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Critique de Manetheren


L'Incroyable histoire de la littérature française est tout ce que son nom promet. Une incroyable somme de vies d'auteurs et autrices, d'enfances difficiles, d'amants, de maîtresses et de ruptures intellectuelles avec leurs sociétés, contée avec beaucoup d'humour par le professeur Catherine Mory. L'Incroyable histoire de la littérature française, c'est aussi la main de Bercovici dans chaque vignette. Un dessin lumineux, coloré, et dans lequel on reconnaît sans difficulté ces siècles et siècles de plumes françaises de renom.

Pendant longtemps, les classiques de la littérature française ont été pour moi un mauvais rémanent de l'école. Ils sont d'ailleurs classés dans une zone interdite de ma bibliothèque. Alors, après un moment de crispation, j'ai été conquis par l'approche bande-dessinée de ses oeuvres et leurs auteurs (et un peu soulagé).

On navigue entre une cinquantaine de poètes, romancières, journalistes, écrivains ayant marqué, parfois, leur temps mais, pour toujours, la littérature française. le découpage par siècle permet de mieux s'y retrouver, vu le nombre d'artistes, mais je trouve que ça fige le tout dans une temporalité assez classique.
Certains détails des portraits m'ont fascinés. La précocité intellectuelle de certains de ces autrices et auteurs, par exemple ! Balzac, Racine ou Rimbaud avaient déjà mouillé leurs plumes dès leur jeune enfance. Ce dernier avait composé plus d'une quarantaine de poèmes avant de s'enfuir de la pluvieuse Charleville Mézières. Quand je vois que je peine à rédiger une demie-page par an. Et encore, ce sont les bonnes années.

La bande dessinée prend malice à peindre les connexions entre les différents protagonistes, qui apparaissent dans leurs chapitres mais aussi dans d'autres portraits. Que ce soit Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre ou Aragon et leurs engagements politiques. Que ce soit Flaubert qui présente Maupassant à ses contemporains ou Baudelaire et Goncourt qui insultent, avec finesse, Colette. C'est amusant de voir ces écrivains partager les mêmes milieux. La BD met d'ailleurs en scène les grandes questions sociétales qui traversent ces époques : lutte contre les obscurantismes, militantisme féministe, ou anticonformisme. La BD déballe sans ambages les coulisses de l'écriture d'un roman, les moeurs ou les vices d'un temps.
Elle n'évite pas les points sensibles : comment ne pas parler du profond et morbide antisémitisme de Céline ? Ou des autodafés qui visent Rousseau, critique de la religion ? Ou de Voltaire et l'affaire Jean Calas ?

J'ai également été étonné de la mixité dans l'origine sociale de ces auteurs. Beaucoup sont partis de peu. D'autres avaient plus. Mais un trait commun à ces artistes pourrait se résumer à trois mots : jugeote, génie et influence. Et sexe. Beaucoup dans ce livre. J'ai eu l'impression parfois de sortir d'un baisodrome en crayons de couleur.

Bref, l'IHLF est un amusant et pédagogique moyen de re-découvrir ces classiques de la culture française. La bande dessinée est plus évidente à croquer de temps à autre qu'à lire d'une traite. J'en suis ressorti plus cultivé mais avec l'esprit plus embrouillé aussi et une petite frustration de ne pas avoir eu plus de XXe siècle aussi.

Merci à Babelio pour ce Masse Critique et aux éditions Les Arènes pour ce bel ouvrage, que, promis, je ne rangerai pas dans ma zone interdite.
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