Il arrive souvent que le ton que l'on adopte pour parler à une personne coloré les pensées qui vous viennent en sa présence.
Les seuls témoins de ma vigilance étaient un bec de gaz qui avait l'air de cligner des yeux à cause du vent et une feuille de papier d'emballage qui tantôt partait à la débandade le long du trottoir et tantôt entreprenait avec des manières odieusement folâtres de s'enrouler autour de mes jambes, sans tenir compte des coups de pied que je lui jetais pour me débarrasser d'elle. (p. 121)
Il est sot de se mettre en quête d'une loi fondamentale et plus sot encore de la trouver.
Ce fut brutal et terrible. La merveilleuse bulle bleutée, aux délicates iridescences, sur le flanc lustré de laquelle se reflétait l'image déformée et brillante de la fenêtre, grandit, s'épanouit et tout à coup n'est plus là ; tout ce qu'il en reste, c'est le chatouillement d'une parcelle humide qui vient vous frapper au visage. (p. 81)
Je me sentais perpétuellement exposé et perpétuellement lucide ; même pendant mon sommeil, je ne cessais de m’observer, butant sur l’absurdité de mon existence, perdant la tête devant mon incapacité à jouir un instant de la vie, un conscient de moi-même.
Qu'importe que je sois un rien vulgaire, un rien noble et que personne n'apprécie tout ce qu'il y a en moi de remarquable - mon imagination, mon érudition, mes dons littéraires... Je suis heureux puisque je peux me contempler moi-même : c'est passionnant, un être humain - oui véritablement passionnant !
Il y a un plaisir piquant à se tourner vers le passé, à se demander ''Que serait-il arriver si ...'' et à substituer un effet du hasard à un autre.
Le mobilier se figea de stupeur quand je fis la lumière. (p. 91)
[...] Aussitôt mon cœur battit plus vite : ainsi quand, en rêve, vous entrez dans une pièce où règne la sécurité du rêve et que vous y trouvez, offerte à vous par le rêve, votre proie de rêve aux abois. (p. 53)
J’ai compris que le seul bonheur ici-bas était d’observer, d’épier, de guetter, de scruter son propre personnage et celui des autres, de n’être rien de plus qu’un regard, qu’un œil immense... je suis heureux puisque je peux me contempler moi-même : c’est passionnant, un être humain !