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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Guillaume NAIL. On ne se baigne pas dans la Loire.

le titre de ce roman évoque un drame. Guillaume NAIL a une plume très poétique, vivante. Elle est aussi paisible que le cours majestueux de notre Loire. Mais ce long fleuve est fourbe. En effet, le récit débute avec ce fleuve que nous suivrons depuis sa source jusqu'à son estuaire et sa disparition, absorbé par l'océan Atlantique.

Nous vivrons les deux derniers jours d'un camp d'ados de dix-sept ans en Anjou. . Lors de l'ultime soirée, un violent orage s'abat sur le Sancy, le Cantal. Les petits ruisseaux gonflent brutalement, vont rejoindre la Loire qui subit une montée de eaux. N'oublions pas que cette noble dame est sournoise. Il est fortement déconseillé de s'y baigner. Les jeunes adolescents sont téméraires, bravant les interdits, ignorants le danger. le directeur de la colonie, Benoît, conduit le minibus, accompagné de Pauline, monitrice, intendante. Pierre, Lorenzo, Gus, Adone, Jonas, Kevin, Thimothée, Farid, Totof, Nathan, Pavel, Youssou , ces jeunes adultes passent leur dernière soirée dans un parc à thèmes. Ces jeunes sont des enfants issus des classes défavorisées, des cas sociaux. Chacun a son problème et demain retourne dans son foyer. Ici il y a le meneur, le mâle, Gus, qui imprime son sceau et mate Pauline. Pierre, victime d'un accident est handicapé moteur, refuse de se montrer nu devant tous : son corps porte les stigmates de son handicap, son ami Farid aime jouer avec lui, à la crapette,. Gus est plus ou moins délaissé par son père, un homme violent…. Pendant six semaines ces enfants ont oublier leur quotidien. Tous ces jeunes gens tentent de s'affirmer. Ils font leur « cacou », leur « kéké ». Ils sont pour certains très osés ; ils sont jeunes, beaux fonceurs et frondeurs. Ils se lancent des défis. Ils font les fanfarons: " Cap ou pas cap". Il faut bien faire ses preuves, quitter l'enfance pour entrer dans le monde des adultes.

le dernier jour, le 31 juillet, pique-nique. Une panne oblige nos colons et leurs accompagnateurs à s'arrêter à Brissac. Les jeunes s'égaient dans une prairie, bordant la Loire. Un bras mort de ce fleuve, une « boire », un arbre mort, plongeant dans l'eau, un décor lacustre, une aire de jeu pour nos téméraires marins… Gus grimpe sur l'arbre et les plus courageux emboîtent le pas et montent à l'abordage. Il sera le capitaine du vaisseau fantôme. Pierre, Farid sont censés jouer à la crapette, Totof est parti à la recherche d'un ballon qui a échoué dans un parc voisin. La surveillance laisse à désirer. Chacun pense au lendemain . C'est la dernière colo de ces jeunes, frappés par la limite d'âge, ils ne pourront plus participer à ces vacances l'an prochain… En quelques instants, le drame. Un affolement général. L'arbre dévie, s'enfonce dans les sables mouvants, l'étau se resserre sur ces jeunes...

Guillaume NAIL, s'est inspiré du terrible accident, de mort par noyade, qui en 1969 coûta la vie a dix-neuf enfants à Juigné-sur-Loire. Un récit témoignage époustouflant, réaliste, écrit alertement. Les phrases sont incisives, courtes, les dialogues reflètent les pensées de notre jeunesse. Je suis très sensible à la poésie de l'écriture de cet auteur. Ce livre est à conseiller à tous les ados afin de les inciter à la prudence. Les éléments naturels, tel que l'eau peuvent être très dangereux. Des jeux en apparence calmes peuvent se révéler traîtres et prendre des vies humaines. Bonne lecture.
(04/07/2023).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Écriture sensorielle, puissante, poétique.
Niveaux de langue entremêlés, cris proférés. Eclats de rire. Instantanés de vie, images et sons.

Au sein de la construction fluviale de ce beau récit (en trois parties intitulées "le courant", "l'amont" et "l'estuaire"), une série de courts chapitres, haletants.

Mosaïque de personnages et de situations qui prennent forme, par touches juxtaposées. Les souvenirs émergent, le passé refait peu à peu surface. Enfances naufragées, "la colo comme une échappatoire". Des émotions, en vrac, tels les vêtements que Benoît, le directeur, fourre dans son sac.

On voudrait échapper à la vue d'ensemble qui se dessine, mais "comment lutter, l'énergie irrépressible d'une dizaine d'ados."

Mosaïque de courts chapitres, va-et-vient d'un personnage à l'autre, découverte progressive des émotions enfouies, tapies, dissimulées aux autres. Les personnalités s'éclairent, se frôlent, se confrontent. La Loire les révèle, les reflète.

Tapie en plein soleil, immobile, elle serpente, la Loire. En apparence inoffensive : " là, c'est pas la Loire. Pas vraiment, du moins. Quelques flaques sans trop de fond, que de longues langues de sable séparent sagement du fleuve. Simple pataugeoire, histoire de se desétourdir de la chaleur qui écrase." (...) " A peine si on devine le lit principal du fleuve qui s'étire, derrière. " Même pas une menace. Juste une présence, sourde, latente, indolente. Ciel bleu, pas un nuage. "Ça rampe en loucedé".

Nous sommes amenés à partager le point de vue de Pauline, la jeune animatrice de la colo, à peine plus âgée que les ados, observatrice de leurs jeux, "sans y prendre part, pas vraiment". Comme elle, "on sent un début d'angoisse s'infiltrer, péniblement". Et ça ne nous lâche pas : "la boule est là, dans son ventre", dans le nôtre aussi. C'est contagieux, l'angoisse.

Décidément un beau récit, qu'on ne lâche pas avant de l'avoir terminé : il nous attrape, nous prend aux tripes, le courant nous emporte. On voudrait que ça dure l'éternité. Comme Pierre et Farid.
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Oui, j'ai lu ce livre en 3h, en laissant les enfants faire du drone pile en dessous du couloir aérien de l'aéroport De Nantes. Tant qu'ils me laissaient lire…

Alors, c'est un énorme énorme coup de coeur. Un comme ça faisait vraiment longtemps.

Et ce n'était pas gagné, parce que ce que j'aime ce sont les personnages. J'ai horreur des descriptions de paysages (je le regrette, je passe à côté de moments superbes mais c'est comme ça).
Dans ce roman, la Loire est un personnage à elle toute seule. Elle est infiniment présente, endormie, l'air de rien, elle dissimule sa violence. Elle est l'ogre du début des contes de fées. On la voit couler, sournoise, à nos pieds.

Mais cette plume si différente, si originale, ces phrases cabossées, parfois pas finies, comme si l'auteur reprenait son souffle…
Ces mots si précis, comme des notes de musique: rudbeckias, Sianne, Cezalier...
Cette façon de parler des ados: Gus, Tof, Farid, Pierre et de leurs monos, Benoît et Pauline. Ce qu'on devine des 6 semaines de colo, de la testostérone qui déferle, qui semble capable d'extraire ces gosses du moche, des complexes, de la violence, de l'ennui, de la peur d'une vie minuscule, comme celle des darons… La justesse de la cruauté et de la beauté de cet âge, entre deux eaux, des crapettes, des bières, des joints, et de l'envie de pleurer parfois…

J'ai été prise tout de suite dans la tension, le rythme, la certitude que ça allait mal finir, qu'il fallait que je lise la phrase d'après. Je n'ai pas pu le lâcher.

Non, tous les ligériens le savent, jamais on ne se baigne dans la Loire. C'est la première chose qu'on apprend en arrivant à Nantes.
On apprend aussi que putain, les vendéens ne savent pas conduire, mais rien à voir.

Seulement, voilà : 17 ans, la chaleur d'une fin d'été, la violence et l'angoisse de vies qui commencent, la rage qui couve dans ces villages endormis, l'inconscience d'adultes si jeunes encore, l'envie de plaire, de vibrer, la fin de la colo…
Ils se sont baignés.

A lire avant d'inscrire les enfants en colo. A lire, tout court.
Lien : https://www.instagram.com/tu..
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Dernier jour de colo pour un groupe de jeunes impétueux qui se croient invincibles et immortels.

En ouvrant la première page, j'ai pénétré univers juvénile avec toutes ses diversités. Je me suis assise dans un coin, recroquevillée sur le sable, au bord du fleuve. Je suis restée prudente, n'ai pas mis les pieds dans l'eau. Parce qu'On ne se baigne pas dans la Loire.

Et je les ai observés. En silence. Leurs comportements, leur personnalité propre. Leur apparence et ce qu'elle dissimule d'eux. Ces facettes que Guillaume Nail a bien voulu me laisser entrevoir.

Un huis clos en pleine nature. Étrange me direz-vous. Ceint par l'eau. La Loire et ses bras. Non par des murs. Un huis clos à l'air libre. Ouvert. Tant sur la vie que sur le danger. Et la mort qui peut suivre.

Aussi étonnant que le contraste entre la vie bouillonnante qui habite ces adolescents et l'atmosphère oppressante qui règne alentour.

Leur ferveur insouciante et le danger planant.

Leur fougue et leurs blessures intérieures.

Leurs fantasmes et leurs failles.

Leurs émois et leurs peurs.

Presque adultes encore enfants.

Héros. Et victimes à la fois.

Quant à l'eau, elle est partout. Omniprésente. Sous toutes ses formes. Envahissante, montante, prégnante sous la plume de l'écrivain. Un personnage à part entière. En opposition avec la chaleur poisseuse de cette fin d'été.

D'une plume au scalpel, abrupte, Guillaume Nail dresse le décor quasi théâtral d'une catastrophe à venir. Une écriture originale et rythmée qui ne laisse aucun répit, ni à la lectrice que j'étais, ni aux personnages vibrants qu'il met à nu. Il en extirpe parfaitement tout ce qui les constitue. le bon comme le mauvais.

Un livre de contrastes subtilement mêlés qui tricotent une tension palpable et croissante, jusqu'à la dernière ligne.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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On ne se baigne pas dans la Loire de Guillaume Nail
Je remercie les éditions Denoël pour l'envoi de ce roman.

Premières phrases : » On le sait pourtant.
Héritée de nos mères, de nos pères, c'est la rumeur qui coule dans nos gênes et infuse, sur les pentes des coteaux comme aux plaines du Maine, des berges de l'Authion en corniche angevine, alluvions et roseaux, bras morts et plein lit, c'est cette rengaine avide, bruit lancinant qui attend, au crépuscule là-bas, vers l'estuaire, un monde »

Les pages s'ouvrent sur les paroles du fleuve, comme une ultime mise en garde. Les mots choisis sont doux, les phrases poétiques, la Loire guide le lecteur le long de son lit, jusqu'à l'Atlantique.
Elle nous prévient : « on le sait pourtant »
Vous le savez, ils le savent, on ne se baigne pas dans la Loire.
Mais, fin aout, la chaleur est écrasante, le pique-nique est avalé, la colo tire à sa fin, demain, chacun rentrera chez soi.
C'est tellement tentant… Mais on ne se baigne pas dans la Loire.
Même quand on a dix-sept ans, que l'on est plein de sève, de défi et de vie.
Les garçons ne résistent pas longtemps, bientôt la phrase tant redoutée est prononcée : « on va se baigner ? » Et ce ne sont les adultes, à peine plus âgés qu'eux qui vont les retenir. La fougue de la jeunesse, l'énergie du jeu les entraine dans l'eau fraiche. Les éclats de rire, le plaisir de la fraîcheur, le désir de profiter tout simplement…Mais si vite, que rien ne laissait présager le pire, l'eau, soudain, est partout, dans les yeux, dans la bouche, dans les poumons…On ne se baigne pas dans la Loire.

Assise dans mon fauteuil Agatha @ofa, de mon joli barbu, je débute ma lecture et aussi vite que l'eau de la Loire monte, le temps pour moi s'est évaporé, mes oreilles se sont fermées et je me suis retrouvée à côtés d'eux sur les berges du fleuve. Je les vois, jeunes, en sueur, tournant le regard vers la Loire, et succomber à l'envie, ils se rassurent en se disant que ce n'est qu'un bras mort du fleuve. Ce parachutage au milieu de leurs rires puis de leurs cris, je le dois à Guillaume Nail, qui jouant avec les rythmes, les voix et l'inexorable issue de son roman, ne m'a laissé aucune pause. Cette lecture m'a bouleversé tant par l'intensité montant crescendo que par l'issue de cette baignade.

Emma aime :
-L'hommage de l'auteur
-L'émotion vécue
-La photo de la couverture





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Bouleversant, un style vif et cruel qui donne une fougue contaminante au récit. Guillaume Nail ne se laisse jamais déborder d'effets de démonstration et raconte avec talent et beaucoup de sensibilité cette dernière journée de colonie de vacances à travers les yeux et la peau de ces gamins. Un grand coup de ♥ !
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À chaque chapitre de ce roman choral, la voix de tête est donnée à l'un des personnages. Gus, Pierre, Totof et tous les autres vont livrer leurs sentiments tour à tour avec des confidences parfois fortes. Ils partagent alors une dernière halte conviviale au bord de la Loire avant la fin d'une colonie qui avait tout pour être parfaite… Pour écrire ce titre, l'auteur s'est inspiré d'un fait divers dramatique survenu à Juigné-sur-Loire en 1969 car 19 jeunes y ont perdu la vie. Il a voulu souligner la dangerosité de ce fleuve, tout en rappelant l'innocence des jeunes et l'inconscience de leurs accompagnateurs. Ce roman est merveilleusement bien écrit. J'ai pu relever quelques néologismes ou expressions fantaisistes qui font le charme et la singularité de l'écriture de Guillaume Nail, transcrivant à merveille l'impétuosité de la jeunesse. le style est tout à la fois enlevé, rythmé, fougueux et empreint de tendresse. On a réellement l'impression d'avoir fait partie de ce tragique voyage. Voilà un premier roman touchant, juste et déchirant. le récit nous tient en haleine jusqu'au bout, le coeur serré. Je vais me jeter sans tarder sur un autre roman de cet auteur si talentueux !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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