Avec le temps et l'habitude, Rosa Maria a appris les coups, elle sait qu'à un moment ils s'arrêteront, les insultes aussi, il suffit de rêver instantanément autre part, là où tout est calme et beau, un endroit magique, paisible, près de l'eau, avec, autour, la nature sauvage et accueillante, des chants d'oiseaux.
Rosa-Maria jubile, la fête va bientôt commencer, la musique et le reste, l'ambiance qui fait chaud au cœur, le bruit pour oublier. S'amuser loin de la famille, des professeurs, se cacher et rêver en secret, n'être plus qu'un vertige, une légère sensation d'étourdissement, des bulles dans la tête, chasser les images qui lui fendent le cœur,celles de la mort encore récente de son grand frère Antonio.
Tout près de Rosa Maria, le vide, une plaie ouverte, l'avenir encore plus incertain, puisque les rêves sont percés de toutes parts, évaporés dans l'indifférence et l'absence.
Dans le quartier neuf et torturé qui se cherche encore une âme, Rosa Maria navigue à vue, désorientée, elle s'emploie de toutes ses forces à fuir la morosité et décrocher un peu de bonheur en goûtant à l'espoir du bout des lèvres.