Une autre histoire

Une autre histoire, c'est celle que ne raconte pas Jody, la petite amie du frère de Mags, dans le coma après une chute de 4 étages dans les escaliers. Même s'ils ne sont pas proches, la soeur va tout faire pour découvrir la vérité, car Jody semble mentir aisément. Elle cache une enfance sombre, que cache-t-elle d'autre...?
On reconnaît aisément la filiation avec tous ces thrillers psychologiques féminins, hérités du très réussi La fille du train ; une héroïne à contre-emploi, un mystère familial, des allers-retours dans le temps, une tentative de twist final. Ici, ça fonctionne pas mal dans le genre page turner (on a envie de connaître la suite), mais rien de révolutionnaire ni de captivant dans l'histoire, sans compter le style d'une platitude lassante, avec des passages frisant la mièvrerie. Des invraisemblances, aussi.
On pardonne tout ceci à l'aune de l'agréable moment passé, sans prise de tête aucune. du divertissement honnête, donc, pour lequel je remercie les éditions Sonatine et Masse Critique de Babelio.

Un livre offert par mes parents il y a quelques années, lu seulement maintenant ; un thriller pour adultes au début mystérieux, au milieu rebondissant, et à la fin révoltante, mais pas pour les raisons que vous pensez. Une autre histoire, de Sarah J. Naughton, porte bien son titre, car l'histoire est là où on ne l'y attend pas, et c'est bien son seul point fort, entouré par des points moins agréables à traiter. Ce roman était pourtant comparé à La fille du train, Gone Girl (Les apparences) et d'autres délices en matière de thriller psychologique à retourner les esprits.

Le premier chapitre intriguait, comment ne pas se laisser emporter devant une scène qui manifestement est une scène de crime ? Un corps qui tombe, du mystère, rien ne laissait présager la suite. le tout sur une écriture qui ne semblait pas particulièrement savoureuse, mais pas désagréable non plus, un style accessible à tous. Différents points de vue de personnages et de temps nous accueillaient dans ce roman qui partage thriller et enquête. Personnages énigmatiques ou non, intéressants ou non… où sont les problèmes qui m'ont laissé sur une impression de lecture où il n'y a rien à garder, alors ?

Les personnages. Au menu, l'éternel traumatisme irrésolu du passé, qui se partage la vie du présent. Traumatisme fort, censé susciter compassion et mystère à éclaircir, d'autant que sans lui, l'histoire ne tient pas. L'égoïste et irritante Mags, l'insipide et fade Jody, le comateux et nébuleux Abe… il y a certes peu de personnages, mais le problème avec ceux-ci est simple : ils sont insipides, trop peu crédibles pour qu'on leur prête attention, pour qu'on les croit. Créer une intrigue surprenante ne vaut pas grand-chose quand les personnages qui mènent l'histoire n'ont pas de saveur, c'est le cas de tous ces êtres de papier. Il y a bien des explications à ces comportements, des secrets autour d'eux qui se révèlent, mais ça n'enlève rien à l'ennui que l'on ressent à lire ce qu'il leur arrive.

Ou ce qu'il ne leur arrive pas, d'ailleurs. Voilà que la moitié tourne entre des mains molles, et toujours rien à se mettre sous la dent côté tension, et action, si bien que quand la première révélation de taille arrive, on en est soulagés, avant de se rappeler que la première moitié vient seulement de passer… pourtant, c'est un élément très intéressant qui nous tombe dessus, une autre histoire, celle que l'on ne voyait pas venir ! Hélas, la joie qu'apportait ce moment disparaît en même temps que le rythme continue sur sa vitesse de croisière. Une fois que les chapitres du passé livrent leur mystère, ils en deviennent inintéressants, un surplus franchement pas nécessaire, sauf si l'on veut y incorporer du malaise en puissance, histoire de maintenir les esprits éveillés. Pas de très bon goût, quand on voit de quoi il s'agit…

Vous trouverez tous les ingrédients nécessaires pour faire de Une autre histoire un thriller classique : personnages torturés qui déraillent, aubergine et pêche en quantité, scènes violentes, quelques éléments de mystère espacés, une enquête qui prend son temps pour démêler le vrai du faux. Mais quelque chose de spectaculaire, ou même d'agréable, de bon, quelque chose à garder une fois le bouquin fini ? Rien, si ce n'est la fin et la solution à vomir qui est employée pour clore ce roman, le sentiment qui s'en dégage. Qu'une femme qui harcèle, il faut lui pardonner pour telle raison, il faut la comprendre. Sauf que comprendre ne veut pas dire pardonner, même dans ce cas. Que trop de femmes ne sont pas crues ou soutenues lorsqu'elles déposent une plainte pour viol, et le message de base est vrai, fort, il mérite d'être écouté. Mais quand, deux minutes plus tard, le discours se permet de tout détruire de façon aussi ignoble sous prétexte que c'est la seule solution, c'est de la bêtise pure. À vomir, et je mesure mes mots. En parler plus risquerait de vous gâcher « la surprise », alors je m'abstiendrais, mais bon sang, ce n'est pas choquant, c'est alarmant sur le double standard que l'on voit dans la réalité. Au moins, c'est une fin qui provoque une réaction, c'est peut-être déjà pas mal…

Un thriller classique avec le mérite de surprendre une fois la moitié passée, un style pas mauvais, mais des personnages qui manquent à la fois de saveur et de crédibilité, Une autre histoire aurait pu rester en tête s'il y avait eu plus d'approfondissement sur les personnages, un approfondissement qui dépasse le saint traumatisme. Les thèmes de base méritaient qu'on en parle, ils le méritent toujours, seulement la justesse lorsqu'on traite de tels sujets n'y est à mon sens pas du tout, et c'est ce qui en fait une lecture franchement banale, et énervante sur certains points. Pourtant, ça partait d'un très bon sujet… Traumatismes d'enfance, homosexualité, liens familiaux après une séparation, maladie mentale… des ingrédients classiques, qui auraient pu donner un très bon roman psychologique. Ne quittons pas fâchés, je lirais quand même les autres romans de l'auteure ; pourquoi rester sur une impression aussi négative ?

Note : 2/5
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Parfois, on a beau insister, ça ne veut pas : je n'ai pas accroché à ce roman. Pourtant, le travail de l'auteur est indéniable : accident qui n'en est pas un, suspects menteurs, décor troublant, une héroïne rongée par un trauma ancien...
Mais justement j'ai eu le sentiment tout au long de la lecture, de voir défiler la liste du parfait petit thriller... sans que je n'ai la moindre empathie pour tous ces personnages surchargés de drame et de problèmes... le récit m'a vite paru artificiel et forcé.
J'ai lu jusqu'à la dernière page mais avec l'impression que j'aurais pu m'arrêter bien avant sans perdre grand chose.