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2,46

sur 69 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai eu un peu de mal à terminer ce livre car le thème abordé est difficile mais il est intéressant : la vie quotidienne des étudiants dans une classe prépa, ici Hypokhâgne, avec tous les travers de l'enseignement de ces jeunes gens appelés à être les élites de la France de demain, débouchant sur des postes prestigieux.

La description du travail acharné, du bachotage, du manque de sommeil, dans un lieu où même la nourriture laisse perplexe, de ces étudiants qui triment pou arriver à des meilleurs résultats, devenant des robots ou des « chiens savants », car leur pensée elle-même a été captée, cette description est parfaite, tellement précise qu'on ressent les choses dans son propre corps.

La maltraitance psychologique des élèves est bien décrite, avec ces professeurs sadiques qui n'aiment qu'une chose : dominer, humilier et casser, et bien sûr devant tous les autres élèves, sinon ce n'est pas source de jouissance. Ils entendent à longueur de journées qu'ils sont nuls et qu'ils ne réussiront pas, alors comment résister et continuer à travailler ? Certains professeurs sont pires que les autres :

« Il faut, pour qu'on saisisse ce qui m'aura poussé à me faire le juge de cette personne ignoble, le professeur d'Histoire, et de cet être terrible, le professeur de philosophie, qu'on redonne l'image de cette époque-là. » P 89

La manière dont réagit le héros est intéressante, notamment sa tentative de résistance au formatage et à la pensée unique. Seulement voilà, ce récit m'a un peu laissée sur ma faim. Peut-être parce que j'ai préféré la manière dont Jean-Philippe Blondel l'aborde dans « Un hiver à Paris », car le héros me plaisait davantage.

Je suis allée au bout de la lecture parce que l'écriture d'Arthur Nesnidal est magnifique et emporte le lecteur. Les phrases sont bien construites, il y a ici un amour de l'écriture, du langage écrit et une grande poésie dans les mots :

« La conscience des hommes a ceci de superbe, qu'elle confine au divin par pure inadvertance. On veut l'Inde, on a l'Amérique, on veut l'espace, on a la lune. On s'attend à l'étude et l'on trouve le savoir. A tâtons, ignorants, nous tenons du génie. » P 25

La page trente-sept est magnifique et on a envie de l'apprendre par coeur. Parmi les cinq livres que la FNAC m'a proposé, celui-ci est sans conteste le mieux écrit.

Ce roman, qui est un premier roman, il ne faut pas l'oublier, est prometteur et si l'auteur réussit à introduire plus d'émotion et de chaleur, le plaisir du lecteur sera au rendez-vous. Je rappelle au passage qu'il est âgé de vingt-deux ans !
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Quand on se replongera dans les archives pour tenter de comprendre comment, au début du XXIe siècle, le système s'est délité avant de faillir complètement et d'entraîner conflits et destructions, alors on retrouvera sans doute un épais dossier consacré à l'éducation et à la fabrication des soi-disant élites qui devaient conduire le pays à la réussite. Un chapitre y sera sûrement consacré aux classes préparatoires qui, comme leur nom l'indique, devaient préparer les meilleurs élèves à intégrer les grandes écoles. Peut-être fera-t-il aussi référence à un ouvrage intitulé La purge et qui démontait alors, point par point, ce système défaillant.
Un témoignage édifiant – de l'intérieur – sur les curieux us et coutumes qui présidaient alors dans ce lycée que l'on n'aura guère de peine à situer à Clermont-Ferrand. «Tout, dans cet établissement, dégageait ce délicat fumet de rance et de désuet, de poussière et de moisi, dont nos enseignants se délectaient volontiers, s'extasiant sans retenue sur l'immuabilité réactionnaire des classes préparatoires. Les couloirs vomissaient leur papier peint en lambeaux, le carrelage d'avant-guerre se disloquait à tout-va, et la craie, sur nos tableaux encore noirs, n'en finissait plus d'agoniser en crissements déchirants. » 
Après les infrastructures et le cadre de vie proposé aux élèves et aux enseignants, concentrons-nous sur les méthodes. On trouvera particulièrement motivant la haute considération affichée par le corps enseignant pour des élèves «médiocres, mauvais, incultes, vides». Les professeurs ne vont du reste pas manquer une occasion de souligner leurs propos, allant jusqu'à humilier ces cancres qui n'ont pas assimilé toutes les subtilités du latin, du grec ou des mathématiques : « il annonçait tout haut la note qui tombait; puis, sans élever la voix, il faisait des remarques sur les fautes grossières que l'on avait commises, sur les égarements qu'on eût pu éviter, sur tout ce qui faisait de nos humbles travaux d'immondes petits torchons; on aurait dit une hyène rôdant parmi les chats.»
Arthur Nesnidal s'en donne à coeur joie dans ce roman à charge, flinguant à tout va, massacrant avec cruauté, dézinguant sans discernement. C'est ce qui rend son brûlot tout autant jouissif qu'excessif. Car pour lui, il n'y a qu'à jeter le bébé avec l'eau du bain. On le suit volontiers lorsqu'il dénonce la nourriture qui leur est servie ou lorsqu'il met en avant les absurdités de l'administration. On se régale notamment de cette scène ubuesque lorsqu'il vient expliquer à la comptabilité qu'il s'acquittera de sa dette lorsque l'argent de la bourse lui sera versée: « Maintenant que vous savez que je paierai, et quand je le ferai, pourriez-vous arrêter d'envoyer des courriers de rappel ? 
– On ne peut pas, c't'automatique, récita-t-elle d'un ton embarrassé qu'une rage incontrôlée faussait de plus en plus. 
Automatique, bien sûr. Comment n‘y avais-je pas songé? Ils avaient certainement inventé pour le soin du service une sorte de rotative à timbrer les enveloppes, et une autre machine plus ingénieuse encore pour reproduire l'écriture manuelle et ses fautes de français. Sans compter le robot à poster, merveille de technique, qui se glissait la nuit pour se faire discret jusques aux boîtes aux lettres les plus proches des bureaux. » 
En revanche, le romancier donne avec son livre la preuve que la théorie du formatage des esprits, du modèle unique, peut très bien voler en éclats pour peu que l'on cherche à s'émanciper de ce modèle unique et stérile. Laissant de côté les « plaisirs d'ignorance, de paresse et d'orgueil » il nous offre un exercice de style vivifiant servi par une plume trempée dans l'acide.
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A lire Arthur Nesnidal, je ne regrette pas d'avoir quitté naguère, au terme de deux semaines édifiantes, la classe d'hypokhâgne où j'avais été admise pour gagner les bancs de la fac ! Il m'est tout de suite apparu que ce type d'enseignement et surtout cette approche très académique et élitiste n'étaient pas pour moi...




Ce jeune auteur aura quant à lui tenu nettement plus longtemps... ce qui lui aura au moins permis de trouver la matière d'un premier roman ! Au fil de brefs chapitres, le narrateur égrène les divers aspects de la vie de ce type d'établissement, comme autant de saynètes finissant par composer un tableau... pour le moins effrayant. Fatuité des enseignants, condescendance de l'encadrement administratif, conditions de vie plus que rudimentaires auxquelles sont soumis les pensionnaires sommés de se gaver de connaissances ultranormées plutôt que d'apprendre à réfléchir par eux-mêmes, tout cela contribue à la reproduction d'une élite autoproclamée ne manifestant que mépris pour qui n'en ferait pas partie.




Certes, d'autres élèves auront sans doute un point de vue radicalement différent. Mais l'auteur n'a pas cherché à signer un essai. Il offre au contraire un texte très personnel à travers le regard et l'expérience de son personnage principal. En cela j'ai pu retrouver quelque chose de Vallès, comme je l'ai lu quelque part. Tous deux dépeignent en effet la même atmosphère carcérale et un semblable pédantisme professoral dans un un style original.

Celui de Nesnidal ne manquera certainement pas de surprendre - comme du reste le fit en son temps celui de Vallès. Riche de formules enlevées, d'un vocabulaire parfois délicieusement désuet, d'assonances, de phrases empreintes d'un rythme poétique, il présente une saveur toute particulière qui n'a pas été sans me rappeler la langue du XIXe siècle.

Tous les ingrédients étaient donc réunis pour me séduire et me convaincre de la qualité de ce tout jeune auteur, dont je suivrai à n'en pas douter les pas.
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Le narrateur se présente comme un ancien élève des classes préparatoires, et il raconte son expérience dans une société qui, apparemment, ne connaît plus cet enseignement, et semble avoir connu une catastrophe. Sur cet aspect du texte, on n'en saura pas plus. Et je dois avouer ne pas avoir très bien saisi son intérêt, si ce n'est pour renforcer le côté dystopique du récit. C'est très secondaire, un background qui sert de prétexte à raconter son année, assez chaotique et plutôt dramatique, au sein d'hypokhâgne.

Et quelle année ! le lecteur est plongé dans les affres et désastres de l'enseignement supérieur. Comme pour La Leçon de Ionesco, La Purge est une satire d'un enseignement présenté comme absurde et aliénant, un apprentissage qui va à l'encontre du bon sens. On n'y apprend pas à réfléchir mais à recracher une masse informe de savoir, le par coeur est de rigueur, et l'humiliation est un outil pédagogique. Les portraits des professeurs sont peints au vitriol, de même que les coreligionnaires de notre narrateur. Car le mépris de classe est aussi de mise en classe prépa. Les boursiers, dont fait partie le narrateur, sont traqués. Ils sont le maillon faible de ces futures élites de la nation. L'entre-soi est poussé à son comble et entretenu savamment par nos bons professeurs. Et au milieu de ce monde de loups et de chacals, le narrateur tente de résister au formatage à la manière du cancre de Prévert, en dessinant des scènes obscènes et colorées sur les tableaux noirs des professeurs.

Mais La Purge, c'est aussi une forme. C'est un texte très littéraire, qui fait appel à tout un ensemble de registres et de figures de style. Certains y trouveront un aspect « catalogue » assez déplaisant, une sophistication un brin pompeuse et ampoulée. Et je dois avouer que parfois, j'ai trouvé la forme un peu lourde. Mais la pesanteur que l'on ressent au début du récit est l'écho de la lourdeur de l'enseignement qu'il subit et le texte s'allège -sans perdre de sa qualité- au fur et à mesure que le narrateur recouvre son goût de la liberté.

Si je n'ai pas été transportée de bout en bout par le récit, La Purge est tout de même un texte intéressant et prometteur qui vaut la peine d'être découvert. La lecture est en général plaisante si on ne se force pas à vouloir continuer pour arriver plus vite à la fin. Il faut prendre le temps de faire des pauses.
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La vie d'un étudiant en prépa littéraire racontée sous forme de pamphlets traitant dans chaque chapitre d'un trait marquant l'année scolaire. Ainsi son décrit la chambre du boursier, une salle de cours, la cantine, les professeurs, les étudiants boursiers et non boursiers, l'intendante, le concierge etc etc.
L'ensemble n'a pas de lien particulier sauf l'écriture extrêmement recherchée, ciselée voire ampoulée. Un premier roman intéressant ou agaçant, selon les lecteurs , surtout pour le style et la forme plus que pour le contenu.
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Il s'agit d'un roman décrivant l'expérience en classe préparatoire littéraire de l'auteur ; or j'ai moi aussi vécu cette expérience et j'en garde un souvenir amer… Je me délectais donc d'avance de pouvoir lire une critique de l'académisme et de l'élitisme à la française, histoire de me purger de ma rancoeur !

J'ai été très surprise par le style de narration choisi par l'auteur : je m'attendais à une forme très « témoignage », très documentaire, or Arthur Nesnidal a choisi de romancer énormément son écrit (romancer dans le sens « récit de soi », pas dans le sens embellissement)… J'avais davantage l'impression de lire un roman comme "Le Grand Meaulnesé qu'une autobiographie, l'extrait du résumé n'est pas représentatif je trouve.
Et pour rester dans la forme et dans mes attentes déçues : Arthur Nesnidal a sans aucun doute une plume magnifique ! Mais c'est justement ce style très travaillé qui m'a fait décrocher assez vite, justement parce que je m'attendais à quelque chose de plus documentaire et moins narré. Je ne suis pas très branchée poésie de base, donc bon, les descriptions de la cantine sur tout un chapitre… Ce n'est pas ça qui va m'extasier xD

En ce qui concerne le contenu, l'expérience racontée, je ne me suis malheureusement pas tellement reconnue : de toute évidence, nous avons eu un vécu (et peut-être tout simplement une prépa) très différent… L'auteur nous décrit un lycée et des professeurs très vieille France qui, même si j'ai pu noter des ressemblances avec ce que j'ai pu vivre, ne m'ont pas parlé plus que cela.
En réalité, il ne s'agit pas tellement d'une critique du système, mais plutôt d'une mise en lumière des conditions de préparation des concours (soit de la manière dont fonctionne ce système… Et c'est déjà très bien, mais ce n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais : je voulais quelque chose de plus acerbe et dénonciateur que factuel.

Je vais donc m'arrêter là puisqu'en vérité je n'ai plus grand-chose à dire, puisque le témoignage ne m'a pas parlée… Mais je salue tout de même l'initiative !
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