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Citations sur L'Homme sans qualités, tome 1 (283)

N'avez-vous jamais été frappé, dit-il, de voir le nombre de gens, dans la rue, qui parlent tout seuls ? [...]
Il y a chez eux quelque chose qui cloche. Sans doute ne peuvent-ils pas vivre entièrement leur vie, assimiler leurs expériences, et doivent-ils en rendre les restes. [...]
Il n'est presque plus personne aujourd'hui qui lise vraiment ; chacun ne fait qu'utiliser l'écrivain pour se débarrasser perversement sur lui, sous la forme de l'assentiment ou de la désapprobation, de son propre superflu.
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Il n'appartenait pas seulement au monde de l'agitation, mais encore à un autre monde, flottant en l'autre comme un souffle qu'on retient.
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Il avait voulu dire à peu près ceci : que Dieu est fort loin de prendre le monde à la lettre ; que le monde est une image, une analogie, une figure dont telle ou telle raison l'oblige à se servir, sans qu'elles soient jamais, bien sûr, parfaitement adéquate ; que nous n'avons pas à prendre Dieu au mot, mais que nous devons découvrir nous-mêmes la solution qu'il nous propose. [...]
Ce que l'on appelle une époque (sans savoir s'il faut par là des siècles, des millénaires, ou le court laps de temps qui sépare l'écolier du grand-père), ce large et libre fleuve de circonstances serait alors une sorte de succession désordonnée de solutions insuffisantes et individuellement fausses dont ne pourrait sortir une solution d'ensemble exacte que lorsque l'humanité serait capable de les envisager toutes.
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Arnheim est tout à fait le contraire de moi ; il surestime constamment le bonheur qu'ont l'espace et le temps de le rencontrer pour former l'instant présent !
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Un homme qui cherche la vérité se fait savant ; un homme qui veut laisser sa subjectivité s'épanouir devient, peut-être, écrivain ; mais que doit faire un homme qui cherche quelque chose situé entre deux ?
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La passion du fourrage était logée dans une crèche de marbre pleine de la meilleure avoine, dans un râtelier plein de foin vert, avec le grincement des licous dans les anneaux ; elle était condensée dans l’odeur du pain de l’étable chaude, dans ce parfum épicé, insinuant, que traversait comme des aiguilles, fortement chargé d’ammoniaque, le sentiment du Moi, proclamant : « Il y a des chevaux ici ! » Il devait en être autrement de la course. Car la pauvre âme est encore unie au troupeau dans lequel un mouvement, venu on ne sait d’où, gagne soudain l’étalon de tête, ou toutes les autres bêtes, et la troupe galope contre le vent et le soleil ; souvent, lorsque la bête est seule et que les quatre directions de l’espace lui sont ouvertes, un frémissement démentiel court dans son crâne, elle fonce sans but, elle se jette dans une liberté épouvantable qui n’a de contenu ni dans une direction ni dans l’autre, jusqu’à ce qu’enfin, perplexe, elle s’arrête, et il suffit d’un picotin d’avoine pour la ramener à l’écurie. Pepi et Hans avaient l’habitude de l’attelage ; ils allongeaient le pas, battant de leurs sabots la rue ensoleillée entre ses barrières de maisons ; les hommes n’étaient pour eux qu’une confusion grisâtre dont ils ne tiraient ni plaisir ni effroi ; les étalages bariolés des magasins, les femmes brillant de toutes leurs couleurs : fragments de prairie où l’on ne peut brouter ; les chapeaux, les cravates, les livres, les brillants le long de la rue : un désert. Il ne s’en détachait que deux îlots de rêve, l’étable et la course ; de loin en loin, Hans et Pepi s’effrayaient d’une ombre, en rêve ou comme par jeu, ils se jetaient contre les brancards, se faisaient corriger d’un coup de fouet puis s’abandonnaient de nouveau, avec reconnaissance, au mors. (p.247)
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Il lui écrivit une dernière lettre dans laquelle il lui exposait que le grand idéal d'une vie vouée à l'amour n'avait rien à faire avec la possession et le désir de posséder qui sont du domaine de l'épargne, de l'appropriation et de la gloutonnerie.
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Mais s'il y a un sens du réel, et personne ne doutera qu'il ait son droit à l'existence, il doit bien y avoir quelque chose que l'on pourrait appeler le sens du possible.
L'homme qui en est doué, par exemple, ne dira pas : ici s'est produite, va se produire, doit se produire telle ou telle chose ; mais il imaginera : ici pourrait, devrait se produire telle ou telle chose ; et quand on lui dit d'une chose qu'elle est comme elle est, il pense qu'elle pourrait aussi bien être autre. Ainsi pourrait-on définir simplement le sens du possible comme la faculté de penser tout ce qui pourrait être "aussi bien", et de ne pas accorder plus d'importance à ce qui est qu'à ce qui n'est pas.
[...]
C'est la réalité qui éveille les possibilités, et vouloir le nier serait parfaitement absurde. Néanmoins, dans l'ensemble et en moyenne, ce seront toujours les mêmes possibilités qui se répéteront, jusqu'à ce que vienne un homme pour qui une chose réelle n'a pas plus d'importance qu'une chose pensée.
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Il avait interrompu une phrase: « Nous
voyons le silence des murs, lorsque nous considérons ce
bâtiment. .. » après le mot silence, afin de pouvoir jouir un
instant de l'image de la Chancellerie de Rome qui venait
d'apparaître à l'improviste devant son regard intérieur ;
mais lorsqu'il examina le manuscrit dicté, il remarqua que
le secrétaire, habitué à le prévenir, avait déjà écrit: « Nous
voyons le silence de l'âme, lorsque ... » Ce jour-là, Amheim
n'en dicta pas davantage, et le lendemain, il fit biffer la
phrase.
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On doit reprendre possession de l'irréalité : la réalité n'a plus aucun sens !
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