AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 334 notes
5
21 avis
4
62 avis
3
14 avis
2
4 avis
1
0 avis
Grace à ce livre, qui a obtenu le prix des libraires en 2011, je découvre cette autrice italienne, sarde plus précisément, laquelle est malheureusement décédée au cours de  l'été 2023. Ce livre nous donne à découvrir la culture sarde rurale avec ses croyances et rites ancestraux qui imprègnent la vie quotidienne. Trois aspects très particuliers sont évoqués dans cette histoire, ayant trait au rôle de mère.
 Tout d'abord la création d'un lien filial, une sorte d'adoption, par consentement entre la mère biologique trop pauvre pour élever sa quatrième fille et la mère adoptive, qui n'a pas enfanté. Maria Listru devient donc "Fill'e anima" de Bonardia Urrai, sans pour autant rompre les liens avec sa famille de naissance. La Tzia Bonaria, veuve de guerre avant même d'avoir été mariée, est âgée lorsqu'elle  accueille Maria, une petite de 6 ans dont le père est mort depuis longtemps. Elle lui offre éducation et sécurité matérielle et tisse avec elle une relation de confiance et de respect mutuels. Ce lien "Anima" m'a fait pensé à la pratique polynésienne du"Fa ' a ' amu", dons d'enfants entre familles et notamment pour des femmes sans enfant.
Plus tard Maria découvre, ce que tout le monde sait dans le village : Bonaria Urrai est l'Accabadora du village, celle qui aide à quitter ce monde. C'est une ombre furtive qui se glisse dans les maisons du village la nuit à la demande des mourants ou de leurs familles. Elle suscite crainte mais surtout un grand respect, l'Accabadora est considérée comme la ''dernière mère'', celle qui aide à mourir.
C'est aussi celle qui parfois aide a venir au monde, quand il n'y a pas de matrone pour aider la femme qui accouche.
Finalement, elle est une pierre angulaire de ce village. D'ailleurs tout le village sera présent et certains seront très ébranlés au moment de son décès. Sa fille, même si elle finit par admettre le rôle de l'Accabadora, sera longtemps tourmentée par la légitimité de ces actes. La longue agonie de l'Accabadora ne finit qu'avec le pardon accordé par Andriu qui lui reprochait le décès de son frère.
Écrit avec sobriété et des mots sardes nous sommes immergés dans cette culture un peu rude. le sujet est traité avec délicatesse et l'émotion n'est pas absence de cette histoire, qui nous rappelle combien l'accompagnement d'une personne mourante est source de  tourments et d'impuissance. J'ai été émue par cet écrit tout en retenue.


  

Commenter  J’apprécie          40
Littérature italienne

L'histoire commence en 1953. Maria, six ans, est la plus jeune fille d'Anna Teresa Listru. Au sein de cette famille pauvre, elle est considérée comme « une erreur après trois réussites ». Au village, la veuve Bonaria Urrai n'a pas eu d'enfant. Elle propose à Anna Teresa d'élever Maria. À partir de ce moment, Maria devient la «
filla de anima » (fille d'âme) de Bonaria.

La petite fille ne manque de rien et s'habitue rapidement à sa nouvelle vie chez la couturière. Un lien affectif se développe entre les deux personnages. Mais au bout de quelques années, leur relation est mise en péril lorsque Maria découvre la vérité sur les sorties nocturnes de Bonaria. Celle-ci est une « accabadora », autrement dit, elle aide à mourir ceux qui souffrent.

Michela Murgia nous dépeint l'ambiance d'un petit village de Sardaigne où l'on croit encore aux maléfices et aux superstitions. Bonaria est un personnage très intéressant. J'étais vraiment intriguée par elle. L'éloignement de Maria et sa nouvelle vie de gouvernante me sont apparus comme une rupture dans le récit. Par ailleurs, j'avais pressenti la fin, je n'ai donc pas été surprise par le dénouement.

Cependant, dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé ce roman : une belle écriture et un récit original. J'ai apprécié le ton de l'auteure. C'est un roman facile et agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          210
Une belle peinture de la vie dans la Sardaigne rurale de la première moitié du XXeme siècle.

Une belle exposition à l'entrelacement de la vie et la mort.
Un récit "féministe" dans le sens où il célèbre les femmes, leur capacité à lire les êtres, à accueillir les contradictions apparentes.

En le lisant, j'ai pensé à une chanson d'Angelo Branduardi, que j'ai écoutée enfant, "Bal en fa dièse mineur", danse macabre qui évoque elle aussi une relation à la mort qui fait partie de la vie.

J'ai aimé la découverte de Maria et Tzia Bonaria, suivre leurs évolutions...

Je ne connaissais pas cette romancière, que j'ai découvert avec l'annonce de son décès en août 2023.
J'ai aimé sa "voix", je pense que je lirai d'autres ouvrages de Michela Murgia.
Commenter  J’apprécie          30
Donner la vie. Donner la mort.

Avec « Accabadora » Michela MURGIA nous offre les mystères d'un petit bout de Sardaigne.
« Accabadora » ? Abracadabra ? Un titre qui évoque la formule magique, la sorcellerie…
Petit voyage dans le temps, nous voici dans les années cinquante, à Sorini, village de la Sardaigne profonde pas encore atteint par la modernité post guerre 39-45.
Il s'agit d'un roman d'ambiance, un roman âpre qui rapporte avec sobriété la vie, les us et coutumes d'une certaine ruralité : le temps rythmé par la nature, les travaux saisonniers, les fêtes religieuses, les superstitions, les sorts jetés, les rumeurs, les mesquineries, les conflits entre voisins mais aussi leur solidarité et ces usages particuliers dont on parle (donner un enfant à qui n'en a pas) et ceux que l'on tait, toujours en rapport avec la mort.
Deux héroïnes : Tzia Bonaria et sa fill'e anima (sa fille d'âme) Maria, son enfant "adoptée" à l'âge de 6 ans ou plutôt "cédée" par sa famille qui la considère comme une charge. Tzia lui apporte confort matériel, éducation, lui donne accès à l'école, lui explique la vie, ses règles jamais simples, lui dit la sagesse, en bref, lui apprend à grandir. Elles s'apprivoisent mutuellement et vivent heureuses, côte à côte, s'aimant d'un amour pudique tout en retenue et en pleine confiance. Tzia est un guide pour Maria.
Mais Tzia a un secret qu'elle cache à Maria : certaines nuits, elle disparaît sans donner d'explication, ombre mystérieuse dans les ténèbres. Tzia est « l'accabadora », « la dernière mère », celle que l'on vient chercher pour libérer les mourants, leur permettre une fin de vie digne. Maria le découvre brutalement, ne l'admet pas, la confiance s'effiloche, se rompt… Maria quitte l'île pour une grande ville, le monde urbain. Est-ce le bon chemin pour affronter son destin?

Avec une intrigue simple en apparence, l'auteure nous dit la modernité, l'actualité de rites ancestraux posant les questions qui taraudent encore et toujours notre société du XXI° siècle : c'est quoi la filiation ? la transmission ? le bien et le mal ? la fonction de la religion ? l'euthanasie est-elle un droit naturel ?
Roman écrit à mots comptés conjuguant rudesse et tendresse, il nous entraîne au plus profond des entrailles de l'âme humaine qui craint, doute, redoute et cherchera toujours à maîtriser l'inconnu : le grand mystère de la vie et de la mort.
Une belle citation : « le chagrin est nu. le noir sert à le couvrir, non à l'exhiber »
Commenter  J’apprécie          20
Maria a 6 ans quand elle est laissée par sa mère aux bons soins de Tzia Bonaria, "l'Accabadora". Elle devient ainsi sa fill'e anima. Tzia, lui offrira le confort, une éducation et de l'affection. Mais ce que Maria ne sait pas c'est que sa deuxième mère, cache un lourd secret...

On ne peut pas vraiment dire que j'ai succombé au charme de l'histoire que j'ai trouvée très décousue. J'aurais sans doute préféré qu'elle soit plus étoffée, notamment sur les liens qu'entretiennent Tzia et Maria. A mon sens c'était vraiment cela qui importait et qui aurait donné plus de poids lorsque la jeune femme découvre le secret de celle qu'elle considère comme sa 2nde mère. le passage à Turin m'a paru presque hors contexte et inutile même si avec le recul je me dis qu'il était nécessaire, mais encore une fois, celui-ci aurait pu être beaucoup plus développé.
J'ai cependant adoré découvrir la Sardaigne au fil des pages. L'auteure nous embarque complètement, on a vraiment l'impression d'être au coeur de cette communauté, de partager avec tous les habitants leurs croyances et leurs traditions. C'était une découverte totale pour moi car je n'avais jamais lu (en tout cas pas dans mon souvenir) de livre dont l'action se déroulait sur cette île et à cette époque.

Ce fut donc une lecture en demi-teinte pour moi.
Commenter  J’apprécie          30
Maria est une enfant non désirée par sa mère et orpheline de père. Heureusement pour elle, Tzia va la prendre sous son aile et lui donner l'amour que sa famille de sang lui refuse. Elle découvrira des années plus tard que Tzia est une Accabadora. L'autrice donne très peu d'indications sur la période à laquelle le récit se passe, mais je le situerai vers moitié du XXe siècle. L'autrice nous invite à découvrir les traditions et les coutumes d'un village sarde tout en nous amenant à réfléchir sur un sujet très actuel qu'est l'accompagnement vers la mort. C'est un sujet très délicat et je sais gré à l'autrice d'avoir eu la finesse de ne pas nous imposer sa vision des choses mais de nous donner plutôt à voir toute sa complexité
Commenter  J’apprécie          110
Maria Listru ne se pose pas de question lorsqu'elle prend la main de Tzia Bonaria, elle est à présent sa Fill'e anima, sa fille adoptive. Elle a 6 ans. Nous sommes à Soreni, un petit village sarde un peu isolé, fier de ses us et coutumes où adopter l' enfant d'une autre est une chose qui se fait..
Les années passent , Maria Listru se fait jeune fille, aime l'école et encore plus sa mère adoptive jusqu'au jour où le voile se déchire et de couturière Tzia Bonaria se révèle être l'Accabadora, celle qui aide le mourant à trépasser, celle qui est pour tout le village la dernière mère.
Mais ce qui ne serait sans doute qu'une "banale histoire", sous la plume de Michela Murgia devient un texte tout à la fois émouvant, poétique, respectueux du passage de vie à trépas, dans un décor inondé de soleil où la terre est dure et la vie difficile mais où l'entraide est indispensable ,où la transmission exige respect et abnégation.
Un roman lumineux.

Commenter  J’apprécie          280
J'ai trouvé ce livre dans une boîte à lire de mon hôpital favori, j'ai donc commencé la lecture sur place mais impossible de le finir. Donc je le reprends entièrement ce mois-ci et j'ai toujours autant de mal à le finir, son principal défaut : une lecture trop lente, son point fort : le thème du deuil bien abordé.
L'accabadora c'est une sorte de grande faucheuse qui emporte avec elle les morts d'ans un petit village sarde. J'aime ce contexte, presque à huis-clos, le côté folklorique de la Sardaigne m'est totalement inconnu et pourtant je suis un grand fan de contes et légendes venu du monde. Et pourtant ça ne me plaît pas, les personnages en dehors de Maria, l'héroïne, ne sont pas vraiment travaillés, il manque de la profondeur. le fond de l'intrigue, bien qu'elle soit quasi inexistante, ne me captive pas. Pourtant les chapitres courts donnent bien souvent un bon rythme, même dans une lecture posée mais ici ça ne passe pas. Bref, je n'ai pas apprécié.
Commenter  J’apprécie          80
Une histoire qui sent la ruralité, la superstition, la terre et la sororité.
Une étrange transmission de maternité entre une mère qui ne sait que faire d'une enfant de trop et une femme seule qui se sait mère sans l'avoir jamais été.
Les hommes sont absents, mutilés, patriarche mais jamais au premier plan.
La vie et la mort sont étrangement liées dans cette filiation qui n'échappe pas au jugement de cette jeune fille qui découvre avec effroi ce que fait cette mère d'adoption.
C'est un livre puissant, remarquablement écrit et d'une grande beauté malgré le sujet grave qui l'entoure.
Commenter  J’apprécie          70
Les rites et les coutumes ancestraux n'ont pas disparu par magie au tournant du XXe siècle. C'est le cas de l'accabadora, une vieille coutume sarde, qui aux yeux d'un profane ou d'un étranger, peut paraître cruelle.
L'accabadora est une pratique qui est née avec la souffrance des agonisants, c'est aussi le nom de celui qui la pratique. On n'avait alors que deux options : soit laisser souffrir un mourant, soit mettre fin à sa souffrance. L'accabadora est la pratique qui met fin à la souffrance.
Dans l'Accabadora de Michela Murgia, c'est une femme mûre et solitaire, vêtue de noir (on est en Sardaigne) qui réside dans le village, Tzia Bonaria Urrai , qui vient au chevet des malades. Et sa pratique mystérieuse, qui est aussi critiquée dans le village (on dirait une sorcière), elle l'utilise avec parcimonie.
Un jour, elle demande à Maria Listru, une veuve du village, de lui confier sa fille Maria, pour l'adopter définitivement.
Maria est intriguée par ce qui se passe la nuit et se demande bien pourquoi Bonaria Urrai s'absente… Elle découvre que sa mère adoptive Bonaria est l'accabadora.
« L'accabadora examina Tziu Jusepi Vargiu, dont les yeux écarquillés avaient l'immobilité sans retour des objets cassés. Elle saisit la main décharnée, tâtant poignet et avant-bras. Soudain elle sursauta. “Ils ont fini par t'appeler”, déclara le vieillard d'une voix rauque. »
La Sardaigne rurale et pauvre, la difficulté d'élever des enfants qu'on ne peut nourrir, tout est magnifié sous la plume de Michela Murgia.
Un coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (578) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature italienne - Le roman Accabadora de Michela Murgia

Où se déroule le roman ?

Dans un petit village sicilien
Dans un petit village sarde
Dans un petit village près de Naples

11 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Accabadora de Michela MurgiaCréer un quiz sur ce livre

{* *}