La problématique commune à l'érotisme et à la relecture: c'est par la répétition que se fait l'apprentissage du plaisir. (p.65)
La relecture entraîne, engage; elle aiguise le sens critique. En creusant la distance, elle stimule la construction d'une pensée autonome. Relire ouvre le droit de se contredire, et de contredire les autres. (p.54)
La seule lecture digne de ce nom, la lecture créative, c'est la relecture. (p.42)
C'est la lecture qui fait l’œuvre, soumise à une perpétuelle actualisation, une constante remise en mouvement. La relecture n'existerait pas plus que le recopiage. Chaque relecture serait en réalité une nouvelle lecture. (p.35)
Roman total, Don Quichotte problématise, dès l'origine et de façon singulièrement explicite, la question du doublement du monde, de sa re-présentation. Il est le livre de la relecture par excellence, une bibliothèque portative en abyme à lui seul. (p.34)
. Le livre déploie sa partition, mais à la différence du mouvement contraint de la musique enregistrée que l'on écoute plutôt passivement, c'est la lecture qui joue avec le rythme, la vitesse, le timbre, qui manipule. La lecture serait plus proche de la pratique musicale que de l'écoute d'une pièce de musique.
En tant qu'écrivain, la relecture a ceci de particulier qu'elle peut être follement anarchique ; on ne sait pas ce qu'on cherche, dans ce moment particulier où l'on « fantasme des formes », au tout début d'un nouveau chantier, par exemple. On rêve à des formes possibles, à tâtons, et l'on s'empare de livres prélevés dans la bibliothèque pour les respirer plus que les relire, et parfois l'un vous emporte.