25 mars 2019. Un annonce vient défrayer la chronique et met en alerte la planète entière : une nouvelle émission de télé-réalité va voir le jour et aura pour vedette Jésus Christ en personne.
Le docteur Epstein, généticienne et environnementaliste de renom ayant obtenu le
Prix Nobel pour l'un de ses travaux, est engagée pour mener à bien ce projet unique de cloner le « premier homme de l'histoire » (dixit le journaliste, l'intrigue se passe au pays des créationnistes). Pour ce faire, l'Église catholique a donné son accord afin d'utiliser le Saint Suaire de Turin et ainsi tenter de réveiller un ADN mort depuis plus de 2000 ans. Bien entendu, le nouveau messie sera enfanté par une vierge...
Quelques mois plus tard, Chris nait devant les caméras du J2.
Gène éthique
Les avancées de la science et en particulier de la génétique sont souvent sujettes à controverses. le clonage n'échappe pas à cette règle, bien au contraire. Déjà aujourd'hui le sujet n'est pas dépourvu de polémiques et le clonage animal n'est pas de la science-fiction. La question de l'éthique et la législation dans la plupart des pays empêche encore le mouvement de prendre plus d'ampleur mais le nombre de clones vivants ne cesse d'augmenter.
À l'heure actuelle, quelques embryons humains ont déjà été créés par ce moyen.
Le pas franchi dans
Punk Rock Jesus n'est pas si important que l'on pourrait le croire. Certes, utiliser un ADN aussi vieux relève de la fiction mais cloner un homme démange de nombreux chercheurs. de là à faire revivre le Christ...
Guerre des religions
Le retour du Christ sur Terre est un sujet qui a été maintes fois traité. Que fera-t-il en voyant le monde tel qu'il est devenu ?
L'idée de se servir de la génétique pour ce come back est amusante et plutôt bien trouvée, d'autant plus que cet avènement se fait dans le carcan de la télé-réalité : nous suivons les pas de Chris depuis son premier cri jusqu'à l'âge adulte.
Cloner c'est créer. Et créer c'est être l'égal de Dieu.
Une démarche qui suscite forcément des tensions entre les créationnistes et les darwinistes et qui place J2 sous le feu des projecteurs et des attaques en tous genres. Les manifestations sont de moins en moins pacifiques et les groupes fanatiques se transforment peu à peu en factions terroristes.
Pour les financiers évidemment, c'était un risque à prendre : business is business !
C'est ainsi que Chris va devoir grandir dans une prison dorée, lieu ultra-sécurisé dans lequel il va recevoir l'éducation religieuse adéquate à son statut... entre miracles et supercheries.
Des personnages peu attachants
[...]
S'il n'est pas obligatoire de s'attacher à un personnage pour apprécier le contenu d'un album, il est en revanche important que le protagoniste principal dégage un sentiment fort, et d'autant plus s'il s'appelle Jésus Christ. Or je n'ai rien trouvé chez lui qui soit sympathique ou détestable. Chris n'est pas le messie attendu ! Certes il bouscule les points de vue mais il n'est jamais vraiment charismatique : enfant dominé par la peur et les manipulations lorsqu'il est jeune, son changement radical tient plus de la révolte adolescente que d'une émancipation réelle. Il manque de poids !
C'est un fait, on s'attache peu aux personnages présentés dans
Punk Rock Jesus. le seul qui attire un tant soit peu de sympathie reste le gros dur de l'histoire : Thomas McKael dit « le cimetière ». Un homme à la carrure imposante qui porte un passif très lourd. Finalement le seul personnage de l'histoire à disposer d'un background fouillé et qui mérite qu'on s'y attarde.
Quant aux autres intervenants, ils sont soit manipulateurs soit manipulés, écoeurants et détestables pour la plupart (on pense surtout à Rick Slate, l'initiateur du projet J2), ou quasiment insignifiants pour d'autres. Ils auraient pu prendre plus d'ampleur avec une réelle volonté de bousculer leur confort providentiel mais l'auteur en a décidé autrement.
Anticipation et critique de la société
Sean Murphy (
Off road) a mis de longues années pour venir à bout de ce récit. Il l'avoue lui-même en postface, l'album a été très difficile à mener à son terme, la faute à une remise en question de son éducation religieuse et de sa foi. Fervent chrétien devenu athée, son livre s'est transformé en une critique acerbe sur la religion avec laquelle il a grandi. de là à voir dans son personnage une image de son propre vécu il n'y a qu'un pas.
Sous le regard de l'anticipation, l'auteur développe une critique sévère de la société de consommation et du voyeurisme télévisé qui n'est pas sans rappeler d'excellents films comme En direct sur Ed TV ou The trueman show.
Le fait de cloner Jésus apporte encore une dimension religieuse supplémentaire.
J'ai pourtant eu cette impression à la lecture que l'auteur tâtonnait avant de trouver le bon propos. Une construction qui tend à rendre la mise en place plus poussive et qui explique peut-être pourquoi les personnages sont autant déshumanisés.
[...]
Suite et fin de la chronique à lire sur BenDis... !
Lien :
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