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Critique de Tachan


C'est la couverture colorée et poétique de cette BD qui a accroché mon oeil sur les étals de ma librairie. Je ne savais pas du tout au début que c'était l'adaptation d'un roman d'une autrice que je lisais enfant, Marie-Aude Murail, et ce fut donc un argument supplémentaire à mon achat compulsif, de même que le fait que ce soit édité chez Rue de Sèvres, chez qui il y a toujours de très beaux livres.

Ici, nous sommes donc en présence du premier tome adaptant le roman éponyme de Marie-Aude Murail. Son éditeur nous le propose sous une très jolie forme : avec sa reliure dont le dos est en tissu bleu et ses pages de gardes qui rappellent celles des livres anciens. L'objet est de toute beauté !

Quand on ouvre le ravissement continue à nous saisir grâce au travail d'adaptation de Loïc Clément et Anne Montel, qui semblent avoir l'habitude de travailler ensemble, puisqu'ils ont publié le temps des mitaines et Les jours sucrés chez Dargaud, Chroniques de l'île perdue chez Soleil Métamorphse, Les contes des coeurs perdus : Chaussette chez Delcourt, Professeur Goupil et A la recherche du père noël chez Little Urban ou encore Mille milliards de trucs (et de moutons) chez Belin. C'est un duo professionnel capable de réalisations de toute beauté et c'est encore le cas ici.

J'ai été enchantée par l'adaptation en bande dessinée du roman Miss Charity. L'univers graphique est magique. J'ai beaucoup aimé la mise en page sans les lignes fermées des cases. J'ai beaucoup aimé la colorisation et son effet aquarelle qui retranscrit très bien la douceur de ce récit sur l'enfance. Et j'ai beaucoup aimé le petit grain de folie du coup de crayon qui correspond bien à la personnalité de l'héroïne. L'ensemble donne une ambiance magique et naturelle à la fois dans laquelle on retrouve à merveille l'univers du XIXe siècle vu par une fillette anglaise de la gentry.

L'histoire, qui peut rappeler celles de la Comtesse de Ségur chez nous, est assez classique. Elle met en scène une fillette d'une famille aisée qui grandit un peu toute seule et surtout se prend de passion pour la nature qui l'entoure et les créatures qui la peuple. Cette petite Miss Charity est un vrai rayon de soleil, à l'imagination débordante, qui porte un regard neuf et original sur le monde qui l'entoure, monde que je connais assez bien grâce à mes lectures sur l'époque victorienne.

Je suis de suite tombée sous le charme de ce petit tourbillon. Charity court partout, attrape toute sorte de bêtes, les étudie, se passionne pour elles, s'attache à elles. Elle ne ressemble en rien à la fillette bon chic bon genre que sa mère voudrait qu'elle soit. Elle détonne dans sa maison familiale mais également dans sa famille au sens large, sauf que c'est cette singularité qui fera sa richesse. A travers elle, c'est le portrait de la Gentry anglaise que les auteurs nous font. Une société où l'enfant n'est qu'une décoration et non un individu. Une société où les apparences sont très importantes, où il faut se montrer pieux, où les filles sont cantonnées au rôle de bel ornement et de future bru, etc. Une société étouffante dont l'héroïne va se moquer pour laisser libre court à sa passion, comme seuls les enfants savent le faire.

Ainsi, c'est passionnant de la voir interagir avec la nature, faire tourner en bourrique sa bonne puis sa gouvernante, détonner au milieu de ses cousins et cousines. Charity est l'électron libre qui va animer toute l'histoire, une histoire qui a tout de la tranche de vie, plus que d'une aventure. La narration est tranquille, un peu contemplative. J'y ai retrouvé des similitudes avec Raison et sentiments de Jane Austen, notamment dans le ton et l'ambiance. Pour autant, je ne me suis pas ennuyée un instant, j'ai été emportée par la magie qu'insuffle l'héroïne, une magie enfantine, celle d'une enfance peut-être fantasmée qui transforme tout grâce au regard plein d'imagination de Charity, comme le jeune Marcel dans La Gloire de mon père et le Château de ma mère de Pagnol, même si ici les interactions avec les parents sont cruellement absentes.

Comme je l'ai pressenti en tombant sur cette superbe couverture, j'ai été enchantée par ma lecture de Miss Charity et surtout par ma découverte de son héroïne et de son univers naturaliste sublimé par les dessins de Loïc Clément et Anne Montel. Avis à tous les fans de nature et d'enfance, ce titre est fait pour vous !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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