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4,1

sur 1219 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mais qu'est-ce qui fait que c'est si prenant, si bon de se plonger dans ce roman?

Pas facile de saisir ce qui me plaît tant chez Murakami, c'est quelque chose de subtil, dans l'atmosphère du livre, dans l'écriture, dans les réflexions des personnages... Il y a de la douceur et de la profondeur, de l'humour aussi - L'«Idée» qui prend la forme du Commandeur m'a bien fait rire avec sa drôle de façon de parler (et bravo à la traductrice, Hélène Morita), surprenante et réjouissante, en décalage avec ce que sa dimension fantastique et poétique pourrait faire attendre.
Beaucoup de choses mystérieuses aussi. Des mystères qu'on pourrait qualifier d'ordinaires: Pourquoi la femme du narrateur décide-t-elle de le quitter? Des mystères qui ont leur rôle dans la trame narrative: Pourquoi Tomohiko Amada a-t-il dissimulé son tableau représentant le meurtre du Commandeur dans le grenier? Des mystères poétiques, troublants: Que penser de l'étrange rencontre avec l'homme sans visage du prologue dont le narrateur nous dit: « je savais bien que non, ce n'était pas un rêve. Si c'en était un, ce monde lui-même dans lequel je vivais était également fait de l'étoffe des rêves. »? Et puis il y a les mystères de la création bien sûr - Qu'est-ce qui fait qu' « Une Idée apparaît »? Qu'est-ce que peut bien être cette chose qui tend la main vers l'artiste et appuie sur l'interrupteur caché à l'intérieur pour mettre en route le courant?

Une fois encore c'est bon de se laisser glisser, flotter dans cet univers singulier d'une apparente simplicité, d'une si belle étrangeté qui semble naturelle, qui n'a rien de déroutant tant elle sonne juste et profond. Murakami a une façon bien à lui de tisser le quotidien bien réel et l'invisible qui me charme et m'emporte.
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Une histoire nippone, mélange de vie quotidienne et de fantastique.

Un couple se défait, un portraitiste parcourt le Japon en voiture avant de se fixer dans une maison prêtée par un ami. Cette maison isolée dans la montagne est celle de son père célèbre pour ses oeuvres d'art de style traditionnel. Près de la nature, il retrouve une vie calme, jusqu'à la découverte d'un tableau, jusqu'à la rencontre d'un voisin et surtout jusqu'à ce qu'une mystérieuse clochette le réveille dans la nuit et le plonge dans une aventure de l'irréel.

Une lecture à l'évolution lente, où l'intrigue se met peu à peu en place, où une rencontre anodine dans un chapitre ne prendra son sens que plusieurs centaines de pages plus loin.

Murakami a le talent de plonger dans l'âme de ses personnages, de raconter les petites choses de la vie de tous les jours pour mieux nous faire accepter la part d'étrange qu'il fait intervenir ensuite. le héros est divorcé, on aura des pages sur l'amour et la vie de couple, et comme il s'agit d'un peintre, il sera question de créativité, de l'art qui permet de gagner sa vie, et sur l'inspiration qui motive l'artiste.

Un bon roman qui nous amène bien loin de nos préoccupations quotidiennes tout en apportant des réflexions existentielles qui titillent notre esprit :
« — La question réside dans la capacité de considérer une Idée comme une entité autonome, c'est ce que vous voulez dire ? » (10/18, p. 423)
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J'ai commencé à lire Murakami par son autobiographie “Profession romancier ». En dehors d'une grande quantité de croustillantes anecdotes et de très intéressants points de vue à propos de son métier, il y avoue être quelqu'un de simple, sans histoires, ayant vécu une enfance heureuse et n'ayant subi rien de plus ni de moins que le plus banal des mortels. Ce n'est pas l'idée que l'on se fait de l'écrivain à succès. En en faisant le commentaire à une amie japonaise, elle m'a conseillé, entre autres, la lecture de « le meurtre du commandeur ».
Un peintre portraitiste qui abandonne son métier pour parcourir le Japon sans but précis au bord de sa Peugeot 205, quelques amantes sans consistance, un tableau mystérieux trouvé dans le grenier de l'ancienne maison d'un peintre célèbre, un homme riche à l'épaisse chevelure habitant seul une maison trop grande pour lui, une clochette qui sonne intempestivement à une heure du matin. Pas de quoi, a priori, tenir le lecteur en haleine cinq cents pages durant. Et pourtant.
Murakami a l'art de rendre attachant le plus fade des personnages, intéressante la description d'un trou dans un jardin, vraisemblable l'apparition sur un fauteuil d'un guerrier bien vivant de cinquante centimètres. Tout au long du récit, des histoires s'imbriquent sans que leur lien ne saute aux yeux. On se demande tout le temps où cela pourrait bien nous mener, mais sans arriver non plus à décrocher. En apparence il ne se passe rien, mais on continue à lire avec intérêt. Puis, petit à petit, imperceptiblement, le sens de tout ça se manifeste, les personnages commencent à se lier les uns aux autres et chaque passage du livre nous revient avec une valeur ajoutée. du grand art !
Cette oeuvre étant proposée en deux livres, je ne commente ici que le premier. Il me tarde de lire le deuxième mais, déjà, je ne peux que recommander celui-ci.

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L'(les) intrigue(s) :

Tout commence par la découverte d'un tableau parfait, un chef-d'oeuvre envoûtant et bien caché, qui représente une scène d'une violence extrême : l'issue fatale pour le Commandeur du duel qui l'oppose à Don Giovanni dans l'opéra de Mozart (mon opéra préféré!).
A partir de là, les jeux sont faits, rien ne va plus, la réalité va se déliter petit à petit et laisser entrapercevoir le Mystère...

Je me refuse à en dévoiler plus. Car il faut lire cette histoire, et donc la vivre, pour en recueillir tout le suc.
Voici comment faire : balancer logique et rationalité par dessus les mûrs, sortir du cadre, se laisser doucement emporter par le Maître... et POF! on se retrouve plongé dans un monde où la frontière entre rêve et réalité est introuvable, et où les seules choses qui sont à craindre sont les double-métaphores.

L'écriture :

L'histoire de ce roman est rédigée d'une écriture simple au rythme lent, dans lequel un narrateur unique suit une progression chronologique des plus ordinaire. Le style limpide et la précision de descriptions souvent anodines d'un quotidien banal contrastent fortement avec l'étrangeté de l'intrigue, et contribuent à installer une atmosphère de rêve éveillé.
Le récit, loin d'être linéaire, part dans tous les sens, dans un feu d'artifice d'énigmes et de pistes, dont la plupart se révéleront sans issue (des pétards mouillés !).
L'auteur use de son incomparable talent de conteur et exploite des techniques éprouvées pour ferrer le lecteur et le garder fermement accroché tout au long des 2 tomes. Ainsi, quasiment tous les chapitres se terminent sur une interrogation, un suspens ou une attente. Le lecteur passe ainsi de l'un à l'autre, dévoré de curiosité. C'est la technique du feuilleton, façon XIXème, avec en tête de chapitre, un titre évocateur, suggestif, voire humoristique.

Les personnages principaux :

Ils sont tous confrontés à un choix : se réaliser ou non, appréhender la vérité ou non, s'affranchir des contraintes ou non...

- le narrateur, peintre-portraitiste, évolue énormément au cours du roman, tant dans sa manière de percevoir ce qui l'entoure que dans ses actions. On le rencontre satisfait, fuyant les relations sociales dans un environnement pépère, confortable et rassurant. S'en étant fait jeter, il aborde une période d'errance existentielle à la suite de laquelle, renouant avec ses aspirations de jeunesse, il s'installe dans une maison isolée dans la montagne, afin d'y peindre en suivant son inspiration. Il prend peu à peu de l'assurance, s'affermit et s'implique. Il s'ouvre aux mondes (le réel et l'irréel).

- Menshiki, le voisin de la montagne d'en face, est son antithèse. Pourvu d'une remarquable chevelure blanche, fort riche, très élégant et conduisant des voitures de légende, il incarne la réussite. Charismatique, il est sûr de lui, à l'aise dans toutes les situations, et prompt à agir (s'il en a décidé ainsi). À la certitude, cet homme décidé va préférer le doute car ce dernier lui semble plus sécurisant dans la mesure ou il est la marque que quelque chose d'autre, de non-figé, existe quelque part.

- Masahiko, le meilleur (et le seul) ami du narrateur, est une crème. Compréhensif, intelligent, le coeur généreux, il est profondément humain (je l'adore celui-là).

- Marié, une autre voisine, est une adolescente sensible, peu loquace, dotée d'un imaginaire très riche, et d'une perception très juste des choses, qu'elles soient réelles ou non.

- du commandeur, de l'homme sans visage, de l'apprenti-métaphore, de Dona Elvira et de l'esprit-fantôme de Komi, comme de l'inconnu à la Subaru blanche, je ne dirai pas un mot.

Les thèmes (ou « messages ») :

- « La réalité ne se limite pas seulement à ce qui est visible ».

- L'art, la création, et surtout l'inspiration (dont Murakami nous donne, à travers le narrateur, une description fascinante).

- L'artiste, dans son oeuvre, outre la façade des choses, peut faire apparaître également, leur nature profonde, l'invisible, l'impalpable, l'émotion.
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Fichtre quel livre ! Ou bien devrais-je dire quels livres, car il y a assurément plusieurs livres dans ce livre.
Je me suis laissée tenter par ce nouveau Murakami, et j'ai drôlement bien fait.
L'écriture est superbe (merci la traductrice !), et l'histoire bien étrange.
J'ai eu l'impression plusieurs fois au cours de ma lecture d'être dans un rêve, d'avoir été transportée dans un univers onirique très particulier. En un mot comme en cent, c'est la première fois que je ressens cela pendant une lecture.
Il a une force incroyable, une narration étonnante, et surtout, des événements étranges qui se produisent et qui, finalement, ne gênent pas tant que cela le narrateur, un jeune peintre, qui est séparé de sa femme et isolé dans une maison loin de tout, qui fait la connaissance d'un bien étrange voisin et d'une clochette qui tinte capricieusement.
Il y a du Dorian Gray dans ce premier tome, mais également un peu de Stephen King, même si ce livre est au-dessus de ceux du maître du suspens américain.
J'ai beaucoup aimé, et l'ai dévoré en quelques jours.
Je viens de recevoir le second tome, que je vais également engloutir sans façon.
Pas facile d'en faire la critique car c'est fascinant, merveilleux, très dense, riche, foisonnant. Les thèmes de la Création, de l'Art, de l'Inspiration sont bien présents.
C'est un livre incroyable, et j'ai hâte de revoir "le Commandeur", cette "idée"qui apparaît de temps en temps.
Oui, décidemment, on ne peut pas faire l'économie de ce livre, tant il,est étrange et son univers si onirique et fantastique. Nous sommes entrainés bien malgré nous dans cette histoire de fous. Et c'est cela le talent de Murakami.
J'espère que le second tome sera à la hauteur du premier.
À suivre donc.

PS : je viens de publier un quiz sur cette oeuvre.
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Je ne pourrais pas mieux en parler alors :
"Qui sait si un autre monde s'ouvre près de nous, lorsque résonne la mystérieuse clochette à manche de bois d'un vieux sanctuaire nocturne et pierreux. de même, parmi les anfractuosités du moi, repose un autre monde auquel un rien, mais surtout une oeuvre d'art, permettront d'accéder. C'est tout l'art d'Haruki Murakami que d'associer un confort de lecture particulièrement aisé avec les mystères et les béances de la personnalité, jusqu'aux ténèbres du fantastique. Un brin kafkaïen (n'a-t-il pas écrit Kafka sur le rivage ?), il ne néglige ni les nouvelles, comme L'Etrange bibliothèque, ni les vastes massifs romanesques, comme la trilogie de 1Q84. le dernier opus, en deux volets, du romancier japonais emprunte cette fois son titre, non plus à Orwell, mais à Mozart : le Meurtre du Commandeur. Oeuvres dans lesquelles les résonances musicales s'associent aux résonances picturales et littéraires pour former un art poétique.
La suite de cet excellent article est à lire sur ce site mais peut-être après la lecture de ce chef-d'oeuvre afin de préserver la découverte surprenante des événements.
" http://www.thierry-guinhut-litteratures.com/2018/11/les-resonnances-musicales-picturales-et-litteraires-d-haruki-murakami-le-meurtre-du-commandeur-kafka-sur-le-rivage.html
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Du grand et introspectif Murakami, qui se dévoile touche après touche, doigté après doigté dans une histoire où les personnages trouvent peu à peu leur place.
Le portraitiste, qui sait deviner les secrets cachés des visages qu'il peint; Il décide, après une séparation brusque de sa femme, Yuzu, de se retirer du monde en acceptant d'occuper une maison inoccupée sur les montagnes, qui appartenait au grand peintre Amada Tomohiko, aujourd'hui placé pour démence sénile par son fils, ami de notre peintre.
Là il découvre un tableau peint par le maître bien caché dans le grenier. A partir de là une série d'évènements et de rencontres se succèdent comme des milliers de pierres qui dévalent le courant, notre peintre entre dans un monde à la lisière du fantastique et de la réalité.

L'art de décrire la réalisation du portrait est d'une grande puissance stylistique, elle m'a remué comme lorsque l'on rencontre les personnages hallucinants du livre, sans oublier chaque détail que Murakami en grand connaisseur nous fait partager, telle que la musique où l'on sent ses vibrations nous traverser, l'étude d'un livre qui nous donne quelques clés d'Histoire.

Les personnages sont disséqués avec une pondération toute japonaise, avec cette élégance des mouvements, des dialogues, où chaque situation est souvent répétée comme si nous devions bien réfléchir à tous les détails qui auraient pu nous échapper.


Un Murakami captivant et enveloppant dans sa nébuleuse intérieure mais toujours riche d'enseignement.
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Une immersion dans des paysages de forêts et de pluie, la participation de très près à la vie du principal personnage, à la fois ordinaire et fantastique. Cette écriture (traduction) si reconnaissable à la fois sensuelle et fluide, réaliste, presque documentaire. L'approche de la peinture est superbe, presque visuelle, l'auteur nous communique cette impression que peut laisser un tableau de manière magistrale.
L'intrigue est très prenante, rien n'est laissé au hasard, tous les détails, tous les événements même dérisoires, ont un sens... et tout se déroule lentement, les réalités se mêlent aux rêves, le monde reel au monde parallèle, il faut se laisser glisser sans résister pour apprécier ce livre.
Un grand Murakami qui ne nous lâche plus. Mais évidemment le mystère reste entier et annonce le deuxième tome.
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Ce premier volet du dernier roman d'Haruki Murakami nous entraîne sur les traces d'un jeune peintre qui s'isole dans une maison de montagne après que sa femme ait décidé de le quitter.
Dans la première partie de ce volume, l'auteur plante le décor de cette histoire envoûtante et mystérieuse jusqu'à faire entendre au narrateur le son d'une clochette au milieu de la nuit.
La rencontre de ce peintre avec un tableau de Tomohiko Amada, le meurtre du Commandeur, va le précipiter dans une suite d'événements inexplicables, à la frontière entre le réel et l'irréel.
Particulièrement prenant, ce roman replonge le lecteur dans cette ambiance mystérieuse à laquelle Murakami nous a habitués.
A travers le récit de petits événements du quotidien, le mystère se renforce jusqu'à ce que surviennent des choses extraordinaires.
La rencontre du narrateur avec un mystérieux personnage, Menshiki, constitue un des points de départ de cette intrigue.
Ce premier livre donne au lecteur l'envie de poursuivre le voyage.
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impossible de raconter ce livre de Murakami . Dès les 1eres lignes , je me suis trouvée emportée et "enchantée" par l'histoire et j'ai hâte de lire le 2eme tome. Comme toujours Murakami oscille entre réalité et rêve et la magie opère . Je connais des personnes qui restent hermétiques à son écriture mais moi je reste conquise .
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