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L'esclavage en Afrique peut se décomposer en trois parties : un esclavage internet, assimilé par l'auteur au servage, la traite transatlantique occidentale, et la traite arabo-musulmane.

C'est cette dernière partie que Tidiane N'Diaye va développer dans son essai. Paradoxalement elle est la moins connue et la moins étudiée, alors qu'elle a été la plus meurtrière, et que ses effets se font toujours sentir de nos jours (pays du golfe, Mauritanie, Darfour, ...).

Les prélèvements de populations, envoyées vers l'Ottoman se font de plus en plus fréquents avec l'expansion de l'islam : dès le 7ème siècle, les vaincus s'engagent à verser au vainqueur un certain nombre d'habitants en bonne santé. L'islam a d'ailleurs une relation ambiguë avec l'esclavage : si plusieurs versets du Coran et des hadiths montrent bien que la pratique en était répandue à l'époque du prophète, d'autres rapportent qu'aucun musulman ne peut être réduit en esclavage. Ceci dit, pour un esclave converti, ce n'est pas rétroactif : à lui de prouver qu'il était bien musulman au moment de sa capture. L'auteur explique l'absence de population noire dans les pays du golfe à notre époque par la pratique de la castration systématique des captifs, pratique réalisée dans des conditions d'hygiène inexistante, ce qui vient encore gonfler le nombre de cadavres.

Plusieurs points me laissent sceptiques cependant : l'absence de documents pour les périodes plus lointaines, et le recours à la tradition orale africaine pour combler les trous, ce qui ne me paraît pas particulièrement fiable. L'emploi du terme « génocide » est aussi contestable, puisqu'il implique une extermination intentionnelle d'un groupe, et il me semble que les esclavagistes avaient tout intérêt à conserver malgré tout un réservoir de main-d'oeuvre bon marché sous la main.

J'ai trouvé la structure un peu confuse également, et j'ai un peu de mal à me faire une idée d'ensemble du phénomène. de nombreuses anecdotes viennent couper les explications, pas inintéressantes en soi (j'ai appris que les nubiens avaient conquis l'Égypte et donné naissance à une dynastie de pharaons noirs par exemple), mais qui ne concernent pas vraiment l'esclavage.

L'essai vient secouer les mentalités, mais il me semble plus politique qu'historique. Il a au moins le mérite de relancer les débats. On peut toutefois regretter que les premières réactions qui ont accueilli la sortie du livre ne brillent pas par leur intelligence, les uns s'estimant exonérés de toute responsabilité puisqu'il y a eu pire ailleurs, les autres criant à l'islamophobie.
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Le Génocide voilé dont il est ici question, se rapporte à la traite négrière menée par les arabes lors les conquêtes arabo-musulmanes de l'Arabie et de l'Afrique subsaharienne du Moyen-Âge jusqu'au début du XXème siècle. S'il est vrai que l'esclavagisme a sévi dans toutes les civilisations depuis des temps immémoriaux (on parlera plutôt de servage dans les civilisations d'Afrique noire ou en Égypte avant les conquêtes arabo-musulmanes), cette "enquête historique" de Tidiane N'Diaye (expression utilisée par l'éditeur), nous apprend que l'expansion à grande échelle, voire industrielle de la traite négrière en revient sous couvert d'une islamisation aux desseins civilisateurs, aux arabes. L'idée n'étant pas de dédouaner les horreurs du commerce triangulaire mais de démontrer que l'esclavage n'est pas une exclusivité européenne, l'auteur met l'accent sur le trafic d'humains que les arabes ont initié et entrepris de façon commerciale pendant près de treize siècles au delà même de l'abolition de l'esclavage liées aux traites occidentales. Ainsi, les razzias organisées par les peuples arabo-musulmans dans les tribus africaines concernaient non seulement les biens matériels comme le bétail, les récoltes, etc., mais également les populations qui étaient ensuite vendues comme esclaves. Fondée sur des théories raciales, la traite négrière transsaharienne est mal connue, presque occultée par ce que l'auteur désigne comme le "Syndrome de Stockholm à l'africaine"...


La traite négrière transsaharienne, un génocide voilé ?

Souhaitant ouvrir la voie vers de nouvelles études sur le sujet, Tidiane N'Diaye déclare au sujet de la traite transsaharienne "qu'il est donc difficile de ne pas qualifier cette traite de génocide de peuples noirs par massacre, razzias sanglantes puis castration massive. Chose curieuse pourtant, très nombreux sont ceux qui souhaiteraient la voir recouverte à jamais du voile de l'oubli, souvent au nom d'une certaine solidarité religieuse, voire idéologique. C'est en fait un pacte virtuel scellé entre les descendants des victimes et ceux des bourreaux qui aboutit à ce déni." (p. 271). Lourdes de sens, ces conclusions qui s'appuient sur un riche travail de documentation, sur d'importants travaux de recherches, sur une bibliographie fouillée et sur des témoignages, questionnent. Pour la lectrice "naïve" que je suis, il m'a été difficile de passer sur cette lecture sans être bousculée par mon ignorance du sujet. Pour peu, on penserait "presque" que la traite transatlantique a été "moins pire" que celle des arabes et c'est là toute l’ambiguïté du propos : si la démarche reste intéressante, la liberté de ton de l'auteur dérange car le discours (audacieux et polémique s'il en est) frise plus d'une fois le règlement de comptes et s'éloigne de l'essai historique. Dommage, car ce livre est riche de contenus historiques. Dans tous les cas, il mérite de relancer le débat et offre de belles pistes de lectures pour approfondir les connaissances sur le sujet. À découvrir pour vous faire votre propre avis sur la question !
Lien : https://embuscades-alcapone...
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Ce livre dérange car il remet en cause bon nombre d'idées reçues sur un sujet encore sensible : l'esclavage en Afrique, principalement vu du côté arabo-musulman.

Son auteur, Tidiane N'Diaye, est un anthropologue et un économiste de renom franco-sénégalais travaillant pour l'INSEE et auteur de nombreuses études et publications scientifiques.

Son ouvrage au titre sulfureux et intrigant, paru en 2008, ne pouvait que présenter une vérité forte et troublante.

Tout commence en 652, date à laquelle un traité de paix, connu sous le nom de Bakht, entre l'émir Abdallah ben Saïd et le roi de Nubie Khalidurat stipule, entre autres avantages, la livraison chaque année de 360 esclaves des deux sexes en échange de l'absence de guerre.

Ce fut le début d'un long processus pendant lequel l'Afrique fut mis à sac, ponctionné par des prélèvements réguliers de populations emmenées en esclavage dans les pays du Golfe jusque dans l'empire Ottoman.

Cette traite des noirs par des arabo-musulmans ne s'acheva - officiellement - qu'au XXe siècle, ce qui nous donne l'ampleur du massacre.

Car massacre il y eût. Il fut de taille et toute tentative de le quantifier s'avère impressionnante : « du VIIe au XVI siècle, pendant près de mille ans, … , [furent déportés] près de dix millions d'Africains avant l'entrée en scène des Européens. ».

Le poids de ces captures fut lourd. Stanley, le tristement célèbre explorateur, le constata lors de ses voyages : « La capture des 10 000 esclaves par cinq expéditions d'Arabes n'a pas coûté la vie à moins de 33 000 personnes ».
Il s'agit là de personne qui périrent en se défendant et en protégeant leur village lors des razias. Il faut y ajouter celles qui moururent sur le bord de la route de la captivité faute de soin et de nourriture, route balisée, selon les dires, par les ossements des laissés pour compte et de tous ceux qui n'étaient pas jugés suffisamment intéressant commercialement parlant.

Selon l'auteur, du VIIe au XXe siècle, l'une des études les plus sérieuses estime à plus de 9 millions le nombre d'individus déportés à travers le Sahara auxquels il faut ajouter 8 autres millions de personnes déportées en Afrique de l'Est (Mer Rouge et Océan Indien) soit un total de 17 millions d'individus.

Une question se pose alors. Compte tenu de l'importance de ces flux, comment se fait-il que l'on ne conserve pas trace aujourd'hui dans les pays arabes de descendants de ces esclaves comme cela est le cas en Amérique ?

On peut estimer à 13 millions le nombre d'esclaves déportés outre-atlantique entre 1451 et 1870. le résultat est aujourd'hui une diaspora noire dynamique et forte de plus de 70 millions de personnes aux États-Unis, dans les Caraïbes et au Brésil.

Comment se fait-il que l'on ne retrouve pas l'équivalent dans les pays arabo-musulmans ?

La réponse est à la fois simple et terrifiante : les esclaves mâles étaient systématiquement émasculés afin d'empêcher toute procréation. Compte tenu des soins et de l'hygiène de l'époque, il s'agissait là encore d'un vrai massacre car on estime que seuls 30% de ces torturés restaient en vie.

Quant aux femmes – qui jouaient le rôle de servantes et d'objets sexuels – il était facile de faire en sorte que leur progéniture ait une espérance de vie très limitée.

C'est en cela qu'il s'agit d'un véritable génocide : un massacre délibéré de populations noires en grande quantité et, ce, pendant plusieurs siècles afin de profiter d'une main d'oeuvre économique.

Si l'Occident a reconnu la traite négrière comme étant un crime contre l'humanité, un grand silence règne dans le même temps du côté arabe. D'autant que ces exactions ne sont pas aujourd'hui totalement éradiquées mais adoptent d'autres formes de traite plus contemporaines.

C'est le sens de ce livre que de continuer de lutter et de dénoncer ces pratiques inhumaines en espérant que la triste formule de l'historien arabe du XIVe siècle, Ibn-Khaldum, finisse par être définitivement abolie : "Les seuls peuples à accepter l'esclavage sont les nègres, en raison d'un degré inférieur d'humanité, leur place étant plus proche du stade animal."
Lien : https://www.africavivre.com/..
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« Coran d'une main, le couteau à eunuque de l'autre, menant hypocritement une « vie de prière », ne prononçant pas une parole sans invoquer Allah et les hadiths de son Prophète. Beaux et nobles principes en vérité, mais que foulèrent aux pieds – avec quelle allégresse, quelle indignité et quelle mauvaise foi! – ces négriers arabes, qui mettaient l'Afrique à feu et à sang ». Car, derrière ce prétexte religieux, ils commettaient les crimes les plus révoltants et les cruautés les plus atroces «
Tout est dit, l'arrivée des négriers en terre Africaine et le malheur qui s'installe et perdure, la domination de l'homme par l'homme une des caractéristiques de l'histoire de l'humanité, un véritable génocide de l'homme noir que l'on castra en masse dans le but d'exterminer sa race durant quatorze siècles, puis la violence de cette traite arabo-musulmane et orientale avec les témoignages accablants d'européens voyageurs au cours du temps, et toujours un parallèle avec la traite négrière transatlantique dont on parle bien davantage.

Le raciste envers les Noirs a la peau dure, ainsi que la pratique de l'esclavage des Noirs en Libye, en Syrie, en Arabie Saoudite… et que dire de la négrophobie au Maroc et des actes de violences… Une lecture fort intéressante que je conseille vivement, une enquête documentée et courageuse qui déclenchera ou déclenche déjà la polémique, c'est certain…


Lien : https://chroniquesaigues.com..
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Intéressant et didactique, ce document, malgré des redites et quelques digressions plutôt hors sujet, fait le point sur la traite ds Noirs par les arabo-musulmans. Méfait qui dura pendant treize siècles et fit plus de dix-sept millions de victimes. Voilà un ouvrage qui pourrait être étudié à l'école, pour chasser de l'esprit de certains que seul Le Blanc européen est mauvais.
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Je viens juste de finir cet "essai" du célèbre historien sénégalais Tidiane N'Diaye. Cet ouvrage parle du pan de l'Histoire complètement oublié de la traite négrière par le monde arabo-musulman pendant 13 siècles quand même !
Je n'avais jamais lu jusqu'à lors de livres sur l'histoire de l'esclavage et encore moins de livres écrit par un Africain.
J'ai vraiment appris beaucoup sur l'Afrique, le monde arabo-musulman et même sur l'occident. Franchement, cet essai mérite vraiment d'être lu. Je connaissais que vaguement l'histoire de la traite trans-atlantique (occidentale) et très vaguement la colonisation mais en revanche je ne savais rien de l'esclavagisme et des guerres saintes au nom de l'Islam par les arabes. Ca remet un peu les pendules à l'heure pour ceux qui nous traitent sans cesse d'horribles esclavagistes et qui nous mettent sur le dos toutes mes misères du monde. Cela mêmes qui ferment les yeux sur les horreurs de leur propre histoire.
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Ayant une maîtrise d'histoire, j'ai été plusieurs fois agacée par le manque de rigueur historique de Tidiane N'Diaye mais au bout d'un moment je me suis détendue et me suis concentrée sur le fond plutôt que la forme. Globalement j'ai apprécié cette enquête historique qui remet la traite arabo-musulmane à sa place, c'est à dire au sommet de l'horreur de l'esclavage (en durée et en nombre de victimes). J'ai appris des quantités de choses sur l'Islam, sur les sociétés préislamiques, sur le rôle trouble des Occidentaux ou sur les eunuques. C'est facile à lire et très intéressant.
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L'auteur recoupe au travers de différents documents ce que fut la traite africaine arabo-musulmane.

L'esclavage n'est l'apanage d'aucun peuple, tous, plus ou moins, y ont participé. Une main d'oeuvre peu onéreuse à des époques où l'énergie était certes écologique mais humaine, ça se prenait. le monde arabo-musulman n'a pas fait exception et a acheté pendant longtemps des esclaves blancs européens. Quand les états d'Europe ont réussi à défendre leurs populations, les esclaves blancs ont laissé la place aux esclaves noirs. Une longue, mortelle et très consommatrice traite des noirs s'est mise en place. Avec ou sans islamisation, les négriers, renforcés dans leur choix par un racisme anti-noirs, se sont violemment servis ou fait servir des hommes, des femmes, des enfants. La traversée du désert, enchainés, sans eau ou si peu, viol des femmes et jeunes filles, castration des jeunes garçons ,violences , entraînait à elle seule un grand nombre de morts. La légende veut que cette traite ait été "douce", comparée à la traite européenne. L'auteur montre que l'esclavage n'y fut pas "bienveillant", d'ailleurs tant qu'à parler d'un esclavage "humain" , on pourrait parler des "bienfaits" de la colonisation...

Il souligne le double langage qui veut qu'un musulman ne puisse être esclave sauf quand on "s'arrange" parce qu'il est noir, pas assez musulman ou toute autre raison . le même double discours a prévalu pour les européens qui avaient dénoncé l'esclavage mais fermaient les yeux devant le commerce de ceux-ci dans le monde arabe . Il parle aussi des peuples d'Afrique noire, certains chefs combattants d'autres collaborant avec ces "marchands".

Ce livre est une ouverture sur un sujet difficile il demande à être complété, d'autant plus qu'en ce qui me concerne je n'ai aucune connaissance sur l'histoire ancienne des royaumes africains.
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Les arabes etaient déjà largement implantés en Afrique du Nord et sur la côte orientale, et plus tard les Turcs Ottomans seront des grands demandeurs d'esclaves, tant pour les travaux agricoles que pour les besoins de l'armée tout en les condamnant d'avance et sans appel à une condition toujours inférieure. Les trafiquants commencèrent par suggérer aux chefs souverains africains de leur fournir des porteurs d'eau et de leurs céder les sujets indésirables. Certains avancent des chiffres de 100 millions, une vraie saignée démographique qui se prolongera plus ou moins clandestinement avec un impact capital sur les sociétés africaines, qui maintiendra le continent en plein déclin matériel et moral, ce qui permet de comprendre pourquoi l'Afrique au XIXe siècle soit devenue une proie si facile pour la colonisation.
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L'objectif de cet ouvrage est bien clair : dénoncer la traite arabe en Afrique, et l'hypocrisie de ceux qui se réclament de l'Islam sans en respecter les principes à ce sujet. Il est difficile d'accorder un crédit total à l'auteur tant il est virulent lors de certains passages, définissant souvent la traite transatlantique comme simple "ponction humaine", laissant le mot "esclavagisme" aux arabes et musulmans qui saignèrent l'Afrique.
Cependant, l'ouvrage est bien documenté et structuré, et permet de se faire une idée plus précise d'un commerce révulsant qui eut pourtant lieu pendant de nombreux siècles, et dont on ne parle que très peu aujourd'hui, où les reconnaissances de tel ou tel crime de guerre semblent pourtant capitaux sur le plan politique ou national.

Des routes empruntées aux royaumes et tribus qui peuplaient l'Afrique et dont on ne parle que rarement, des aides européennes aux massacres perpétrés, cet essai a fait le fruit d'une recherche précise et fouillée ; rapide à lire, il n'en demeure pas moins source d'un très grand nombre d'informations que tous se devraient de connaître, si l'histoire les intéresse.
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