Citations sur Le Meurtre du Commandeur, tome 1 : Une idée apparaît (113)
Si je fixais mon regard dessus, je discernais diverses possibilités lesquelles finiraient bientôt par converger avant de déboucher en une piste concrète. J'aimais cet instant. L'instant ou présence et absence allaient se mêler.
Ensuite, pendant encore presque une demi-heure, je restai assis sur le tabouret à contempler fixement le portrait. Même s'il s'agissait de ma propre création, elle dépassait ma logique et ma compréhension. Je ne pouvais déjà plus me rappeler comment j'avais pu peindre pareil tableau.
Je n'avais aucune garantie quant à l'achèvement du tableau. Son accomplissement n'était qu'une simple possibilité. Il y avait encore quelque chose qui manquait. Quelque chose qui devait être là et se plaignait d'être absent. Ce qui manquait frappait de l'autre côté de la fenêtre séparant la présence de l'absence. Je percevais ce cri muet.
Ce fut plus difficile d'obtenir cette couleur que pour le vert. Parce que ce n'était pas seulement une couleur. Elle devait être liée, par ses racines, à une émotion irrépressible. Une émotion incoercible, captive du destin, et cependant inébranlable.
Et cette toile n'était pas seulement une « peinture magique ». il se déployait là, clairement, une énergie d'une espèce peu commune, débordante. En tout cas, pour les amateurs ayant la moindre connaissance des beaux-arts, cela sautait aux yeux. Le peintre avait insufflé à sa peinture quelque chose qui trouvait un écho au plus profond du cœur des spectateurs, il y avait mis une force suggestive qui invitait leur imagination à s'envoler vers un autre horizon.
Moi aussi, j'aimerais pouvoir me comprendre. Mais ce n'est pas facile.
Sans cause, pas d'effet. De même qu'il n'y a pas d'omelette si l'on n'a pas cassé des œufs.
Ce sont les conséquences, dans la plupart des cas, qui nous permettent de déterminer si les choses sont raisonnables ou pas.
Même placé dans une situation des plus favorisées, tout homme est confronté à l'obligation de réfléchir.