Ils s'appelaient Jean-Marie, Maxime, Gabriel, Louis, Augustin, Edmond ou Paul. Envoyés au coeur du maelström entre 1914 et 1918, ils en sont quasiment tous sortis vivants. Mais à quel prix ? Si les tranchées ne les ont pas tués, elles les ont rendus fous. Élaborés à partir des travaux d'
Hubert Bieser sur les « pratiques soignantes, sociales et éducatives en santé mentale », les quinze cas présentés dans l'album par quinze dessinateurs différents montrent à quel point les troubles pouvaient être polymorphes : schizophrénie, éthylisme, hyperémotivité, idées de persécution, dépression mélancolique, confusion mentale, paralysie générale… Loin des ouvrages contemporains qui se focalisent sur les souffrances physiques des soldats de la première guerre mondiale, on s'attarde ici sur des troubles psychiques qui se sont révélés tout aussi dévastateurs.
Dans la préface de l'ouvrage,
Hubert Bieser précise que si certains soldats ont été traumatisés par le déluge de feu et d'acier des bombardements et que d'autres ont été rendus fous par la peur ou épouvantés par l'absolue désintégration de leurs camarades, il y eu aussi des soldats fous qui l'étaient avant la guerre. Et d'ailleurs, plus le conflit durait et les « ressources humaines » s'amenuisaient, plus les commissions de réforme réexaminaient les cas d'inaptitude afin de recruter des civils dont l'état mental aurait pourtant justifié le fait qu'ils soient réformés : « Après l'effroyable massacre des débuts de la guerre en 1914 et 1915, on ne fait plus la fine bouche pour recruter des combattants ». Reste des vies brisées à jamais, une prise en charge indigne dans les asiles et, pour ceux qui auront la chance de voir leur diagnostique évoluer vers une possible guérison, le spectre d'un retour dans les tranchées dès la sortie de l'hôpital...
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