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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman m'a beaucoup touché pour la force que la famille a dû déployer pour survivre, se déplacer et encore se déplacer.
Que les hommes sont cruels et bêtes parfois. J'ai reçu le témoignage de parents de tutsis établis en Belgique et partis rechercher les survivants. Quand je croiserai encore la jeune dame arrivée ici , ramenée par sa soeur, j'apprécierai plus la qualité de son sourire et j'admirerai encore plus son intégration parmi nous qu'elle a réussie grâce à sa famille belgo rwandaise.
Je ne m'imaginais pas l'horreur décrite par Scholastique Mukasonga et pourtant c'est écrit avec de beaux mots et avec force pudeur.
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A l'occasion du 20ème anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda, Gallimard réédite en collection folio le premier livre de Scholastique Mukasonga où elle raconte les persécutions qu'ont connues sa famille entre 1950 et 1994. En France au moment des évènements tragiques qui ont frappé la population Tutsi et où la quasi-totalité de sa famille a perdu la vie, souvent dans des conditions atroces, la vie de Scholastique Mukasonga bascule dans la douleur de se savoir une des seules survivantes. Il lui a fallu attendre 10 ans pour avoir la force de retourner au Rwanda sur la trace de ses chers disparus auxquels elle dresse un mémorial à travers le récit de sa vie. "J'avais en charge la mémoire de tous ces morts : ils m'accompagneraient jusqu'à ma propre mort". Récit bouleversant mais nécessaire, pour ne pas oublier.
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Hutus et Tutsis sont les deux principales ethnies qui peuplent le Rwanda. Les premiers ont massacré les seconds. Chacun se souvient du génocide de 1994.En réalité les hostilités envers les tutsis sont bien plus anciennes que cela ; 1994 n'en est que l'apogée. Les tutsis sont les parias, les cafards. Ils doivent être éradiqués….
Scholastique Mukasonga à qui l'on doit l'excellent Notre –Dame du Nil est une rescapée de 40 ans de massacre. 37 membres de sa proche famille ont péri.
Dans ce premier ouvrage, Scholastique Mukasonga, qui depuis vit et travaille en France revient sur sa jeunesse passée à fuir les humiliations, à se cacher, à trembler pour les siens, mais aussi à penser, construire son avenir.
Ce récit montre la lente installation d'une entreprise de destruction à l'encontre des rwandais.
Son écriture est sans effets, sans artifices inutiles. Elle va droit à l'essentiel pour interpeller le lecteur sans exagérer ni sombrer dans la caricature. Cela donne une force indescriptible à ce récit, et une humanité perceptible.
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Inyenzi ou « cafard » est le terme par lequel les Hutus désignaient les Tutsis durant le génocide de 1994 au Rwanda. Scholastique Mukasonga trace de cette période un récit saisissant mais elle rappelle surtout que l'oppression de son peuple n'a pas débuté avec l'assassinat du président Juvenal Habyarimana le 6 avril 1994. Les racines du mal qui a rongé son pays remontent en effet beaucoup plus loin.

(Lire la suite)...
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De la même auteure, j'avais lu "Notre-Dame-du-Nil", très intéressant et édifiant. "Inyenzi", lui, est un récit strictement autobiographique et clairement relié à l'histoire du Rwanda. Personne n'a oublié le génocide qui a conduit à l'extermination de centaines de milliers de Tutsi en 1994. On dit que « l'homme est un loup pour l'homme »; mais c'est faire injure aux loups, qui tuent uniquement pour se nourrir…
Scholastique Mukasonga avait trois ans lorsqu'elle fut déportée avec sa famille dans une région inhospitalière. Surveillés par des militaires, livrés à eux-mêmes pour leur subsistance, victimes d'exactions, humiliés, les Inyenzi ("cafards") ont survécu là, vaille que vaille, pendant des années. Par chance, la très jeune fille réussit – malgré les quotas instaurés par le gouvernement – un concours qui lui permit d'entrer dans un bon lycée de la capitale, puis de faire des études d'assistante sociale. Ses excellents résultats scolaires ne la protégèrent pas des humiliations de la part des élèves hutu. Finalement, en grand danger de mort, elle s'enfuit au Burundi, puis épousa un Français. Elle vit maintenant en France.
Elle est une survivante – ou plutôt, comme elle le souligne, une « sous-vivante » car elle a eu d'énormes difficultés à vivre après l'extermination de sa famille restée au Rwanda. Sa visite au pays natal, dix ans après, fut pour elle une expérience funèbre. La victoire du FPR tutsi et la relative pacification n'efface pas sa douleur.
On a du mal à imaginer cette culture de la haine, qui s'est développée librement pendant des décennies, sous le regard indifférent (ou même bienveillant) de la communauté internationale, sans nette opposition de la part de l'Eglise très présente au Rwanda. Même s'il y a eu un élément déclencheur (l'attentat contre le président hutu), le génocide de 1994 était prévisible de longue date.
Hélas, la folie pourra encore et toujours saisir les peuples fanatisés par des semeurs de haine. Au Rwanda et dans le monde entier, rien ne sera jamais gagné: « Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde ».
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Scholastique Mukasonga revient sur son enfance et sa jeunesse rwandaises. Son témoignage met en évidence les mécanismes de haine et de stigmatisation annonciateurs du génocide de 1994, qui fut précédé de plus de trente ans de persécutions.
Les premiers pogromes contre les Tutsis commencent dès 1959. le père de Scholastique est alors secrétaire comptable du sous-chef de la province de Butare. Il n'est pas, comme certains imaginent les Tutsi, un aristocrate possesseur de grands troupeaux, mais il sait lire et écrire. L'auteure a quatre ans lorsque sa famille, avec beaucoup d'autres, est déportée vers le Bugesera, savane quasi-inhabitée, peu fertile et infestée par les mouches tsé-tsé. Portés par l'espoir d'un prochain retour chez eux, les exilés organisent leur survie dans cette brousse. Ils souffrent de la faim, couchent sur de la paille criblée de parasites. Même se procurer de l'eau est difficile : contrairement au reste du Rwanda, la région est très sèche. Par ailleurs contraints de cultiver du café pour le compte de compagnies belges, ils doivent lui sacrifier leurs propres plantations.

En 1962, le Rwanda devient indépendant. Suite à des élections truquées, et avec la bénédiction des belges et de l'église catholique, s'instaure ce que l'ONU désignera comme "la dictature raciale d'un seul parti". La répression envers les tutsi s'intensifie, des milliers d'entre eux sont massacrés, plus de 150 000 autres fui dans les pays voisins. Ceux qui restent sont réduits à l'état de parias. Surnommés les Inyenzi (les Cafards), ils subissent au moindre prétexte arrestations arbitraires (qui équivalent souvent à un arrêt de mort) et expéditions punitives, la hiérarchie catholique et les instances internationales préférant dénoncer le terrorisme Tutsi plutôt que les violences dont ils sont victimes.

Un nouvel exil emmène la famille Mukasonga à Gitagata, où l'on dit les récoltes meilleures. C'est là que les parents de Scholastique passeront le reste de leur vie, et seront tués. En attendant, le père se démène pour que ses enfants puissent poursuivre des études. Bien que préférant les travaux des champs et de la maison, Scholastique va donc à l'école, empruntant des sentiers détournés pour éviter les patrouilles de militaires à la gâchette facile qui laissent parfois des cadavres dans les fossés, à la vue des enfants. Elle y apprend l'histoire occidentalisée d'une Afrique caricaturale qu'elle ne reconnait pas. En 1968, elle est reçue, contre toute attente (les quotas ethniques étant rarement respectés), au concours pour intégrer le secondaire, et intègre un lycée catholique où son statut de Tutsi la condamne à la solitude, à l'humiliation et au rejet.

Elle doit d'avoir échappé au génocide au fait que ses parents les choisissent, son frère aîné André et elle, pour survivre. Nous ne sommes qu'en 1973, mais la famille comprend qu'elle est en danger. Scholastique est envoyée au Burundi y poursuivre ses études d'assistante sociale.

"Il fallait bien que quelques-uns survivent, gardent la mémoire, que la famille, ailleurs, puisse continuer".

Elle voit ses parents pour la dernière fois, sans le savoir, en 1986. Elle est alors mariée à un Français, a deux enfants, et ne vit plus au Rwanda.

Au-delà du témoignage, déjà précieux, sur les prémisses du massacre à venir, notamment permis par l'aveuglement international, "Inyenzi ou les Cafards" est aussi celui d'une survivante qui s'est donnée pour mission de porter la mémoire non seulement de ses morts (elle a perdu dans le génocide 37 membres de sa famille) mais aussi de tous les autres. Il s'agit de recevoir en dépôt leur mémoire, pour qu'ils ne disparaissant pas tout à fait, pour contrer l'entreprise d'annihilation dont ils ont été victimes.

L'écriture de "Inyenzi ou les Cafards" a fait suite à son premier retour au Rwanda après le génocide, en 2004. Il lui a fallu dix ans pour trouver le courage d'effectuer ce voyage, d'y trouver les lieux où sont morts ses proches, d'interroger, de tenter de reconstituer, parmi les bribes échappées de la chappe de silence et du déni euphémisant qui fait désigner les millions de morts comme les "événements malheureux", les circonstances de leur fin.

Le récit est d'une grande sobriété, et l'on comprend aisément le choix d'une narration un peu distanciée : l'horreur des faits est suffisamment éloquente, et l'auteure a probablement souhaité mettre en retrait sa propre douleur, infime, écrit-elle, par rapport à celle qu'ont subi les morts de 1994.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une Inyenzi, un cafard, voilà ce qu'était Scholastique Mukasonga au Rwanda. À travers sa tragique histoire personnelle, c'est celle de tous les Tutsis qu'elle nous expose. de l'indépendance aux massacres et au génocide, qu'elle n'a pas connu, car elle s'est réfugiée au Burundi dans les années 70. Un livre bien écrit, très intéressant pour qui veut en savoir plus sur l'histoire de ce pays, où les anciens colons belges, français et allemands ont leur part de responsabilité dans le génocide. On peut cependant regretter les phrases masquant mal une certaine rancune vis-à-vis des hutus, alors que des efforts indispensables ont été fait pour la réconciliation. Mais à la lecture de ce témoignage, comment ne pas comprendre ?
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Et je lis le premier roman de Scholastique Mukasonga et j'en suis tellement émue. C'est horrible ces personnes qui ont vécu autant de temps avec cette certitude qu'ils allaient mal finir😭😭😭.

Possible TW, certaines descriptions des massacres peuvent être graphiques.
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