Il n'y a qu'une science totalement désintéressée qui puisse devenir sagesse. La sagesse embrasse aussi bien la connaissance que l’ignorance, le bonheur que le malheur des êtres. Elle est le fruit de l'expérience personnelle.
Aussi brutale et violente soit-elle, la répression ne pourra faire taire la voix de la justice et de la liberté
Seul l'homme peut lutter contre la souffrance et la vaincre avec ses propres moyens.
Seul compte l'instant présent qu'il faut chérir comme un objet unique, un joyau irremplaçable. C'est là que réside la force de ce peuple enraciné dans une religion qui fait de la destruction la condition nécessaire à la renaissance, de la compassion sa règle d'or, de l'impermanence des êtres et des choses sa principale croyance.
Symbole de cette culture tibétaine, le geste d'un enfant d'une douzaine d'année qui, ce jour là ramasse une carabine abandonnée par un policier dans sa fuite. Au lieu de tirer contre les hommes en uniforme, le garçon saisit l'arme par le canon et en martèle le sol jusqu’à la réduire en morceaux. Des siècles de philosophie bouddhiste, essentiellement fondée sur la paix, ont ancré dans l'esprit des Tibétains l'idée que les armes ne doivent pas être utilisées contre l'ennemi mais détruites.
Sans amour, sans compassion, il n'y a pas de bonheur possible. et l'amour naît dans la paix de l'esprit. Le bien-être matériel ne suffit pas pour atteindre le bonheur, s'il n'est accompagné d'un développement spirituel. C'est cela, sa foi.
Il sait qu'un peuple qui lutte pour son existence doit vaincre ; que l'amour de la liberté, inhérent à l'être humain, finit par s'imposer. Ce n'est qu'une question de temps.
Ne lui a-t-on pas enseigné que la souffrance domine l'existence de tous les êtres vivants et que son apogée est la mort ? Même dans la nature, le drame est partout : l'oiseau meurt dans la gueule d'un prédateur, les plantes se disputent un rayon de soleil...Tout paysage idyllique cache un combat effréné et sans merci, un empire de la douleur dont il est impossible de concevoir ni le commencement ni la fin.
Son silence est son dernier refuge.
Il sait que tout est éphémère, que personne ne connaît ni le jour, ni l'heure du dernier rendez-vous. Il sait que, pour mourir, la condition idéale est de tout abandonner, intérieurement et extérieurement, pour qu'à ce moment crucial il n'existe aucun désir, aucun attachement, auquel l'esprit puisse se raccrocher. La méditation sur la mort lui permet de garder la conscience de la fragilité de l'existence et donne un sens à chaque instant.