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Critique de jlvlivres


Ca y est, je viens de recevoir l'oeuvre quasi complète de Herta Müller, Prix Nobel de Littérature 09, soit en tout 3 romans « La Convocation » (01, Métaillé, 210 p.), « le renard était déjà le chasseur » (rééd. 09, Seuil, 238 p.) et « l'homme est un grand faisan sur terre » (88, Maren Sell, 106 p.). A vrai dire sur les 23 livres qu'elle a publié en allemand, soit à peu près 1 par an depuis 82, seuls ces 3 ont été traduits en français (6 en suédois, (pourquoi ?) 5 en anglais, 4 en espagnol, 3 en portugais et 3 en italien). Ce qui fait peu…
On a presque tout dit sur elle ; à défaut de le dire de ses livres. Elle fait partie de la cinquième littérature allemande (en plus des deux Allemagne, Suisse et Autriche), son enfance en Roumanie dans une partie germanophone (vie qu'elle décrit dans « Niederungen » (« Dépressions », annoncé en 88 chez Maren Sell, mais jamais édité)
J'ai donc attaqué par « l'homme est un grand faisan sur terre » qui date de 86. A l'époque cela était sorti dans la petite collection rouge, excellente collection de littérature européenne en fait Petite Bibliothèque Européenne du XX siècle). Je me souviens de « du rouge à lèvres sur l'hostie” de AC Matthews, de « Café de l'Europe » de A Kuh (ah ces délicieux cafés de Prague, pas ceux de la place de la vieille vile, les autres), de « Yossel Rakover s'adresse à Dieu » de Z Kolitz (un court récit sur la Shoah. Bref, revenons au grand faisan. Une suite de petites histoires courtes (1-2 p.) avec Windisch comme fil conducteur, qui parcourt le village (roumain) avec son vélo. Depuis deux ans (et deux cent vingt et un jours), Windisch attend (« le temps n'a plus d'aiguilles » ) surtout son passeport car il veut émigrer, (naturellement que le maire ne lui donne pas, mais encaisse ses sacs de farine). Un jour, ils partiront cependant, par l'ornière grise et lézardée que Windisch empruntait pour rentrer du moulin. Mais plus tard, ils reviendront un jour d'été avec des objets de l'Ouest, revêtus des vêtements qu'on porte à l'Ouest, de chaussures qui les mettent en déséquilibre dans l'ornière de leur village. Pas simple de tout laisser.
Il y a aussi Rudi, qui lui a pu aller en Russie, et en ramène des souvenirs qui émerveillent Windisch. Et aussi les parents de Rudi (arrière et grands parents), ces derniers ont été enrôlés par les allemands (histoires tenaces dans le village). Et le curé ou le policier qui « cherchent avec les femmes » les documents (certificat de baptême ou passeport) que leurs maris demandent.
Et puis aussi ces ragots et histoires fantasmatique, comme ce « pommier qui dévorait ses propres pommes » et que l'évêque (« L'évêque avait écrit une lettre au curé. En latin. le curé du haut de la chaire lut la lettre. A cause du latin, la chaire semblait très haute ») condamne à être « brulé vivant » et dont la fumée ou « brouillard de pomme » va rester sur le village « jusqu'à la première pluie ». ce genre de phrases, on le retrouve tout au long des textes «La nuit le village est très grand, se dit Windisch, et le bout du village est partout» ou encore « le veilleur de nuit dort sur le banc devant le moulin. le chapeau noir rend son sommeil doux et lourd, comme du velours ».
le petit livre est très bien écrit. Des phrases brèves souvent d'une seule tenue (sujet, verbe, complément). On pourrait comparer cela à de brefs coups de pinceaux, qui s'ajoutent, dessinent le personnage puis finalement le cadre. le titre est parait il tiré d'un proverbe roumain, mais je n'ai pas réussi à en savoir plus, et ce n'est pas la suite du livre qui pourrait aider. La seule piste un proverbe polonais « le loup qui invite un faisan à diner n'aura pas besoin d'un petit déjeuner »
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