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Paul Wyczynski (Éditeur scientifique)Réjean Robidoux (Éditeur scientifique)
EAN : 9782894060797
262 pages
Bibliothèque Québécoise (07/01/1995)
4.14/5   90 notes
Résumé :
Emile Nelligan est le plus grand poète lyrique du Québec. Sa vie et son oeuvre se confondent dans la même fulgurance. Né à Montréal en 1879, marqué par Musset, Verlaine et Baudelaire, il écrivit des poèmes sur les paradis perdus de l'enfance, le visage consolateur de la femme, la nostalgie des pays inconnus dont le lointain désespère le désir. Cet écrivain du néant, cet " hypocondriaque au front blêmi ", fut interné en 1899 et passa quarante-deux ans dans un asile, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Nelligan n'avait pas vingt ans en 1899 lorsqu'il a sombré dans la maladie mentale et a été interné, à une époque où les traitements psychiatriques étaient rudimentaires. Ce fut la fin abrupte de son génie, il passa le reste de sa vie en institution sans créer d'autres poèmes.
Toute son oeuvre tient donc en un seul recueil, mais si elle n'a pas la quantité, sa qualité fait en sorte que Nelligan est quand même considéré comme un grand poète québécois.
Sa poésie est accessible aux néophytes du genre et a pénétré la culture populaire : ses « Soirs d'hivers » ont été mis en musique par Claude Léveillée.
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Je recommande ce recueil fortement à tout lecteur canadien-anglais. Émile Nelligan est le plus grand poète canadien-francais et sa clarté remarquable rend la lecture de ses poèmes très facile même pour quelqu'un qui commence à apprendre le francais. Surtout j'encourage les professeurs dans les programmes d'immersion des écoles catholiques de lire ce livre car on y trouve des trésors chrétiens.
Nelligan qui prétendait être un grand admirateur de Georges Rodenbach. C'est peut-être pour cette raison et l'on le qualifie souvent de symboliste. Cependant on voit aussi chez Nelligan des influences De Lamartine, Virgile, Rimbaud, Gautier, Baudelaire, Mallarmé et Verlaine. Finalement , il y a plusieurs poèmes qui font penser à Robert Browning, notamment "Fra Angelico" et "L'ultime Angelo del Corregio".
Malgré tous ses clins d'oeil et hommages aux poètes contemporains d'Europe Nelligan possède un style bien à lui très canadien. Il fait des nombreuses références à la givre et à la neige. Ses poèmes se situent surtout en région rural. Pourtant c'est son catholicisme familiale qui le marque comme étant un canadien-francais.
Mon poème préféré dans l'anthologie est "Prière de Soir" qui termine comme suit:
Mais au salon empli de lunaires reflets,
Avant de remonter pour le calme nocturne,
C'était comme une attente inerte et taciturne,
Puis brusque un cliquetis d'argent de chapelets.

Et pendant que le Liszt les sonates étranges,
Lentement achevaient de s'endormir en nous,
La famille faisait la prière à genoux
Sous le lointain écho du clavecin des anges.
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Si vous recherchez des poèmes légers qui enchantent et réconfortent, passez votre tour ici. Nelligan n'est pas reconnu pour sa joie, ni pour son entrain! Mais ses écrits font naître des images impérissables, chargées d'une mélancolie qui amène à prendre un temps de repos entre chaque lecture.
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L'âme d'un poète s'offre à l'autre fragile et vulnérable. Une telle sensibilité dans ces temps pouvaient peut-être être qualifiée de folie parce qu'elle transcendait la vie humaine ordinaire.
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Classique de la poésie québécoise qu'il faut absolument avoir lu. On revient toujours à Nelligan.
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Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
À Georges Rodenbach


Blanc, blanc, tout blanc, ô Cygne ouvrant tes ailes pâles,
Tu prends l’essor devers l’Éden te réclamant,
Du sein des brouillards gris de ton pays flamand
Et des mortes cités, dont tu pleuras les râles.

Bruges, où vont là-bas ces veuves aux noirs châles ?
Par tes cloches soit dit ton deuil au firmament !
Le long de tes canaux mélancoliquement
Les glas volent, corbeaux d’airain dans l’air sans hâles.

Et cependant l’Azur rayonne vers le Nord
Et c’est comme on dirait une lumière d’or
Ô Flandre, éblouissant tes funèbres prunelles.

Béguines qui priez aux offices du soir,
Contemplez par les yeux levés de l’Ostensoir
Le Mystique, l’Élu des aubes éternelles !

p.189
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C’est un vase d’Égypte à riche ciselure,
Où sont peints des sphinx bleus et des lions ambrés :
De profil on y voit, souple, les reins cambrés,
Une immobile Isis tordant sa chevelure.

Flambantes, des nefs d’or se glissent sans voilure
Sur une eau d’argent, plane aux tons de ciel marbrés :
C’est un vase d’Égypte à riche ciselure
Où sont peints des sphinx bleus et des lions ambrés.

Mon âme est un potiche où pleurent, dédorés,
De vieux espoirs mal peints sur sa fausse moulure ;
Aussi j’en souffre en moi comme d’une brûlure,
Mais le trépas bientôt les aura tous sabrés…

Car ma vie est un vase à pauvre ciselure.
(Potiche)
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Poèmes posthumes

Frère Alfus
I


Ce fut un homme chaste, humble, doux et savant
Que le vieux frère Alfus, le moine des légendes.
Il vivait à Olmutz dans un ancien couvent.

Il avait un renom de par beaucoup de landes,
Son esprit était plein d’un immense savoir
Car la Science lui fit ses insignes offrandes.

De tous bords l’on venait pour l’aimer et le voir ;
Son chef s’était blanchi sous des frimas d’idées
Mais son penser restait sur un point sans pouvoir.

Parmi les grandes paix des retraites sondées,
Dès l’aube, tout rêveur il venait là souvent
Quand les herbes chantaient sous les primes ondées.

Il écoutait la source et l’oiseau, puis le vent,
Et comme en désespoir de solver le mystère
Il retournait pensif toujours vers son couvent.

On le vit se voûter comme l’arbre au parterre.
Peu à peu dans son âme une tempête entra
Car le Doute y grondait comme un rauque cratère.

Du glaive de l’orgueil l’humble foi s’éventra
Et le vieux moine allait portant sur ses épaules
Les douleurs que l’enfer sans doute y concentra

Parfois il se disait marchant sous les hauts saules,
L’index contre la tempe et le missel au bras,
Dieu peut-être est chimère ainsi que vains nos rôles.

À quoi nous servirait ainsi jusqu’au trépas
De cambrer nos désirs sous les cilices chastes
Et vivre en pleine mort pour un ciel qui n’est pas ?

Son cœur confabulait avec des voix néfastes,
Le ciel, l’arbre, l’oiseau, la terre étaient joyeux
Et le Moine était triste au fond de ces bois vastes.

p.215-216-217
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Laissez-le vivre ainsi sans lui faire de mal!
Laissez-le s'en aller; c'est un rêveur qui passe,
C'est une âme angélique ouverte sur l'espace,
Qui porte en elle un ciel auroral.
...
(Le Poète)
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Rêve de Watteau

Quand les pastours, aux soirs des crépuscules roux
Menant leurs grands boucs noirs aux râles d’or des flûtes,
Vers le hameau natal, de par delà les buttes,
S’en revenaient, le long des champs piqués de houx ;

Bohèmes écoliers, âmes vierges de luttes,
Pleines de blanc naguère et de jours sans courroux,
En rupture d’étude, aux bois jonchés de brous
Nous allions, gouailleurs, prêtant l’oreille aux chutes

Des ruisseaux, dans le val que longeait en jappant
Le petit chien berger des calmes fils de Pan
Dont le pipeau qui pleure appelle, tout au loin.

Puis, las, nous nous couchions, frissonnants jusqu’aux moelles,
Et parfois, radieux, dans nos palais de foin,
Nous déjeunions d’aurore et nous soupions d’étoiles...

p.63
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Vidéo de Émile Nelligan
Émile Nelligan – Prière du soir
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