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Citations sur Le sang des promesses, tome 4 : Ciels (15)

Elle est, paraît-il, dans la bouche des démons, la vérité, puisque le démon dit ce qu'il sait alors que l'ange sait ce qu'il dit !
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C'est la géographie du sang versé, c'est la géographie de la jeunesse massacrée. Celle d'hier et celle d'aujourd'hui. Cette voix qui nous condamne et nous menace, c'est la voix de ceux qui sont nés pendant les guerres, Vietnam, Liban, Iran-Irak, et qui ont grandi à l'ombre des hécatombes : Bosnie, Rwanda, Kosovo, Tchétchénie. Ils ont trente ans et cherchent aujourd'hui à donner la parole à toutes les jeunesses sacrifiées avant eux. Une vengeance de la jeunesse par la jeunesse, Occident et Orient confondus. La jeunesse du XXe siècle, dans le silence de son charnier, trouvant parole dans la jeunesse du XXIe siècle, fera entendre sa voix et son cri sera effroyable.
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En donnant le nom d'Anatole, je donne le nom d'une jeunesse dévorée par les guerres et les catastrophes, par ce mouvement mécanique qui vous est si cher, vous qui pouvez en un geste pénétrer le moindre ordinateur comme si vous étiez l'ange inversé puisque vous pénétrez dans la chambre vierge non pas pour annoncer mais pour extorquer ! En donnant, en vous donnant le nom d'Anatole, j'ai le sentiment de donner les noms de tous ceux qui sont morts hier et avant-hier et jusqu'au début du siècle qui vient de s'écraser sous nos pieds, cloaque monstrueux dont vous n'êtes que la plus misérable des conséquences ! En donnant le nom d'Anatole, je donne aussi ceux qui sont morts dans le silence et qui comptaient sur ma voix pour hurler leur vie, peine peur colère et chagrin ! Anantole nous redonne la poésie et nous en prive du même coup, car sa colère se retrouve encore imbriquée au siècle de la colère, et si je choisis de le livrer, en mon âme et conscience, si j'accepte ce dégoût de moi-même, si j'accepte de vivre toute ma vie, à partir d'aujourd'hui, avec le sentiment d'avoir été traître aux gens de mon âge, c'est parce que pour moi, pour l'être que je suis, la beauté, son océan, son architecture ne peuvent pas être complices du sang ! Cela serait intolérable, vous m'entendez ? Or justement Anatole est poésie, et si la poésie réussit la destruction en vesant le sang, en se liant au sang, en faisant du sang innocent l'encre de son signe, alors une promesse n'aura pas été tenue et on pourra dire, on pourra annoncer aux mythologies d'hier, aux mythologies d'aujourd'hui et à celles de demain que la pureté du sang aura gagné et que nous aurons besoin de donner à la terre des millions de morts encore en nourriture, et c'est cela qui ne me laisse pas le choix ! La poésie est désir et s'il faut que le désir devienne destruction du sang par le sang à son tour, alors vraiment il ne nous restera plus rien ! Ce contre quoi nous luttons ici n'est pas né des obscurités d'aujourd'hui, mais des fantômes des ténèbres d'hier !
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Je serai dorénavant votre chef et je vous dirai toujours la vérité. Je n'aurai aucune pitié de vous, d'aucune parcelle de votre histoire. Ce sera ma manière de vous respecter.
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VOIX MASCULINE. Vous nous avez habitués au sang.
Mais le chien qui n'a plus que la peau sur les os
N'en a pas moins la rage en plus.
Compter les morts ne nous suffit pas pour pleurer les morts.
Vous nous croyez en guerre alors que nous sommes en manque
Vous nous surveillez mais vous ne voyez rien
Vous nous écoutez mais vous n'entendez rien
Ni l'Alpha de nos peines, ni l'Oméga de nos haines
Qui n'étaient qu'enchantements, qui n'étaient qu'enchantements!
Ni l'harmonieuse calomnie de nos voix
La splendide injure de nos mots
Fabuleuse douleur, fabuleuse douleur!
Le temps des revendications est passé
Voici venu le temps hoquetant.
Hic! Hic!
Le hoquet que voilà ne craint pas le sursaut
Ne craint pas la gorgée de sang de gorge égorgée
Ni sursaut ni gorgée ne sauront l'interrompre
Nulle respiration retenue
Hic! Hic!
Voici venu le temps hoquetant!
La peur, la terreur
L'hallali!
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VOIX MASCULINE. Enfantivores!
Vous êtes l'haleine de l'Histoire!
Et on appelle cela un État!
Vainqueur sacrificateur
On appelle cela un État!
Voyez le sang : qui ordonne qu'il soit versé?
Les pères les pères!
Qui l'a versé?
Les fils les fils!
Tout homme qui tue un homme est un fils qui tue un fils
Nécessairement horrible nécessairement ;
Tout sang d'homme qui tache des mains d'homme
Nécessairement horrible nécessairement
Est le sang d'un fils qui tache les mains d'un fils!
Calme-toi, soumets-toi, obéis-moi!
Des pères, des pères!
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Nous vous forcerons à regarder une oeuvre d'art à la hauteur du siècle qui vous rappellera combien chaque époque mérite une beauté à la hauteur de ce qu'elle a produit en laideur.
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DOLOROSA HACHÉ. Clément... Vous saviez que Valéry avait eu un premier fils?

CLÉMENT SZYMANOWSKI. Anatole. Anatole est son prénom. Mais je ne l'ai jamais rencontré, Valéry n'en parlait que très rarement.

DOLOROSA HACHÉ. La mère, qui était-elle?

CLÉMENT SZYMANOWSKI. Il ne vous a rien dit? Elle s'appelait Mary Rose Sorow.

DOLOROSA HACHÉ. Sorow. Chagrin en anglais.

CLÉMENT SZYMANOWSKI. Elle est morte, il y a très longtemps.

DOLOROSA HACHÉ. Alors le chagrin est mort et la douleur est vive!

CLÉMENT SZYMANOWSKI. Pourquoi avez-vous dit : "Saviez-vous que Valéry avait eu un premier fils... " Pourquoi premier? Il n'y en a pas eu de second...

DOLOROSA HACHÉ. Je suis enceinte de lui... Je suis enceinte de lui, Clément!
(Elle s'apprête à sortir.)
Douleur.

CLÉMENT SZYMANOWSKI. Pardon?

DOLOROSA HACHÉ. Douleur. Il m'appelait Douleur et le répétait deux fois de suite : Douleur Douleur comme on dit catastrophe catastrophe!

CLÉMENT SZYMANOWSKI. Douleur Douleur.

DOLOROSA HACHÉ. Joyeux Noël, Clément.

CLÉMENT SZYMANOWSKI. Joyeux Noël, Douleur.
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- Ne t'avise pas,une seule fois, de mettre le pied dans cette vie qui est la mienne. Ne t'avise pas de t'y introduire par effraction, ne t'avise pas de t'approcher de moi. [...] Je m'appelle Dolorosa Haché. Une nuit comme celle-ci, c'était avant la fin du siècle, je suis rentrée chez moi et j'ai tué en leur tirant une balle dans la tête mes trois filles, Emily, Sylvia et Clarisse, sang de mon sang, vérité de ma vérité, puis j'ai tué de deux balles dans la poitrine, leur père. J'ai assassiné mes enfants et cette vérité est tout entière liée aux battements de mon cœur, à mes impressions, mes sentiments, ma vie, mes amours, ma raison, mon être, à tout cela qui n'est pour toi que du détail ! [...] Que feras-tu à présent de cette vérité? Y a-t-il, là, dans ta vie de maintenant, une vérité plus vivante, plus brûlante? Que feras-tu, enfant toi-même, que feras-tu, marionnette, garçon trop bien élevé, que feras-tu, dis-moi, de cette vérité?
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Vous connaissez le bien, et vous connaissez le mal, et votre choix est fait, votre monde est propre, votre conscience nette, votre vie faite, votre âme pure ! Vous avez de la chance car en ce qui me concerne, en prononçant le nom d'Anatole, j'ai l'impression de parler sous la torture, j'ai le sentiment infect de donner les dates, les lieux et les circonstances d'un mouvement auquel j'appartiens ! En donnant le nom d'Anatole, je donne le nom d'une jeunesse dévorée par les guerres et les catastrophes.
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