"- Deux mille six cent quatre-vingt un, répond Bulle.
Mme Strobe fronce le front :
- Ce chiffre est-il censé être une réponse à ma quezstion?
-Pas nécessairement, répond Bulle. C'est juste le nombre de secondes qui se sont écoulées depuis le début du cours. Enfin, maintenant il y en a quatre de plus, ce qui fait deux mille six cent quatre vingt cinq. Simple calcul mathématique.
- Je comprend bien, commence madame Strobe, mais, Bulle...
- Excusez-moi, ma réponse n'est plus exacte, corrige Bulle. La bonne réponse est à présent deux mille six cent quatre vingt neuf.
[...]
Le fait est, répond Bulle, qu'étant donné qu'il y a soixante secondes dans une minute, quarante-cinq minutes dans une heure de cours, je n'aurai pas le temps de répondre à votre question, puisque soixante secondes multipliées par quarante cinq font deux mille sept cents secondes. Ce qui signifie que ça va sonner juste à l'instant où..."
L'astre commence par éclairer la forteresse d'Akershus et le Château royal, un monument peint en jaune, ni trop grand ni trop petit, où habite un roi qui, au fond, gouverne si peu que cela ne dérange personne.
Il regarde autour de lui. Hormis la lumière verte qu'il irradie, il fait nuit noire. Et, une fois que les clapotis ont cessé, il règne un silence de mort. Mais, bon sang, ce que ça pue ! ça pue tellement que l'auteur vous conseille vivement de faire la même chose que Bulle : essayer de ne pas y penser.
Cela signifie que, pour la première fois depuis plus d'un siècle, il n'y aura pas de Salut au Roi. Tout le monde, de la Suède jusqu'en Pologne, voire jusqu'à Madagascar, va pouvoir railler la petite nation là haut tout au nord, se moquer d'elle, la traiter de tous les noms qui riment avec Norvège : ordège, troudège, connège, bref des mots qui ne veulent peut être rien dire pour nous autres, mais qui peuvent signifier des choses épouvantables, en malgache, par exemple.
J'habite rue du Canon avec ma sœur et ma mère. Nous avons vécu dans tous les départements de la Norvège, et même dans certaines regions qui ne sont plus en Norvège. C'est à dire qu'à l'ère glaciaire tout cela faisait encore partie de la Norvège, mais, quand la neige a fondu, de grandes plaques se sont mises à dériver sur l'océan. Un des plus grands morceaux s'appelle maintenant l'Amérique, et ceux qui vivent là bas ne savent même pas qu'ils habitent sur une ancienne plaque de glace qui, en réalité, est un département norvégien.