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Citations sur Émile Nelligan et son oeuvre (88)

Gretchen la pâle.

Elle est de la beauté des profils de Rubens
Dont la majesté clame à la sienne s'incline.
Sa voix a le son d'or de mainte mandoline
Aux balcons de Venise avec des chants lambins.

Ses cheveux, en des flots lumineux d'eaux de bains,
Déferlent sur sa chair vierge de manteline ;
Son pas, soupir lacté de fraîche mousseline,
Simule un vespéral marcher de chérubins.

Elle est comme de l'or d'une blondeur étrange.
Vient-elle de l'Éden ? de l'Erèbe ? Est-ce un ange
Que ce mystérieux chef-d'oeuvre du limon ?

La voilà se dressant, torse, comme un jeune arbre.
Souple Anadyomène... Ah ! gare à ce démon !
C'est le Paros qui tue avec ses bras de marbre !
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Pour Ignace Paderewski.

Maître, quand j'entendis, de par tes doigts magiques,
Vibrer ce grand Nocturne, à des bruits d'or pareil ;
Quand j'entendis, en un sonore et pur éveil,
Monter sa voix, parfum des astrales musiques ;

Je crus que, revivant ses rythmes séraphiques
Sous l'éclat d'un merveilleux de quelque bleu soleil,
En toi, ressuscité du funèbre sommeil,
Passait le grand vol blanc du Cygne des phtisiques.

Car tu sus ranimer son puissant piano,
Et ton âme à la sienne en un mystique anneau
S'enchaîne étrangement par des causes secrètes.

Sois fier, Paderewski, du prestige divin
Que le ciel te donna, pour que chez les poètes
Tu fisses frissonner l'âme du grand Chopin !
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Soir d'hiver.

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu'est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j'ai, que j'ai !

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu'est-ce que le spasme de vivre
À tout l'ennui que j'ai, que j'ai !...
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Rêves enclos.

Enfermons-nous mélancoliques
Dans le frisson tiède des chambres,
Où les pots de fleurs des septembres
Parfument comme des reliques.

Tes cheveux rappellent les ambres
Du chef des vierges catholiques
Aux vieux tableaux des basiliques,
Sur les ors charnels de tes membres.

Ton clair rire d'émail éclate
Sur le vif écrin écarlate
Où s'incrusta l'ennui de vivre.

Ah ! puisses-tu vers l'espoir calme
Faire surgir comme une palme
Mon coeur cristallisé de givre !
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Prière du soir.

Lorsque tout bruit était muet dans la maison,
Et que mes soeurs dormaient dans des poses lassées
Aux fauteuils anciens d'aïeules trépassées,
Et que rien ne troublait le tacite frisson,

Ma mère descendait à pas doux de sa chambre ;
Et, s'asseyant devant le clavier noir et blanc,
Ses doigts faisaient surgir de l'ivoire tremblant
La musique mêlée aux lunes de septembre.

Moi, j'écoutais, coeur dans la peine et les regrets,
Laissant errer mes yeux vagues sur le Bruxelles,
Ou, dispersant mon rêve en noires étincelles,
Les levant pour scruter l'énigme des portraits.

Et cependant que tout allait en somnolence
Et que montaient les sons mélancoliquement,
Au milieu du tic-tac du vieux Saxe allemand,
Seuls bruits intermittents qui coupaient le silence,

La nuit s'appropriait peu à peu les rideaux
Avec des frissons noirs à toutes les croisées,
Par ces soirs, et malgré les bûches embrasées,
Comme nous nous sentions soudain du froid au dos !

L'horloge chuchotant minuit au deuil des lampes,
Mes soeurs se réveillaient pour gagner leur lit,
Yeux mi-clos, chevelure éparse, front pâli,
Sous l'assoupissement qui leur frôlait les tempes ;

Mais au salon empli de lunaires reflets,
Avant de remonter pour le calme nocturne,
C'était comme une attente inerte et taciturne,
Puis, brusque, un cliquetis d'argent de chapelets...

Et pendant que Liszt les sonates étranges
Lentement achevaient de s'endormir en nous,
La famille faisait la prière à genoux
Sous le lointain écho du clavecin des anges.
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Les Carmélites.

Parmi l'ombre du cloître elles vont solennelles,
Et leurs pas font courir un frisson sur les dalles,
Cependant que du bruit funèbre des sandales
Monte un peu la rumeur chaste qui chante en elles.

Au séraphique éclat des austères prunelles
Répondent les flambeaux en des gammes modales ;
Parmi le froid du cloître elles vont solennelles,
Et leurs pas font des chants de velours sur les dalles.

Une des leurs retourne aux landes éternelles
Trouver enfin l'oubli du monde et des scandales ;
Vers sa couche de mort, au fond de leurs dédales,
C'est pourquoi, cette nuit, les nonnes fraternelles

Dans leur cloître longtemps ont marché solennelles.
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Chapelle ruinée.

Et je retourne encor frileux, au jet des bruines,
Par le délabrement du parc d'octobre. Au bout
De l'allée où se voit ce grand Jésus debout,
Se massent des soupçons de chapelle en ruines.

Je refoule, parmi viornes, vipérines,
Rêveur, le sol d'antan où gîte le hibou ;
L'Érable sous le vent se tord comme un bambou.
Et je sens se briser mon coeur dans ma poitrine.

Cloches des âges morts sonnant à timbres noirs
Et les tristesses d'or, les mornes désespoirs,
Portés par un parfum que le rêve rappelle,

Ah ! comme, les genoux figés au vieux portail,
Je pleure ces débris de petite chapelle...
Au mur croulant, fleuri d'un reste de vitrail !
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Diptyque.

En une très vieille chapelle
Je sais un diptyque flamand
Où Jésus, près de sa maman
Creuse le sable avec sa pelle.

Non peint par Rubens ou Memling,
Mais digne de leurs galeries ;
La Vierge, en blanches draperies,
Au rouer blanc file son lin.

La pelle verdelette peinte
Scintille aux mains grêles de Dieu ;
Le soleil brûle un rouge adieu
Là-bas, devers Sion la sainte.

Le jeune enfant devant la hutte
Du charpentier de Nazareth
Entasse un amas qu'on dirait
Être l'assise d'une butte.

Jésus en jouant s'est sali ;
Ses doigts sont tachetés de boue,
Et le travail sur chaque joue,
A mis comme un rayon pâli.

Quelle est cette tâche sévère
Que Jésus si précoce apprit ?
Posait-il donc en son esprit
Les bases d'un futur Calvaire ?
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La mort du moine.

Voici venir les tristes frères
Vers la cellule où tu te meurs.
Ton esprit est plein de clameurs
Et de musiques funéraires.

Apportez-lui le Viatique.
Saint Bénédict, aidez sa mort !
Bien que faible, faites-le fort
Sous votre sainte égide antique.

Ainsi soit-il au coeur de Dieu !
Clément, dis un riant adieu
Aux liens impurs de cette terre.

Et pars, rentre dans ton Espoir.
Que les bronzes du monastère
Sonnent ton âme au ciel ce soir !
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Les Déicides.

I

Ils étaient là, les Juifs, les tueurs de prophètes,
Quand le sanglant Messie expirait sur la croix ;
Ils étaient là, railleurs et bourreaux ;a la fois ;
Et Sion à son crime entremêlait des fêtes.

Or, voici que soudain, sous le vent des tempêtes,
Se déchira le voile arraché des parois.
Les Maudits prirent fuite : on eût dit que le poids
De leur forfait divin s'écroulait sur leurs têtes.

Depuis, de par la terre, en hordes de damnés,
Comme des chiens errants, ils s'en vont, condamnés
Au remords éternel de leur race flétrie,

Trouvant partout, le long de leur âpre chemin,
Le mépris pour pitié, les ghettos pour patrie,
Pour l'aumône l'affront lorsqu'ils tendront la main.


II

D'Autres sont là, pareils à ces immondes hordes,
Écrasant le Sauveur sous des monts défis,
Alors qu'Il tend vers eux, du haut des crucifix,
Ses deux grands bras de bronze en sublimes exordes.

Écumant du venin des haineuses discordes
Et crachant un blasphème au Pain que tu leur fis,
Ils passent. Or, ceux-là, mon Dieu, qu'on dit tes fils,
Te hachent à grands coups de symboliques cordes.

Aussi, de par l'horreur des infinis exils,
Lamentables troupeaux, ces sacrilèges vils
S'en iront, fous de honte, aux nuits blasphématoires,

Alors que sur leur front, mystérieux croissant,
Luira, comme un blason de leurs tortures noires,
Le stigmate éternel de quelque hostie en sang.
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