Un soir à Beyrouth

Sélim Nassib raconte Beyrouth à travers trois moments de sa vie, de la nostalgie aux drames incessants.

Lecture jeune, n°125 - « Vous avez jeté des pierres, je n’ai rien dit. Vous avez tiré sur des enfants, j’ai fait comme si je ne voyais pas, vous avez mis le feu à des pneus, imposé le couvre-feu, cassé des pare-brise, inondé les rues de gaz lacrymogène, je ne me suis jamais mêlé de vos histoires… » Voilà le contexte dans lequel se situent ces treize nouvelles : dans un Liban en guerre. De nombreux personnages parlent de leur quotidien, des relations tissées entre Juifs et Palestiniens, entre hommes et femmes, entre mensonges et vérités. Pourtant, ce qu’il en ressort, magistralement dit par ces narrateurs différents, c’est que la vie est plus forte et qu’il importe d’en être persuadé, car, au-delà des différends politiques, il y a aussi l’espoir, la joie et la fraternité. La tonalité de ce bel ouvrage n’est jamais morose. Les phrases, courtes, vont à l’essentiel et donnent le mouvement vital pour s’extraire de ce climat dramatique. Aussi humour et détachement sont-ils au rendez-vous ! Au-delà de la violence, présente en permanence, la vie continue pour ces hommes et ces femmes, avec son cortège d’émotions qui, vues d’ici, pourraient paraître dérisoires. Ainsi, l’enfance, l’amitié ou encore la sensualité sont évoquées avec justesse. L’auteur est aussi journaliste et spécialiste des questions politiques du monde arabe. Ce recueil a déjà été publié sous le titre L’Homme assis (Balland, 1991) ; deux nouvelles, « Hello, hello » et « Touché », sont inédites dans la présente édition. Michelle Charbonnier