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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Moto Hagio est une autrice de shojo culte au Japon qu'on n'a eu que trop peu l'occasion de découvrir en France à part dans une Anthologie chez Glénat et avec le Coeur de Thomas chez Kazé. Pour pouvoir continuer à découvrir son oeuvre emblématique, il faut se tourner vers les Etats-Unis où une traductrice, fan de la mangaka, Rachel Thorn, met tout en oeuvre pour qu'on puisse la lire dans la langue de Shakespeare.

Poe no Ichizoku - The Poe Clan est une courte série de 5 tomes parue dans les années 1970 au Japon que l'éditeur Fantagraphics propose de découvrir dans deux volumineuses intégrales très qualitatives. La première est parue l'an dernier et la dernière doit sortir cette année. On y suit les aventures d'une famille de vampires à travers les siècles et l'Europe mais sans ligne temporelle claire puisque l'autrice s'amuse à raconter leur histoire sans aucun respect d'une quelconque chronologie.

Avec le Clan Poe, Moto Hagio revisite de façon très romanesque le mythe des vampires. Elle s'inspire pour cela de la littérature européenne et du courant romantique. Tout est drame dans sa saga ce qui est l'occasion de découvrir son trait sous son meilleur jour, c'est-à-dire dans de superbes envolées lyriques. Les personnages sont tous des héros romantiques en puissance qui vivent tragédies sur tragédies et en prime la mangaka aime entrecouper leurs pensées de citations littéraires prête à nous tirer des larmes. Pour ma part, j'ai aimé cela. J'ai vraiment retrouvé à travers ça ce qui me plait tant dans les shojos de ces années-là et que je pleure de ne pas pouvoir lire plus souvent en français à de rares exceptions...

Cependant l'oeuvre n'est pas d'un abord facile. La narration se fait souvent poussive, partant trop souvent dans un drame surjoué. le fait que les différents chapitres ne suivent pas une chronologie claire et qu'un chapitre peut se dérouler avant celui qu'on vient de lire et un autre entre deux déjà lus, n'aide pas à s'y retrouver. Les chapitres, en plus, n'ont pas la même longueur. Les premiers sont plutôt courts et on y voit très peu nos héros qui ne sont d'un décor en arrière-plan. Les suivants deviennent plus longs. Ce sont de véritables histoires indépendantes découpées en chapitres qui ne disent pas leur nom pour rythmer un peu cela et casser leur longueur parfois un peu trop importante. L'autrice y développe alors plus ses thématiques.

En effet, avec cette famille pour le moins originale, Moto Hagio en profite pour parler d'amour familial, de famille recomposée, d'adultère, de superstitions, de rumeurs, de pauvreté, de la vie de la noblesse, d'homosexualité, de suicide, de persécution ou encore de vie en pensionnat. C'est très riche. Mais le plus intéressant tient à l'ambiance fantastique qui recouvre petit à petit l'ensemble des histoires. On sent un mystérieux voile se déposer sur la famille et les gens qu'ils croisent qui peut parfois anesthésier et figer tout ce beau monde, ou juste mener à un carnage terrible, brutal et irréversible. On a vraiment ici une belle et marquante interprétation du mythe du vampire.

Les personnages qui les incarnent sont assez singuliers pour l'époque. Il y a d'abord un couple très élégant, dont on découvrira l'histoire, que j'ai trouvé assez sordide pour ma part... Ils sont accompagnés de deux enfants, frère et soeur, qu'ils ont adopté et c'est souvent à travers les amitiés que ceux-ci vont essayer de nouer que les histoires vont démarrer, car quelle solitude que d'être condamné à ne plus vieillir et donc à ne pouvoir rester nulle part à 13-14 ans. J'ai eu du mal avec Maribella que je trouvais trop irréelle. C'est vraiment pour moi la représentante parfaite de ces femmes faibles et fragiles que les hommes aiment tant protéger dans les vieux mangas. Ça la rend totalement transparente, sans substance et donc décevante. A l'inverse, son frère Edgar est très marquant. Il inquiète, il dérange. On a du mal à le cerner même après nous avoir dévoilé son histoire. C'est donc le héros parfait pour ce genre d'histoire. Quant à son acolyte Alan, il est tellement perturbé qu'il faut s'attendre à tout de sa part. Ils forment donc un duo détonant qui interpelle. L'autrice surfe sur les tabous de l'époque avec ce trio, relation quasi incestueuse entre le frère et la soeur, relation tendancieuse quasi homosexuelle entre les deux amis. Il y a de quoi faire couler beaucoup d'encre sur eux, mais je m'arrêterai là pour vous laisser le plaisir de la découverte.

Sachez juste qu'en le lisant on comprend le grand succès rencontré par ce titre à l'époque au point de faire un carton niveau vente au Japon et qui fait encore tellement parler de lui que l'autrice en a sorti un spin-off pour fêter les 40 ans de sa sortie en relié en 2016 et qu'elle continue à en proposer la suite aujourd'hui. The Poe Clan a vraiment une atmosphère à part.
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Le premier tome du diptyque"Le Clan des Poe" est un énorme volume paru aux éditions Akata qui regroupe une dizaine d'histoires parues entre 1972 et 1975. Les personnages rappellent souvent ceux dessinés par Yumiko Igarashi dans "Candy Candy" ou "Georgie", qui sont plus tardifs : grands yeux expressifs et longues boucles, on croit plus d'une fois rencontrer Candy ou Archibald au détour des pages. Mais l'ambiance rappelle plus "Entretien avec un vampire" d'Anne Rice. Les "vampanellas" de Moto Hagio sont des esthètes qui s'entourent de roses dans une ambiance gothique. Les personnages sont unis par une même nostalgie. J'ai mis un peu de temps à comprendre l'histoire, car les premières histoires ne sont pas présentées dans l'ordre chronologique. Mais une fois le cadre et les personnages posés, on se laisse porter par l'atmosphère, ces contes nimbés de mystère qui célèbrent la beauté éphémère. Les thèmes évoqués peuvent lorgner du côté de la perversité, avec les thèmes de l'inceste ou de la cruauté, mais de manière allusive, subtile, dix-neuvièmiste. le mythe du vampire est réinterprété sous les auspices du romantisme noir, avec des métaphores obsédantes et une ambiance feutrée, parsemée ça et là par quelques orages, grandes orgues religieuses qui résonnent. On a souvent l'impression que le calme et la beauté sont du côté des "vampanellas" plus que des humains.
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Moto Hagio est une autrice très populaire au Japon, de la génération qu'on a pu connaître quand les mangas ont pointé le bout de leur nez à la télévision dans les années '80. D'ailleurs, son style graphique n'est pas sans rappeler celui d'animés bien connus chez les fans féminines de la première heure comme « Candy » ou « Lady Georgie ». Autant dire : un régal avec ces grands yeux étoilés, ces cils interminables, ces chevelures envoutantes et des corps élancés, mince et gracieux pour parachever l'enchantement.

Quant au titre, il laisse planer une atmosphère sombre et romantique. On pense immanquablement à Edgar Allan Poe, à raison même si l'auteur américain n'apparaît à aucun moment dans ce recueil. Poe est un village mystérieux où vit une famille étrange composée de vampires – ici appelés Vampanella. Edgar et Allan sont deux jeunes hommes qui se lieront bien plus qu'on ne pourrait le croire. Mais l'aura de l'auteur du XIXe impose son style à la mankaga. Son romantisme gothique, la noirceur de ses écrits, auxquels Moto Hagio ajoute la magie mystérieuse de l'univers des vampires.

Avec Edgar, on découvre l'époque victorienne en Angleterre, les deux guerres mondiales en Allemagne et la réalité qui se mêle aux rêves fantasmagoriques d'une époque révolue mais tellement enivrante. Grâce à la mise en avant des visages de ses protagonistes, l'autrice magnifie son scénario et les émotions qui lient Edgar et sa famille adoptive, mais aussi et surtout avec Marybelle, sa soeur à qui il voue un amour au-delà de ce qu'on admet pour des personnes du même sang.

Un lien unique et chaste, comme l'entièreté des relations dépeintes, pour entretenir l'ambiguïté et l'imagination des lectrices assidues, aussi fleurs bleues qu'à la première heure. Sans oublier les risques incessants de se faire démasquer, ce qui peut amener certaines tensions… voire la mort définitive. Un chef d'oeuvre rempli de nostalgie et de passion pour cette autre époque si romantique et mystérieuse.
Lien : https://sambabd.net/2023/06/..
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Que ces histoires datent en réalité des années 1970 (1972 - 1973 - 1975 selon l'histoire) et gardent en 2023 toute leur beauté, charisme et force d'impact est sans doute la plus grande et la plus pure magie de cette oeuvre aussi intemporelle que le clan des Poe.
Si la première fois que vous posez vos yeux dessus, vous redoutez ce côté dessins datés ou avez des craintes, oubliez les et venez les rencontrer et être emportés dans leur monde.
Avec cette oeuvre patrimoniale de Moto Hagio (Le Coeur de Thomas, l'anthologie ....) Akata a entamé un grand et beau projet qu'ils ont mis du temps à réussir à concrétiser.
Ils font naître la collection "Héritages" pour montrer la richesse du manga, son héritage, son patrimoine, pour déconstruire des préjugés tout comme nous pouvons en croiser dans cette histoire.
Et c'est avec cette oeuvre en 2 tomes qu'ils la lancent sur le marché.
Une histoire qui nous parle de vampires et qui est un shôjo.
D'autres ont déjà été annoncés, et c'est une collection à surveiller de très près, qui a aussi eu la bonne idée de se rendre immortelle et plus accessible en sortant en numérique.
Il faut aussi savoir que vous allez pouvoir passé un moment avec eux, mais pour votre plus grand plaisir, d'ailleurs le rapport au temps fera partie de votre exploration. Un livre d'un peu moins de 500 pages (490 pages exactement) qui a un univers riche, complexe et très intéressant à vous faire découvrir.
Il y a quelques illustrations au début et également à la fin. Toutes les chapitres sont sous-titrés. Nous avons le droit à une préface de Fausto Fasulo, le rédacteur en chef des revues Mad Movies et Atom et à la fin une postface de Miyako Slocombe, la traductrice du manga. Nous pourrons aussi noté la merveilleuse façon de mettre en avant les textes avec les roses, qui ont d'ailleurs une grande importance dans notre manga.
Il y a également quelques pages couleurs surprises au cours de la lecture du tome.
En ce qui concerne les histoires, elles jouent délicieusement et cruellement avec nous, déjà par le fait de ne pas être dans l'ordre chronologique. Elles sont faites de rencontres, de choix parfois bien difficiles, de liens qui se nouent et se dénouent.
Le graphisme est beau, il a une force en lui. Il a un côté évanescent, où parfois c'est même comme si plusieurs images s'emmêlaient ensemble.
Le texte est intéressant, à la fois beau, cruel et poétique, avec certaines mises en forme particulière qui renforcent l'impact.
C'est très bien pensé et mis en scène, le lecteur est facilement emporté, pris dedans, immergé. Ils se posera sans doute plein de questions, certaines il en aura la réponse.
Au début, nous rencontrons une famille pas totalement comme les autres, à la beauté irréelle, unis par plus que les liens du sang classique, appartenant à un clan millénaire, n'étant pas ce qu'ils paraissent. Une famille d'aristocrates, mais bien particulière. Nous rencontrons Edgar et Marybelle et voyons ce lien très fort et unique qui les unit. Edgar a l'air de quelqu'un de glacial, mais a-t-il toujours été ainsi ? Quand nous les voyons pour la première fois, ils ont cette beauté fascinante, cet aura. Ils ne peuvent plus grandir, alors il faut souvent bouger pour que les gens ne se posent pas trop de questions. Ce sont des vampires, des vampenella, des créatures immortelles mais tout n'est pas si simple et ils ont été humains.
Le moins que l'on puisse dire c'est qu'Edgar a bousculé à jamais le clan des Poe. Surtout que vous pouvez bien vous doutez que c'est un peu jeune de rester coincer dans le corps d'un garçon de 14 ans.
Nous suivons leurs vies à travers des années, des siècles, le temps passe inlassablement, mais il n'a pas d'emprise, du moins physique sur eux.
L'exploitation de la psychologie, des évènements où finalement tout peut arriver est très forte et impactante.
Je ne peux qu'encourager un maximum de monde à faire l'effort de découvrir cette oeuvre intemporelle, vous ne devriez pas le regretter.
Lien : https://lesvoyagesdely.wordp..
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Le clan des poe
Une compilation des sorties de ce Manga darant des années 70 et remis au gout du jour dans cette nouvelle edition qui regroupe tous les tomes de la série. Ce qui fait dailleurs un sacré pavé de lecture qui ne se terminera pas seulement en 30 minutes comme tout autre manga habituel (;

Vous aimez la légende qui entoure les vampires, une ambiance semi glauque entouré d'une mystérieuse famille qui semble éternel et vivant dans des manoirs. Tout cela à une époque plutôt de type victorienne ? Alors foncez sur ce livre !

Personnellement je cochais toutes ces cases, c'est pourquoi cela m'a donné envie de partir à la découverte de cette histoire.
J'ai mis environ 4 jours à le lire en prenant mon temps et j'ai savouré ma lecture.
Nous sommes plongé dans une histoire parfois déroutante car peut devenir difficile à suivre par moment. Nous changeons de contexte et presque d'époque fréquemment pour mieux comprendre l'histoire d'Edgar et Marybelle, les deux enfants « vampanella » . le début est le plus « fastidieux » à suivre car beaucoup de questionnements au sujet de cette énigmatique famille. Au fil des pages, des explications viennent bout à bout et nous comprenons mieux le sens de cette histoire ainsi que le lien tissé entre ces deux enfants. Pourquoi Edgar protège t'il autant Marybelle ? Une vampire anémié chronique ?

On aperçoit la solitude qui peut peser sur les épaules de certains personnages ainsi que le poids des années durant lesquels il faut être en perpétuel mouvement pour ne pas être « découvert » par les humains.

Les personnages sont parfois déroutants voir troublant et c'est ce qui donne tout le cachet à ce livre qui me semble être un type d'histoire semi-gothique.

Je ne suis pas experte. Je parle de mon impression personnelle évidemment.

J'ai appréciée ma lecture, le livre est imprimé dans un format agréable qui permet une grande mobilité de lecture et n'est pas encombrant.

Je remercie d'ailleurs les editions Akata de m'avoir envoyé ce superbe livre.
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