Citations sur Le justicier d'Athènes (38)
Mais enfin, qui se fait tuer pour ne pas avoir payé ses impôts ? Pendant toutes ces années à la brigade criminelle, j'ai vu des meurtres commis pour des motifs incroyables, mais la fraude fiscale, c'est la première fois. S'il fallait tuer tous les fraudeurs, la population du pays se réduirait aux fonctionnaires, aux employés du privé, aux chômeurs et aux ménagères. Serions-nous tombés sur un fou ? (p. 66)
Pas facile de s'endormir quand Charybde nous attend dans nos rêves et Scylla le lendemain au réveil.
... Ce billet entre mes mains, je ne sais pas quoi en faire. Pour finir je le remets à sa place. Il ne s'adresse pas à nous, mais à nos ancêtres, je ne me sens pas le droit de le prendre.
-"Monsieur le Commissaire, il faut absolument garder le secret, reprend Constantinidis dès que nous quittons le temple."
-"Impossible, monsieur, mais quelle importance? Ils auraient pu se suicider dans les toilettes, dans une chambre, au Jardin National... S'ils l'ont fait à l'Acropole, c'est pour des raisons bien précises."
-"Si cela s'apprend, nous risquons d'avoir moins de fréquentation, à un moment où nous ne pouvons pas perdre un seul visiteur. Les gens sont parfois superstitieux..."
-"Vous avez lu le message?"
-"Bien sûr. Dès que je les ai vus."
-"Vous et moi, nous faisons partie des descendants, si vous ne l'aviez pas compris."
Et j'entame la descente vers la SEAT.
Vers des jours encore pires.
(page 145)
La crise
Un magasin sur deux est fermé. Un feu rouge nous arrête. Je vois à droite une vitrine qui, au lieu d'exposer des vêtements ou des chaussures, est couverte d'affiches. Une pour du théâtre, une autre pour un ballet, une troisième pour un chanteur. La boutique semble dire : Puisque tu ne peux pas acheter, va t'amuser. Dans un coin, une affichette A louer, surmontée d'une autre A vendre, le propriétaire n'a pas de préférence.
- Ce pays ne doit pas connaître une nouvelle génération de la défaite.
Silence général. Chacun de nous doit penser à une défaite différente. Zissis a la sienne, Adriani et moi avons la nôtre, Katerina et Phanis une autre encore. Le point commun étant que nous sommes tous vaincus, chacun à sa façon et de son point de vue.
Ce n'est pas drôle de voir l'opinion publique maintenue dans l'ignorance et l'obscurité, alors qu'un assassin agit impunément. Ce n'est pas drôle non plus de voir les médias informés par l'assassin lui-même et non par les agents de l'Etat concerné.
– Tu t’en es bien tiré encore une fois, commissaire, me dit Sotiropoulos. Tu es lent, ringard et chiant, mais tu t’en tires toujours.
– Tu as raison, Sotiropoulos. Lent, ringard et chiant, je sais.
– Peu importe. J’en connais d’autres qui parlent beaucoup et ne font rien.
– Tu as compris ce qu’il nous a dit ? demande-t-il.
– Oui. Que Merkel collecte les impôts avec de la ciguë. Que les constructions illégales et les pots-de-vin sont le symbole du développement. Si tu n’es pas corrompu, tu fais du tort au pays en aggravant la récession.
– Tu veux que je t’avoue tout, monsieur le commissaire ? Encore un type comme ça, et je prierai en cachette pour qu’on ne trouve pas l’assassin.
– D’ailleurs vous le savez, vous aussi : autrefois on disait, le salaire plus les primes. Aujourd’hui on a le salaire moins les coupes. C’est là le meilleur résumé de la crise.
Parole de fraudeur
Moi, je refuse de donner à l'Etat le moindre euro. Cet État dévore sans rien donner aux citoyens. Ce qu'il reçoit, il le gaspille et en redemande sans arrêt. Seulement cette fois, j'ai donné pour sauver le pays. L'Etat et le pays, ça fait deux.