LAERTE : Je ne fais pas la guerre à la mélancolie.
Après l'oisiveté, c'est le meilleur des maux.
En général d'ailleurs, c'est ma pierre de touche ;
Elle ne pousse pas, cette plante farouche,
Sur la majestueuse obésité des sots.
Mais la gaîté, Silvio, sied mieux à la vieillesse;
Nous voulons la beauté pour aimer la tristesse.
Il faut bien mettre un peu de rouge à soixante ans ;
C'est le métier des vieux de dérider le temps.
On fait de la vieillesse une chose honteuse.
Acte II, Scène 1.
La vie est un sommeil, l’amour en est le rêve, Et vous aurez vécu, si vous avez aimé.
LAËRTE
Mon Dieu! Je le sais bien.
Un roman dans un lit, on n'en saurait que faire.
On réalise là tous ceux qu'on a rêvés.
Après la bagatelle il faut le nécessaire ;
Et j'espère pour vous, mon cher, que vous l'avez.
Très ordinairement, dans ces sortes de choses,
Ceux qui parlent beaucoup savent prouver très peu.
C'est ce qui montre en tout la sagesse de Dieu.
Acte II, scène 1.
LAËRTE
On fait de la vieillesse une chose honteuse ;
C'est tout simple : ici-bas, chez les trois quarts des gens,
Quand elle n'est pas prude, elle est entremetteuse.
Cassandre est la terreur des vieillards indulgents.
Croyez-vous cependant, mon cher, que la nature
Laisse ainsi par oubli vivre sa créature ?
Qu'elle nous ait donné trente ans pour exister,
Et le reste pour geindre ou bien pour tricoter ?
Acte II, scène 1.
La vie est un sommeil, l'amour en est le rêve.