AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 98 notes
5
3 avis
4
11 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Excellent. C'est vraiment un très beau livre. Comment vivre dans une société dirigée par une religion trop présente et qui emplit les gens d'une peur viscérale amenant à vivre dans le mensonge ? Ce livre nous fait traverser la vie de plusieurs protagonistes à différents endroits de Téhéran. La misère est souvent de la partie, le combat souvent perdu d'avance. Mais l'espoir toujours présent.
C'est un témoignage très fort, un livre que j'ai parcouru avec beaucoup de plaisir, une des belles lectures de mon début d'année.
Commenter  J’apprécie          120
Ramita Navai est une opposante au régime iranien. Il s'agit de s'en souvenir à mesure que l'on progresse dans son livre. On pourrait sans doute dire "opposante aux régimes iraniens". le pouvoir tyrannique du shah, le régime de terreur des mollahs, la révolution islamique... tout cela n'agréee pas Ramita Navai.

Un roman à nouvelles, pourrait-on dire. Une série de portraits qui tissent l'image d'une ville cosmopolite, mutliforme, entre laïcité et religion, entre laissez-faire et terreur des Bassidjis, entre modernité et archaïsme, entre pauvreté et opulence obscène, entre technologie et système D...

Les personnages se suivent, on passe de quartier en quartier, le long d'une artère mythique de Téhéran: l'avenue Vali Asr, 10 km de long. Une actrice porno, un vieux mafieux, une femme extrêment riche, un activiste... Tous ces portraits sont issus de la réalité, de personnes et de faits divers qui existent, ont existé, et pour lesquels Ramita Navai a changé les noms, les lieux, les dates. Rappelons-nous qu'il ne fait pas bon exprimer ses opinions divergentes en Iran, pays où l'homosexualité est illégale, mais où le lesbianisme est davantage puni que l'homosexualité masculine... et où celui qui pénêtre est moins puni que celui qui est pénétré... y compris lors d'un viol. Quand la religion se mêle du vécu des individus, cela ne donne pas un bon résultat (les USA, pourtant l'opposé affiché de l'Iran, nous le démontrent en ce moment).

Le style de Ramita Navai n'est pas toujours aisé. On est davantage dans le récit de faits divers et dans le journalisme que dans le roman. C'est parfois lourd et indigeste. Mais c'est édifiant. Vivre à l'ombre de régimes totalitaires, où tout semble interdit et permis en même temps, c'est cela la terreur, l'espionnage, la délation... Vivre à Téhéran, c'est forcément mentir nous dit Ramita Navai, c'est avoir une part d'ombre en espérant qu'elle ne sera pas démasquée par ceux qui se sont autorisés à posséder un droit de vie et de mort sur autrui.
Commenter  J’apprécie          80
Ce livre, écrit par une iranienne, nous permet de plonger dans cet Iran dont on ne parle pas. La vie de ces hommes et femmes qui patissent de conditions politiques et religieuses qui restreignent leur liberté au quotidien.
Chaque chapitre concerne un personnage et à chaque fois un thème est abordé ; la prostitution, l'homosexualité, le mariage/divorce...
On ne s'ennuie pas car chaque histoire est différente. Et surtout ce livre n'est pas triste ! Car tout au long de ces récits on est à chaque fois un peu plus effaré de ces pratiques d'un autre age, mais malgré tout les gens vivent et sont parfois heureux. Ils sont très attachés à leur pays, à leur culture. On découvre aussi l'Iran à travers leurs yeux, pas uniquement un état islamique très rigoureux. Et puis une nouvelle génération qui espère beaucoup.
Je n'avais jamais lu de romans sur cette région du monde, mais j'en ressors pleine de curiosité. le fait que l'auteur décrive de vraies histoires donne énormément de crédibilité et d'intérêt à cette lecture.
Commenter  J’apprécie          70
Vivre et mentir à Téhéran nous raconte l'histoire de 8 Iraniens et de leur famille. On nous dépeint les changements de moeurs brutaux qui leurs sont infligés, de la domination américaine jusqu'à la révolution islamique. Chaque protagoniste à un point de vu et une histoire différente, tour à tour détruit ou servi par une révolution violente, ils nous dévoile toutes les nuances de la société iranienne.
J'ai beaucoup aimé ce livre facile à lire et novateur pour moi qui n'avais jamais lu de littérature du moyen orient. J'en retiens une ville vivante aimée de ses habitants, même si ceux-ci paraissent tiraillés entre les valeurs morales imposées par la république islamique et leur propre personnalité.
Commenter  J’apprécie          50

Ramita Navai, journaliste pour le Times de Londres et native de d'Iran, décrit la vie à Téhéran sous le régime des mollah.
La géographie de cette ville est omniprésente dans ce récit avec pour repère central, l'avenue Vali Asr ( l'ultime sauveur, baptisée ainsi par l'imam Khomeiny en hommage à l'imam Madhi).
Cette avenue, bordée de sycomores coupe la ville en 2 et s'étend sur 18 km du Nord au Sud, de 1900 m d'altitude, à 1200 m . Elle est prise en étau entre 2 chaines de montagnes culminant à 4000 m, et sert ainsi de réceptacle des fumées et des gaz engendrés par le nombre croissant des voitures, avec pour conséquence une pollution permanente.

Le niveau social de la population est corrélé à la situations géographique des uns et des autres, au regard de cette fameuse avenue, les plus riches au Nord, les plus pauvres au Sud.
L'auteure a infiltré différentes milieux sociaux culturels et nous fait partager sa lecture du monde Téhéranais sous forme de récits fictifs collant au plus juste à la réalité quotidienne des habitants.
A travers 8 histoires associées au prénom d'un personnage symptomatique, elle nous raconte les problématiques des uns et des autres dans une société où le mensonge et l'hypocrisie sont indissociables mais nécessaires pour vivre sous ce régime théocratique.

Dariush, radicalisé à l'étranger cherche à commettre un attentat contre un haut fonctionnaire, puis se trouve dé-radicalisé par le régime.

Somayeh est l'histoire générique d'une jeune fille d'un milieu modeste jonglant entre les désirs intimes et son rapport à Dieu. Les mollah donnent des exercices physiques associés à des lectures sur les prophètes aux jeunes filles pour éviter toute pensée libidinale. Les codes vestimentaires, notamment le port du voile sont bien disséqués jusqu'à cette publicité affichée sur les murs de Téhéran montrant 2 bonbons, un ouvert recouvert de mouches et un enveloppé de papier, avec pour légende »Le voile c'est la sécurité »
Le tchador est synonyme de pureté, de piété et de pudeur.
Ce chapitre est à mon avis le plus symptomatique d'une société qui officiellement cherche à étouffer la sexualité, mais qui officieusement ne pense qu'à ça.
Les filles se doivent d'être vierges au mariage au niveau vaginal, peu importe leur »virginité « annale ce qui fait de Téhéran (selon l'auteure) la championne mondiale de cette pratique sexuelle !!
Les mariages sont le plus souvent arrangés et les divorces peu acceptés.
Somayeh se marie puis se trouve vite confronté à l'adultère et ses conséquences . La piété apparente est un gage d'honneur, le voyage à la Mecque est un nec plus ultra, le père de Somayeh en est le champion, jusqu' à ce que sa femme découvre qu'il voyage en fait en Thaïlande assouvir ses besoins sexuels.
Amir est un jeune homme non croyant dont les parents ont été pendus (avec 5000 autres) par le régime des mollah en 1988 , après des jugement sommaires rendus par des juges croyant à leur mission de dispenser la justice de Dieu.
Le juge responsable de la mort des parents de Amir, cherche son pardon après avoir réalisé à quel point le régime s'était laissé miné par des questions d'argent et de pouvoir.
Bijan

On perçoit le niveau de collaboration entre le grand banditisme et la police, dans les quartier Sud où le trafic d'armes, de drogue, de prostitution fond abstraction de la théocratie, on apprends le lien entre la mafia Japonaise et Iranienne.

Leyla
ou l'itinéraire d'une jeune fille issue de la classe moyenne qui se prostitue pour vivre puis tourne pour des films pornographiques amateurs très prisés de la société des nantis à Téhéran .Les juges abusent de leur pouvoir pour profiter sexuellement des femmes accusées de prostitution.
Les législateurs et érudits passent des heures à parler sexe, philosopher sur le sexe afin de le condamner et le punir selon leurs lois.
Le comble de l'hypocrisie de ce régime est le Sighieh ( mariage temporaire approuvé à la fois par Dieu et par l'état qui lie un homme (qui peut être marié) à une femme (qui ne peut pas l'être).
Ainsi les mollah, ayatollah et tous les hommes mariés peuvent avoir des rapports sexuels avec une prostituées ou une jeune fille en toute impunité devant la loi et devant Dieu.

Moteza ou la difficulté de vivre son homosexualité, notamment dans les milieux les plus populaires, ce qui n'empêchent pas certains commandants de brigades de la pudeur d'abuser en toute impunité de leurs recrues.
Asghar ou la vie d'un hors la loi pré révolutionnaire minée par la drogue omniprésente à Téhéran.
Farideh, l'aristocrate pré révolutionnaire qui vit dans le Nord mais qui doit composer avec un régime qu'elle ne supporte plus au point de quitter le pays puis y revenir malgré tout aimantée par cette ville qui malgré toutes les vicissitudes et interdictions diverses bouillonne de vie et où le mensonge et l'hypocrisie sont devenus un art de vivre.

Par-delà ces récits, Ramita Navai nous fait visiter une capitale dans son intimité la plus profonde , je pense à Loo Reed avec « take a waak on the wild side », déjouant l'idée d'une ville endormie par le joug chiite, elle nous montre un monde vivant, dynamique portée vers des excès ( drogue, alcool, sexe et pornographie), générés par la prohibition et le puritanisme officiel.


Commenter  J’apprécie          30
J'hésite sur la qualification de cet ouvrage, formé des histoires de vie de huit Téhéranais, recueillies par la journaliste anglo-iranienne Ramita Navai et transformées en forme de nouvelles, tout en insistant sur les références réelles aussi bien des personnages et de leur langage, que des éléments descriptifs et contextuels qui abondent dans les récits. Si les personnages ne sont clairement pas typiques, ils sont sans doute emblématiques et de ce fait représentatifs. de plus, par-delà les deux fils conducteurs du livre : le mensonge (ou la duplicité) comme condition de survie à la répression sociale, et la position géo-urbaine par rapport à l'Avenue Vali Asr qui, en traversant longitudinalement la capitale, révèle physiquement une fracture censitaire de la population (le Nord des nantis, le Sud des classes populaires), ce qui frappe dans ces récits, c'est précisément la variété des déterminants et des trajectoires biographiques en fonction des inégalités socio-économiques. L'auteure semble avoir eu l'opportunité d'être introduite dans une variété de milieux et de narrations généralement mutuellement impénétrables : elle en explique le moyen chanceux dans une note en fin d'ouvrage. Ce vaste spectre social donne donc l'impression de la représentativité, à l'instar du cadre urbain multicolore, uni dans sa diversité, ciselé par des descriptions foisonnantes de détails, comme dans une fresque contemporaine gigantesque.
Chaque chapitre, qui possède la dynamique et le style propres de la nouvelle, est intitulé d'après le prénom du protagoniste, mais il pourrait aussi bien représenter une situation ou une problématique spécifique :
- Dariush ou de la radicalisation étrangère puis dé-radicalisation locale d'un militant d'une organisation terroriste opposée à la République islamique – une réalité dont j'étais totalement ignare, habitué à penser que les opposants étrangers de l'Iran ne seraient qu'humanistes, démocrates, pacifistes et laïques...
- Somayeh ou de la duplicité des rapports conjugaux, spécialement chez les hommes des familles conservatrices – une perspective étendue à deux générations, sur fond de l'évolution de la considération de la femme divorcée ;
- Amir ou de la clandestinité dans l'opposition politique, surtout lorsque l'engagement est hérité de parents ayant perdu la vie pour le militantisme – dans ce chapitre, le personnage le plus inattendu me semble être celui de l'antagoniste, le vieux juge retraité consumé par le remords ;
- Bijan ou de la prospérité des trafics criminels avec la connivence de la police – j'ai appris ici les rapports entre les mafias iranienne et japonaise, en particulier dans le commerce triangulaire de stupéfiants dont le troisième côté est l'Afghanistan ;
- Leyla ou d'une carrière entre la prostitution et la pornographie, en passant par la profession d'escort de haut-vol ;
- Morteza ou des difficultés de vivre et d'occulter son homosexualité, notamment dans le milieu des bassidjis, milices paramilitaires volontaires du régime, dont les membres sont issus des classes les plus humbles ;
- Asghar ou de la persistance, auprès de la classe ouvrière, de l'ancienne figure pré-révolutionnaire du "jahel", hors-la-loi fidèle à un strict code de conduite fondé sur l'honneur, la magnanimité, la chevalerie, gérant tripots de paris clandestins et débits d'alcools, et de la manière dont elle est minée par les ravages de l'héroïne ;
- Farideh ou de la perpétuité d'une certaine aristocratie pré-révolutionnaire, qui tente de garder un standing malgré la dépossession de la plupart de ses avoirs, et qui est tiraillée entre le désir d'émigrer en Occident, le regret de ne pas l'avoir fait plus tôt et la conscience de ne pas savoir vivre à l'étranger – j'apprends que ce groupe fort exigu est cependant parfois alimenté par des retours de jeunes entreprenants qui, ayant fait fortune à l'étranger, se constituent ou tentent de se constituer des fortunes en Iran, en créant des ponts pour désenclaver leur pays d'origine.

Cet ouvrage offre donc une vraie intimité avec la complexité sociologique de la ville de Téhéran, qui joint les avantages du reportage à la puissance de la prose fictionnelle.
Commenter  J’apprécie          30
Un livre très intéressant qui adopte un parti pris rare: celui de raconter la vie quotidienne à Téhéran à partir de témoignages d'habitants (dont l'identité a été modifiée pour les protéger), volontairement choisis pour la diversité de leurs points de vue.

De l'ancien militant des moudjahidines du Peuple reconverti en appui du régime, à l'opposant don les parents ont été torturés en prison et qui vit dans une semi-clandestinité, en passant par la mère de famille traditionaliste qui découvre que son mari lui ment, chacun déroule son propre récit (à la troisième personne), l'auteur interférant le moins possible. Il est difficile de se faire son propre avis tant les points de vue sont parfois contradictoires, mais il ressort de la collection des récits une vision plus nuancée (mais pas nécessairement plus complaisante) de l'Iran d'aujourd'hui que celle qui est habituellement véhiculée en Occident.

On ne s'ennuie jamais, car l'auteur sait ménager les surprises et le suspense. On pardonne d'autant plus volontiers le style trop journalistique, peu élaboré.
Commenter  J’apprécie          20
Un tableau vivant de la société, réel et sans filet a travers des moments de vie. C'est toute la volonté des personnages à continuer à vivre qui m'a le plus marqué dans cet ouvrage. Également un éclairage sur la situation politique et religieuse, les difficultés et injustices subies par la population.
Commenter  J’apprécie          10
1 plan stylisé de Téhéran et 1 phrase d'ouverture "Mieux vaut le mensonge qui maintient la paix que la vérité qui déstabilise"
8 tranches de vie qui s'égrennent le long de la très droite avenue Vali Asr, avenue qui coupe la ville en deux tranches presque égales,
1 Nord où "dans les rues de Sa'adat Abad, on "aperçoit même quelques Porsche", 1 centre dont la rue Takht-e Tavous arrive à conserver son nom même rebaptisée après la révolution, 1 Sud dangereux et misérable avec son quartier de prostituées Shoosh,
Pour moi 4 vies qui marquent :
1 Somayeh au mariage raté,
1 Amir dissident à la recherche des meurtriers de ses parents,
1 Leyla qui descend aux enfers,
1 Morteza bassidji qui apprend à se renier
et 1 puissance de narration qui nous entraîne de quartier en ruelles, pour se retrouver au coeur de l'histoire de personnages ordinaires, à deviser et à mentir autour du sofreh (nappe étalée au sol et couverte de plats).
Commenter  J’apprécie          10
J'adore les romans comme Vivre et mentir à Téhéran car ils nous permettent d'apprendre véritablement le contexte et l'histoire d'un pays. Ici, Ramita Navai nous propose 8 portraits d'iraniens très différents les uns des autres.

Selon les portraits, nous avons des récits plus ou moins courts. Des récits qui sont romancés, mais qui ont véritablement existé. Ramita Navai explique que c'est tiré d'histoire vraies, mais que pour protéger les véritables personnes, elle a dû romancer ces histoires. J'ai également beaucoup apprécié tous les repères historiques en fin de roman et le plan de Téhéran au tout début. En effet, tout le long de la lecture, on nous donne énormément d'informations et c'est très sympa de pouvoir se référer aux annexes pour faire le tri et bien se situer.

C'est un roman que j'ai dévoré même si il faut l'avouer, il faut bien être éveillé pour bien cerner les enjeux des différentes histoires. Elles sont toutes plus intéressantes les unes que les autres même si dans les portraits un peu long, on peut y voir des digressions sur des personnages annexes.

Comme pour Mille soleils splendides, je pense que Vivre et mentir à Téhéran est important à lire pour comprendre les enjeux d'un pays méconnu. C'est un roman que je conseille fortement à toutes les personnes intéressées par l'histoire d'un pays, par des personnages qui ne sont ni tout blanc, ni tout noir, mais qui cherche à survivre dans leur propre pays.
Lien : https://popcornandgibberish...
Commenter  J’apprécie          10



Autres livres de Ramita Navai (1) Voir plus

Lecteurs (272) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1836 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}