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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Oh ! Un mirage. Un mensonge de la mer !"

Osojima, l'île " lente", au Sud des innombrables îles de toutes tailles qui constituent l'archipel japonais,
Entre les deux guerres,
Akino, un étudiant du département de géographie humaine de l'Université K., le temps d'un été, y vient et loge à "La Paupière du Dragon". Un visiteur, " une personne rare ", pour l'île. En apparence il y serait venu pour des recherches scientifiques, et en écrire un mémoire, mais sa vraie recherche est ailleurs. Les secrets de l'île, ses rencontres et un guide vont l'y aider. La trouvera-t-il ?.....
Alors que l'île abrite un monastère bouddhiste de plus de cinq cents ans, au début de l'ère Meiji, en 1872, un mouvement est lancé pour détruire le bouddhisme, -ici appelé le Shugendô, une tradition millénaire japonaise à forte dominance Bouddhisme Vajrayana, qui prône l'ascèse -, au profit du shintoïsme et ceux sont des hommes originaires de clans ayant autrefois appartenu à cette île qui vont s'en charger. Etrange non ? détruire ses propres fondements.....
Un livre à sensations fortes, où la communion avec la Nature et ses esprits en constitue la base. Une communion qu'Akino va vivre et la partager avec nous à la lueur des souvenirs tragiques de sa vie privée......" sentir l'impermanence des choses".
("Oui. Ça vous secoue. Terriblement. Quelque chose, c'est sûr, était là avant, on sent que c'est là. On sent très bien qu'il reste quelque chose dans l'air même si la chose elle-même a totalement disparu. Mais peut-être que cela me secouait déjà avant de venir ici, ce n'en est peut-être que le prolongement… Même si je sais que rien ne dure, je n'arrive pas à m'y faire.").

Si vous voulez faire un long pèlerinage naturaliste dans la montagne au Japon, sur les traces des vestiges de monastères bouddhistes fantômes,
connaître ou peut-être même avoir la chance de rencontrer les moines de la pluie, les "Funadamas" qui habitent les bateaux de l'île, les " kappa" , les génies de l'eau, les "monomimi",les" gens "de l'île qui font le lien entre les vivants et les morts, "les nadakazé", les vents du large malfaisants, de divers couleurs, noirs et blancs, les "tobi-io", les poissons volants, les saros qui se figent avec le froid et les "Umi-uso", les mensonges de la mer,
et en prime goûter de la langouste en sashimi........,
alors n'hésitez pas à lire ce magnifique petit livre, qui est avant tout une réflexion
sur l'éphémère de la vie et trouver " un point d'appui " pour vivre dans ce monde.
Je vous laisse découvrir ce livre dont je vous ai révélé que le début, et ce n'est pas que l'histoire d'un pèlerinage dans la montagne......

Un coup de coeur ! Merci Pamplemousse !


"La forme est vide, la vacuité est forme"

"Niraikanai. L'au-delà....
Au-delà de la rive, se trouve un lieu sans nom."
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L'impermanence c'est, pour les bouddhistes, le fait que tout change sans cesse, que rien ne reste jamais dans le même état.
Les lieux, la nature et les gens changent tout le temps, tout est amené à évoluer, à subir les assauts du temps ou des hommes, il faut donc d'autant plus profiter de l'instant présent, et cela devrait nous pousser à apprécier, savourer et chérir chaque moment agréable, chaque lieu visité, chaque personne rencontrée tout au long de notre vie.
Ce roman est un pur moment de sérénité et de lenteur, comme une parenthèse dans nos vies qui vont bien trop vite.

Pendant 200 pages, nous cheminons aux côtés d'un homme qui étudie la géographie humaine, sur une petite île japonaise isolée.
En compagnie de cet homme, nous allons arpenter les chemins montagneux de l'île le matin à la fraîche, nous allons tomber nez à nez avec un râle d'eau, nous allons explorer des grottes oubliées, nous allons apercevoir furtivement un saro, une sorte de bovidé ressemblant à une chèvre, nous allons goûter à des mets qui sentent la forêt, les algues marines et les oignons sauvages, nous allons caresser de vieilles pierres centenaires, traces infimes d'un monastère détruit, nous allons faire un bond dans le temps, nous allons fermer les yeux et sentir le vent qui vient de la mer sur nos visages, nous allons marcher, transpirer, respirer, manger, réfléchir, rêver, et chaque geste sera accompli avec plaisir, chaque instant fugace sera ressenti avec intensité.
Petit bijou de fraîcheur à l'écriture délicate, ce roman lumineux a égayé mon week-end.
Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Philippe Picquier pour cet envoi, qui fut un véritable cadeau.
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Il y a des musiques et des romans qui se marient merveilleusement … En écrivant ce petit billet, j'écoute un disque déniché aux puces dimanche dernier : Erik Satie et ses gymnopédies (qu'on peut probablement trouver sur internet aussi, pas besoin d'aller à la brocante). Et je trouve que les notes délicates de piano suspendues au-dessus du vide ont la fragilité des mensonges de la mer.

Ce roman nous emmène dans un paradis perdu, quelque part sur une île isolée, au large de Kyûshû, un endroit entre terre et mer, et dont les lieux portent des noms poétiques (j'avais constamment l'impression d'être en Chine, car c'est le propre de la langue chinoise de nommer joliment les lieux, non ?).

La nature y est un temple où chaque plante, chaque caillou, chaque animal est vénéré comme une divinité. C'est une invitation au calme, au silence, à la rêverie et à la nostalgie. Plaisir assuré pour une fille de passage en quête de recueillement et qui a aimé côtoyer les moines de la pluie, les sanctuaires oubliés envahis par les herbes. Et les mensonges de la mer.

La conclusion de ce roman pourrait être : « Nous suivons un long usogoé, un long, un très long chemin. Au-delà de la rive, se trouve un lieu sans nom». Puisse votre chemin être le plus fantastique possible !
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Oui, je serai brève, parce que si j'ai du mal à lire, j'en ai plus encore à écrire.
Je dirai simplement que ce roman fait du bien, que je l'ai refermé heureuse, non pas de l'avoir fini, mais d'avoir suivi ce jeune chercheur, jusqu'à la fin de sa vie – au deux tiers du roman, une ellipse de cinquante ans survient, et nous apprenons ce qu'il est advenu des personnages qui habitaient sur l'île dans les années trente.
Au début du récit, ce jeune homme est orphelin, sa fiancée est morte elle aussi, et nous ne saurons qu'à la fin comment elle est morte, et pourquoi sa mort fut une plaie vive au coeur de cet homme. Oui, les japonais ne se marient pas par amour, mais lui pensait qu'il convenait à cette jeune fille, tout comme elle lui convenait. Sur cette île isolée, il part à la recherche de son passé, celui de cette île – ou comment la construction de certaines maisons montrent les liens ou les séparations entre les hommes et les femmes. Il explore les religions, aussi, ou plutôt comment l'une a chassé, détruit, soumis les autres. Il explore les paysages, découvre la faune, la flore, et sera amené à comparer, quand il reviendra cinquante ans plus tard, avec son fils.
Apaisement, importance de la parole, du fait de dire son ressenti, de ne pas taire certains faits qui ont modelé notre personnalité.
PLutôt que « les mensonges » de la mer, j'aurai préféré que ce roman se nomme « les mirages » de la mer, car c'est plutôt de cela qu'il est question. Encore faut-il prendre le temps de les regarder, dans une société qui va de plus en plus vite.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Gros coup de coeur pour ce roman, sans doute parce que je le lis alors que je prépare un voyage à Okinawa, et que le décor de ce roman nous emmène dans les îles du Sud du Japon.
J'ai tout aimé : le protagoniste, sa manière de décrire la géographie de l'île, les oiseaux, son questionnement ethnologique tout comme ses interrogations métaphysiques.
Il flotte dans ce livre un parfum de nostalgie, mais c'est avant tout un grand livre sur la vacuité et le temps perdu, le temps qui passe, l'impermanence.
Je trouve la construction de ce roman brillante. On suit le parcours du protagoniste comme le parcours géographique de l'île. Les contours, les frontières de l'île dessinent également les contours du protagoniste... Je ne sais comment exprimer mon émotion de sentir une forme et un fond si bien accordés. Quant à la dernière partie du livre, elle met en exergue les émotions déjà ressenties à la lecture avec un nouveau point de vue. le temps regarde le temps qui regarde un autre temps. Les époques se chevauchent, se répondent, avec une grande clarté. J'ai moi-même été amené à convoquer les décors de ma vie, ce que le temps m'a pris, mais aussi ce que le temps m'a donné.
Aussi brillant que "L'été de la sorcière" ! Vivement une autre traduction de NASHIKI Kaho !
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Cela commence comme un récit d'exploration , se mue en hymne poétique à la nature et devient une quête dont l'objet constamment se dérobe : temple disparu, religion éradiquée, culte oublié , peuple banni et pour finir amour perdu toujours présent . Ce magnifique et délicat roman a un coeur d'absence qui lui donne sa poésie nostalgique . Giono écrivait « Dans un vase ce qui compte c'est le vide du milieu » et la sagesse orientale répond : « La forme est vide ,la vacuité est forme »
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