Pas facile aujourd'hui de s'appeler Simone
Molière quand on est une petite fille, quand bien même c'est le prénom de sa grand-mère adorée ! Et encore, s'il n'y avait que ça… Avec deux parents policiers, Simone se trouve être une enfant introvertie et solitaire. Elle observe avec curiosité les excentricités de Gino, son père, un grand rouquin baraqué, obsédé par la sécurité et qui collectionne les couteaux, qu'il nomme affectueusement Alain, Bernard et René. Et puis il y a Gisèle, sa mère, férue de culturisme et dont la musculature ne se prête pas vraiment aux câlins… Heureusement, pour les câlins, Simone peut compter sur sa grand-mère, une femme de caractère qui ne mâche pas ses mots mais qui sait faire preuve d'une grande tendresse.
Cependant, malgré l'affection qu'elle porte à sa famille, Simone sait qu'elle doit partir si elle ne veut pas étouffer. Mais la vie ne va pas être tendre avec la jeune femme… Après un mariage raté, elle va trouver l'amour dans les bras d'un fermier endetté et se construire peu à peu, mais le bonheur et fragile et le destin parfois cruel…
En commençant cette lecture, je m'attendais à lire le récit d'une enfance et, à vrai dire, c'est une idée qui me plaisait bien au vu de la famille atypique et complètement névrosée formée par les
Molière ! La première partie du roman (qui en comporte cinq) est un pur régal de fantaisie et d'humour, qu'on aimerait faire durer plus longtemps tant elle est plaisante. Non pas que la suite soit moins bonne, au contraire, mais Simone va grandir et connaître des préoccupations beaucoup moins légères. La douleur et le chagrin vont venir frapper de plein fouet cette héroïne ordinaire et attachante. Heureusement, les épisodes truculents sont toujours présents et viennent apporter une note de fraîcheur et d'humour bienvenus !
Corinne Naa force avec talent le trait de ses personnages, elle les incarne et les anime, les rendant attachants ou détestables à souhait ! le ton est vif, percutant et grinçant. Elle aborde avec beaucoup d'habilité des sujets de société des plus actuels tels que le culte de l'image, la précarité dans les campagnes ou encore la déshumanisation des rapports entre employés et manager dans les grandes entreprises. Un roman étonnant, plein de tendresse et de cruauté, qui m'a complètement séduite !