Citations sur Cycle d'Ogier d'Argouges, tome 2 : Le granit et le feu (4)
– Elle a raison et elle a tort. Ce n'est pas vêtues et armées qu'il faudrait nous placer aux créneaux. C'est toutes nues... Certes, il y en aurait pour tous les goûts, mais c'est pas l'arme à la main que vous verriez accourir les malandrins de Canole. Et par mon pucelage et mon premier blanchet, ils s'entre-tueraient pour avoir les plus belles... qui sans doute ne seraient pas les meilleurs.
Le véritable amour, fut-il tenté de lui répondre.
J’attends la fille qui me rendra fou, perplexe et humble.
Celle devant laquelle j'aurai vergogne, la première
fois, d'être nu.
— Moult d’entre eux sont armés de haches danoises !
Et comme il avait manié celles de Guillaume, il vit et toucha de mémoire ces armes épouvantables : un fer large, relevé à son sommet pour fournir des estocades ; un manche oblique grâce auquel on augmentait la force du coup. Et il frémit en imaginant les brèches que les tranchants pourraient ouvrir avant peu.
Il n'existait aucun remède à cette gangrène de l'âme, aussi sournoise et virulente qu'une maladie contagieuse. Pâquerette ne devait pas être la seule à douter de l'heureuse issue d'un affrontement inégal. Plus que les hommes du chemin de ronde occupés à surveiller l'ennemi, le doute , conséquences de l'oisiveté, empoignait ceux d'en bas. Par la parole ou simplement l'attitude, l'angoisse de l'un devait incidemment se transmettre un autre, indemne jusque-là , et s'échauffer dans son crâne jusqu'à si convertir en frayeur– une frayeur dont le malheureux croyait naïvement se soulager en la révélant à autrui. Mais avouer habilement ou non sa peur à quelque compagnon solide et confiant d'apparence, ce n'était ni la partager ni s'en guérir ; c'était l'alourdir d'un inutile poids de vergogne.