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Citations sur Le miracle de San Gennaro (13)

Si nous quittons l'Italie, m'a-t-il dit, il ne faudra plus y revenir. Nous y sommes encore, mais nous allons partir… pour l'Australie, pour l'Amérique… N'importe où, et il nous sera interdit d'y revenir. J'en ai eu le cœur serré. Mais pourquoi ? lui ai-je demandé. Pourquoi nous serait-il interdit de revenir en Italie ? Parce que pour nous l'Italie n'est pas un pays qu’on visite en touriste, non c'est un sentiment… Et lorsque l'on quitte un sentiment, on ne le retrouve plus, on ne fait que visiter des villes, on ne rencontre plus que des pierres et des gens. Or, l'Italie relève du domaine sentimental, comme l'amour, le dernier don que le monde puisse offrir aux apatride, et bientôt aux Italiens eux-mêmes - car beaucoup d'entre eux sont d'ores et déjà devenus des apatrides dans leur Italie adorée.
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La patrie qu'ils ont quittée de leur plein gré, cette patrie a cessé d'en être une pour eux, parce qu'en franchissant la frontière, c'est une sorte de communauté sentimentale qu'ils ont volontairement abandonnée. Et le monde dans lequel ils sont entrés ne les acceptera jamais.
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Un homme, un rescapé d'Auschwitz, qui aurait pu se rendre en Israël-pourquoi se suicide -t - il? Le vice-questeur réfléchit.
- Peut - être répondit - il avec lenteur, peut - être parce qu'il avait survécu à Auschwitz, justement.
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Aussi, les régimes fondés sur la violence apprécient-ils le savant et l'écrivain qui, tout en restant au pays et en se soumettant à sa législation, refusent d'adhérer au parti unique ou de proclamer leur allégeance au fascisme ou au communisme, adoptent même une attitude de résistance passive, quoique inoffensive , mais continuent de travailler dans leur domaine, permettant ainsi au pouvoir de proclamer à ses masses et au monde : "Vous voyez bien que nous ne sommes pas barbares. Voici un homme qui ne pense pas comme nous, mais que nous tolérons, oui, nous le laissons gagner sa vie, sans l'obliger à faire des déclarations contraires à ses convictions."
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La nuit tombait et nous étions toujours sur le balcon. Mais pas seuls : à Assise, on n'est jamais seul. Comment répondre, a-t-il poursuivi, à la question que tout le monde se pose ici ? La magie de cette ville est-elle due à Saint-François ou est-ce, au contraire, la magie de cette ville qui a fait Saint-François ?
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(...) Comment savoir la vérité sur les gens! Il y a trop de pays lilliputiens en Europe et trop de réfugiés! Pas étonnant si certains consuls d'Amérique ou d'Australie se méfient. (...)
_Au Chili, il s'est certainement passé quelque chose, répondit l'agent, inquiet. Le consul a refusé son visa à un acteur lituanien. Pour émigrer a Chili, il faut mesurer a moins un mètre soixante - dix.
Le vice- questeur inclina la tête en signe d'assentiment.
_ Comme Frédéric le Grand, précisa - t -il. Qu'est - il devenu ce comédien lituanien?
_ Il s'est inscrit pour le Canada, mais là aussi sa demande a été refusée. L'examen médical a révélé q'il avait le foie trop dur. On ne peut pas émigrer a Chili quand on ne mesure pas un mètre soixante dix. On ne peut pas aller au Canada quand on a le foie trop dur. Un Russe n'a pu obtenir son visa d'entrée aux Etats-Unis, parce qu'il est né à Saint- Pétersborg. Il n'avait pourtant que deux ans quand il a quitté cette ville avec ses parents...Devant l& commission, il a protesté. Léningrad, ce n'est tout de même pas la même chose que Saint- Pétersourg! a - t- il crié.
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Ces gens -là, qui viennent de derrière le rideau de fer, ils tiennent aux accents.(..) Sans doute, dans leur pays, les accents sont - ils importants. Leurs noms portent des accents et d'autres signes, d'ailleurs, sur les voyelles et même sur les consonnes. D'autres signes qui ressemblent à des accents...(...) L'accent fait partie de leur personnalité et s'ils le perdent, c'est un peu comme s'ils se reniaient.
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- Lorsqu'on écoute les gens venus de derrière le rideau de fer, on peut distinguer deux types de discours. Le premier est accusateur. C'était insupportable, clament-ils. Et lorsqu'on les interroge sur ce qu'ils ne pouvaient plus supporter, ils donnent des réponses tantôt simples, tantôt compliquées. Ils ne pouvaient plus supporter d'avoir été dépossédés de leurs terres, de leurs biens, de leur rôle professionnel. Ou ils ne pouvaient plus supporter les conditions de vie quasi primitives que le régime imposait à ceux qui n'appartenaient pas à la caste des privilégiés. Ou l'état de crainte permanente, l'atmosphère de suspicion générale. La peur , la nuit, chez eux, et le jour, à leur lieu de travail. La méfiance, la délation, l'appréhension qu'ils éprouvaient devant le responsable de l'immeuble. Plus grave, le soupçon entre époux, entre le père et le fils. Insupportables encore le changement, la disparition de leur environnement, la transformation dans leur vie privée et publique, de l'ordre auquel ils étaient habitués. Ils dénonçaient pêle -mêle la monotonie de la propagande officielle, la vacuité des librairies, des cinémas, des théâtres, les slogans que serinaient les postes de radio. L'obligation de croire à toutes ces absurdités, aux mensonges de la propagande officielle. Les défilés, les meetings, l'enthousiasme de commande, les rançons, les impôts, les chantages de toutes sortes, etc. De toutes ces plaintes individuelles, voyez-vous, se dégage une conclusion générale : les réfugiés venus de derrière le rideau de fer et les centaines de millions de personnes qui vivent encore là-bas ont été privés de toute humanité.... en vérité, on leur a imposé une réalité quotidienne à visage inhumain.
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Il appelait mécréants ceux qui nient fondamentalement la capacité de l'homme à se libérer par une révolution spirituelle intérieure, à se débarrasser du joug que lui imposent les différents systèmes sociaux... Au fond, il n'a jamais cru à une quelconque solution d'ordre social. Non, il ne croyait qu'à la rédemption.
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Apparemment, on ne naît pas impunément en Europe. Malgré les champs de bataille et les camps de concentration, malgré le rideau de fer et les polices secrètes, la Gestapo hier, la Guépéou aujourd’hui et Dieu sait quoi demain… malgré les infamies, la suspicion, l’indifférence des Etats petits et grands, le comportement aberrant des autorités, les bûcherons lituaniens et les journaliers hongrois blêmissaient sur le pont du navire, parce qu’ils devaient quitter ce continent où on leur avait tout pris. Naître ici, semble-t-il, est un privilège. Et pourtant, que signifie le fait d’être européen ? Il m’a dit un jour qu’il était bien difficile de répondre à cette question. S’agit-il simplement d’être un natif de ce continent ?... Nombreux sont ceux qui se mentent à eux-mêmes. Selon lui, être Européen, c’est partager une complicité. Mais il ne m’a pas précisé quelle complicité… Et il est mort sans me l’avoir jamais dit.
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