entre le présent et le passé à certains moments, un texte bien écrit et bien compréhensible mais qui aurait gagné en dynamisme s'il avait été moins long.
L'histoire n'en demeure pas très intéressante, c'est un sujet très actuel qui est perçu par un autre biais. Ce qui apporte aussi un soupçon dramatique supplémentaire, c'est le fait de savoir que cette histoire a existé . A découvrir !
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1937. USA. La Grande Dépression de 1929 peu à peu s'éloigne. le New Deal de Théodore Roosevelt a contribué progressivement à la relance économique du pays. Les villes se requinquent, les campagnes restent à la traîne du renouveau. le Président cherche des échos positifs de sa politique sur l'Amérique profonde, à des fins électoralistes et de soutien à ses mesures d'aide aux populations démunies. L'objectif étant de convaincre les réticents en leur montrant la vraie vie loin des villes.

Des enquêteurs sont envoyés par binômes dans les zones rurales les plus reculées. Chaque duo est constitué d'un journaliste de presse écrite et d'un photographe. Leur mission : rester à l'affut de reportages, pris sur le vif, démontrant le bien fondé des mesures gouvernementales en cours ou à prendre. Certains envoyés spéciaux, par le scoop opportuniste, essaient de relancer leurs propres carrières restées au point mort. L'un deux en mission dans les Appalaches, Clay Havens, ex Grand Prix Pulitzer de la photographie, va voir sa carrière pro et son destin personnel chamboulés par amour pour Jubilée : une autochtone à la peau bleue qui le fascine, le trouble et l'obsède.

Chance, dans l'état du Kentucky. Une minuscule bourgade campagnarde ignorée des grands axes routiers. Trois cents habitants à peine, entre modernité en attente et ruralité à l'ancienne. A l'écart : une famille blanche, isolée au plus profond des bois, celle des Buford, repliée sur elle-même, victime d'un ostracisme inattendu, proche du racisme violemment actif d'il y a peu à l'encontre des noirs. Destructions de biens ? Spoliations ? Assassinats discrets et impunis ? Disparitions étranges ? Lynchages ? Cimetières clandestins ? Les langues se taisent, tout autant du côté des victimes que des bourreaux, tout doit se régler dans le huis-clos de la communauté. La raison de ce rejet : une maladie épidermique rare, la méthémoglobinémie, qui donne aléatoirement, par voie génétique, une peau bleu sombre à certains Buford. Jubilée l'ainée et Levi son frère, comme tant de « ratons bleus » avant eux, sont les victimes expiatoires des difficultés de la communauté. Jubilée cette sorcière, Levi ce démon …. Ainsi, dans Chance encore assoupie d'un oeil sur ses traditions d'antan, rode le sempiternel et indécrottable préjugé à l'encontre de ceux qui ne sont pas comme les autres (la minorité a toujours tort), naissent des accusations de sorcellerie, de jeteurs de sorts et de porte-poisse, s'organisent des expéditions punitives …

Les éléments du drame sont en place … La suite appartient au récit. L'Amour, avec un grand A, bardé de grands et beaux sentiments, va s'en mêler … et sera le grand leitmotiv du roman, celui vers lequel l'auteure reviendra toujours pour livrer son diagnostic d'un monde malade et les moyens simples pour le rendre plus acceptable. Les développements à venir vont se montrer très (trop ?) manichéens, mais quelle importance après tout quand on sait d'avance qu'il en sera ainsi. Isla Morley, dont « le vallon des lucioles » est le premier roman édité en France, se montre une grande âme qui plaira à ses lecteurs optimistes.

Qu'on ne s'y trompe pas, nous ne sommes pas en territoire de Fantastique ou de Fantasy, voire de Science-FictionLes amants étrangers » de Philip José Farmer, par exemple, dans lequel le héros, à l'encontre des préceptes religieux d'une société future ultra puritaine, s'éprend d'une E.T. à la morphologie et à la physiologie complexes) mais au sein d'un roman inspiré de faits réels. L'homme, celui de la vraie vie, n'a jamais été en panne de haine et de violence pour fustiger et détruire celui qui ne ressemble pas physiquement à ce que la majorité montre. La loi du nombre, toujours, et haro sur l'étranger, le différent, le monstre de foire, celui qui ne pense pas pareil, ne prie pas le même dieu de la même façon ou un autre que le sien …

Roman de terroir ? Possible selon ce que je sais du genre. Et c'est plutôt maigre. J'ai néanmoins entrevu le lisant « Tendre Violette » le cycle BD de Servais. On y retrouve les mêmes mécanismes d'exclusion, les mêmes résidus de haine et d'incompréhension entre deux communautés qui ne cherchent plus à se comprendre et s'accepter. Les exemples en ce genre littéraire ne doivent pas manquer.

La part belle est laissée à la romance. Fleur bleue y trouvera son compte. Je n'y vois pas d'inconvénient. La 4 de couv n'en fait qu'à peine mystère, le lecteur prévenu sait plus ou moins où il met les pieds. L'objectif, au-delà de l'eau de rose ciblant un certain public, est de démontrer que l'Amour renverse les montagnes, pour peu d'y croire (et après tout, pourquoi pas … !). Reste que le parti-pris de la surenchère romantique, par son intensité ponctuelle peut lasser. Elle vient, heureusement par touches, hélas intenses, comme des mises en abimes dans un thriller, noyer trop souvent un drame bien amené, une intrigue prenante et, par ailleurs, bien ficelée. le miel, en encre dorée d'imprimerie sur certains passages, alterne avec le sang noir sur les peaux bleues assassinées. le réfractaire au romantisme forcené peut patienter, il retrouvera plus tôt qu'il ne croit un chemin de thriller au suspens intact.

Cet ouvrage est aussi un vibrant hommage nostalgique rendu à l'art photographique d'antan, celui d'une époque révolue, pourtant pas si ancestrale que çà, où la pellicule argentique était la seule alternative, loin de la photo-pixels jetable si banalement commune de nos jours. On y réglait à l'intuition la netteté, le diaphragme et le temps d'exposition. On s'appliquait au cadrage patient pour ne pas gâcher la péloche, à la recherche de la bonne lumière sur le fil étroit entre sous et surexposition ; on bidouillait au jugé et à l'expérience lors du développement sous lumière inactinique. Un art, plus qu'un hobby. le noir et blanc était encore presque omniprésent, l'utilisation de la couleur restait parcimonieuse (car onéreuse). Dans le roman les clichés noir et blanc ne dénoncent pas les bleus chatoyants et irisés de l'épiderme de Jubilée, ils sont noyés dans les nuances de gris rendues par le nitrate d'argent, il leur faut la couleur pour en percevoir tout le particularisme. Jubilée, aux yeux du monde, ne peut apparaitre qu'en couleurs, comme un arc-en-ciel …

Havens est à la recherche résignée et fataliste de ce qui avait fait de lui un Pulitzer reconnu, il entrevoit en Jubilée (qu'il doit convaincre de poser) un sujet propice à un retour en état de grâce photographique. La passion amoureuse s'en mêlant, créant en lui un oeil virtuel subjectif, par ce fait unique et partial, presque obsessionnel, le résultat se montre au-delà de ses attentes. L'amour ressenti pour elle fausse la donne journalistique et l'oblige à prendre parti : les clichés sont t'ils publiables sans trahir la confiance de Jubilée ? … le drame est désormais en marche …

L'auteure met à nu minutieusement les motivations souvent inconscientes du photographe. Elle dissèque sa recherche patiente, intuitive et raisonnée du cliché qui a du sens, qui par nature doit parler sans jamais ne rien dire. Elle nous décrit les moyens humains à l'oeuvre d'une photo qui, en portrait, cherche une âme au détour d'une expression furtive de visage. Tout le récit regorge de ses instants suspendus entre la vie qui bouge et celle qui se fige en 2D. Ces arrêts sur images sont à mon sens le grand bonus du roman, tant ils me semblent rares et se faisant précieux en littérature romanesque (du moins de ce que j'en connais).

Et à ce jeu, le lecteur prenant l'oeil d'Havens et les mots de l'auteure à son compte, entrevoit Jubilée si belle et … rêve de passer de l'autre côté de la pellicule et des 480 pages du roman.

Merci à Babelio, Masse Critique, le Seuil Ed. et à l'auteure.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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J'avoue que ce livre m'a paru fade et insipide, bourré de bons sentiments et sans véritable valeur littéraire. le titre de l'ouvrage sonne comme une promesse de romanesque échevelé – ou comme un film d'animation japonais – romanesque assommé par un style aussi léger qu'une enclume.
Le bandeau en couverture nous assure que l'histoire s'inspire de faits réels pour titiller notre curiosité. L'intrigue, traitée en flash back, se situe dans les Appalaches, en 1937. Un journaliste et un photographe sont chargés de réaliser un reportage pour un programme fédéral dans le cadre du New Deal. Dans ce coin reculé du Kentucky où ils débarquent, ils découvrent que les villageois ostracisent une famille dont certains membres ont la peau bleue.
Subitement, ces gens à la peau bleue sont devenus un sujet d'écriture, après The Book Woman of Troublesome Creek de Kim Michele Richardson publié en 2019 et le vent nous portera (The Giver of Stars) de l'Anglaise Jojo Moyes (la reine des romans à l'eau de rose), sorti la même année et entouré de rumeurs de plagiat. Enfin, comme tout le monde est original, chaque récit se déroule dans les années 30 (1937 pour le Vallon et 1935 pour les deux autres), dans le Kentucky, et prend comme point de départ le WPA, ce programme mis en place par l'administration Roosevelt pour venir en aide aux populations rurales.
L'industrie du livre nous réserve peu de surprises quand il s'agit d'épuiser un filon.
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