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2,46

sur 69 notes
Emprunté, ampoulé, sophistiqué, trop pour moi.
Le propos a suscité mon intérêt, la lourdeur du style m'aura assommé.
Un des nouveaux grands talents annoncés de cette rentrée ne m'a pas touché. Et j'en suis désolé.

Peut-être une autre fois...

Lu en juin 2018.
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Le mensonge

Je n'ai pas lu ce livre. Je le lirai. Je me fonde cependant sur de nombreux extraits particulièrement significatifs, sur plusieurs articles de presse qui se sont de toute évidence laissé abuser par une plume totalement artificielle et insincère. Contrairement à Arthur Nesnidal, je ne mettrai pas plus de huit heures pour écrire une page, comme il se plaît à le scander avec une auto-satisfaction particulièrement indigeste. Je préfère recourir à une écriture du coeur, de l'instant, de l'honnêteté, qui elle ne ment pas mais est l'exacte retranscription de ce que je ressens. Il vaut mieux mettre une heure pour atteindre une sincère imperfection que dix pour produire une oeuvre faussement parfaite. Il ne s'agira pas pour ma part de faire l'apologie des classes préparatoires dont je connais très bien les travers et les aspects les plus sombres. J'aime à penser qu'elles ne m'ont pas formaté, bien au contraire, mais cela ne m'empêche pas de conserver à leur égard un point de vue parfaitement objectif, non-perverti, et c'est à présent ce même point de vue qui guidera ma plume.
Je connais Arthur Nesnidal, pour avoir partagé une première année son établissement, et une seconde sa classe. J'ai donc évolué au sein de l'univers dépeint dans son roman La Purge, publication dont je le félicite très sincèrement, mais qui m'a profondément choqué. Déchirons dès à présent le voile de la fiction invoqué par l'auteur avec ironie et mauvaise foi, simple prétexte pour dissocier l'écrivain du narrateur qui sont, de toute évidence, la même personne, quelques extraits suffisent pour s'en rendre compte. « Le narrateur me ressemble et dit ''je'' sans être moi » est un motif littéraire très célèbre, depuis Stendhal jusqu'à De Vigan – qui eux le maîtrisent – ne pouvant en l'occurrence tromper personne. La Purge est une autobiographie qui ne dit pas son nom.
Arthur Nesnidal et moi-même avons donc eu, pendant deux ans, sous les yeux, un même univers, des mêmes camarades, des mêmes professeurs, et force est de constater que La Purge est une abominable exagération du climat des classes préparatoires qui, bien que difficile certains temps, restait loin d'être insoutenable. Peut-être l'auteur est-il plus sensible que les autres, peut-être a-t-il vécu différemment cette période mais dans ce cas, parler en son nom sans se laisser aller au mensonge et à la diffamation aurait été plus honnête. Les classes préparatoires ne sont pas des étouffoirs, des machines à broyer la pensée, elles sont des opportunités pour ceux qui savent s'y intégrer sans les vénérer à l'envi, pour ceux qui y évoluent tout en restant lucides. La grande entreprise de diabolisation menée par Arthur Nesnidal mérite donc d'être déconstruite car, n'étant que le fruit d'une pure appréciation personnelle, elle ne résulte en aucun cas d'une description objective. le roman laisse dès lors faussement penser au lectorat, de manière tout à fait légitime, qu'un danger le guette s'il venait à emprunter la même voie que l'auteur. Qu'il soit sans crainte : le témoignage d'Arthur Nesnidal est convaincant uniquement parce qu'il est publié, contrairement à toutes les expériences positives qui n'ont jamais été couchées sur papier. Pour l'instant.
Là n'est pas le plus dérangeant. En effet, l'attitude d'Arthur Nesnidal pendant ces années demeure bien loin de celle de l'élève perclus et impuissant qu'il prétend avoir été. Relater ici toutes les anecdotes où l'auteur lui-même chercha à nous rabaisser, à nous piéger, à nous éblouir par un prétendu savoir, à nous étouffer par son éloquence, à nous écoeurer avec ses points de vue serait totalement indigne et je m'en dispenserai. Je ne veux pas nuire à l'homme, je veux simplement contredire l'écrivain avec respect. Je tiens cependant à souligner que l'exclusion vécue par le narrateur-auteur ne résulte pas, contrairement à ce que laisse penser La Purge, d'une mise à l'écart de la part du corps professoral mais d'une ostracisation venant de la plupart des élèves incapables de supporter plus longtemps son exubérance parfaitement déplacée et sa condescendance tout à fait épuisante. le décalage entre ce qu'était l'élève « véritable » et la victime romanesque est beaucoup trop important pour être passé sous silence : si Arthur Nesnidal ne s'était pas autant accompli dans le système qu'il a l'ambition de dénoncer, sans doute son oeuvre aurait-elle eu une résonance complètement différente. Toutefois, comment se fier à un pseudo-pamphlétaire qui s'est parfaitement intégré dans son établissement jusqu'à y passer trois ans, jusqu'à désirer y rester encore une année de plus, qui vénérait certains de ses professeurs, qui plaisantait avec eux, qui récitait des vers à l'entrée des salles de classe pour que chacun pût s'abreuver de son Verbe, qui prenait tant de plaisir à prolonger les cours avec d'innombrables questions, qui s'écoutait parler en défendant– d'ailleurs à tort – le subjonctif. Pourquoi donner l'impression de détester à ce point un monstre qu'on n'a cessé d'alimenter ? Soit l'auteur est hypocrite, soit il fut sadomasochiste. L'alternative est dans tous les cas effrayante.
Ainsi, Arthur Nesnidal n'était pas trop intelligent pour réussir dans une classe préparatoire, comme n'hésitent pas à l'affirmer certains journaux. Il est plus facile d'invoquer sa supériorité et sa non-conformité plutôt que d'admettre son échec. D'ailleurs, si l'auteur avait obtenu le concours final, aurait-il pris le temps d'écrire ce livre ? La Purge n'est-elle pas que la peinture d'une immense frustration ? N'est-elle pas qu'un simple épanchement de haine, haine d'avoir été remis à sa place après avoir cru, pendant toutes ces années, être le meilleur ? L'oeuvre se trompe de procès et accable l'Établissement d'intentions totalement mensongères, comme la discrimination envers les boursiers, la vétusté de l'infirmerie ou encore la morgue systématique des enseignants au détriment d'une remise en question de soi qui aurait sans aucun doute été souhaitable de la part de l'écrivain.
En somme, La Purge est un travestissement de la part d'un élève n'hésitant pas à renier ses valeurs en se victimisant, oubliant ce que la classe préparatoire lui a apporté, la manière dont il s'y est complu, pour en fournir une description en teinte unique et sans la moindre nuance. J'ai ici parlé en mon nom mais je sais que mon propos est partagé par de nombreux autres élèves de la même promotion qui, de la même manière, n'ont vu dans La Purge qu'une espèce de mascarade opportuniste voguant sur la tendance actuelle consistant à dénoncer les grandes institutions pour satisfaire le plus grand nombre de lecteurs. Doit-on se prostituer pour plaire à l'horizon d'attente ?
Par honnêteté intellectuelle, je le répète, je lirai néanmoins La Purge. J'emprunterai le livre. Je ne peux me résoudre à l'acheter. Ce serait donner de l'argent à tout ce en quoi je ne crois pas, financer un subterfuge, encourager la volte-face et le renoncement à soi pour séduire le plus grand nombre. Ce livre aurait pu être un chef-d'oeuvre. C'est une monstruosité. Avec La Purge, Arthur Nesnidal crache dans une soupe qu'il a lui-même contribué à empoisonner.


Jacques Marckert
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Ayant été moi-même, à l'âge de 17 ans, élève en classe préparatoire dans l'un de ces lycées parisiens dits “d'excellence', le lycée Henri IV, et pour y avoir réellement souffert, tant - au-delà du travail à fournir et de la pression normale du concours - l'humiliation y était constante et la volonté de blesser évidente, cynique et assumée, la parution de "La Purge", qui fit grand bruit à sa sortie, a immédiatement attiré mon attention.

Il s'agit là du témoignage romancé de la vie des lycéens en classe préparatoire, telle que l'a connue l'auteur dans un établissement de province. J'y ai retrouvé bien des éléments de ce qui fut pour moi à l'époque, comme pour beaucoup de mes condisciples, un petit avant-goût de l'enfer. Pourtant, je n'ai pas du tout aimé ce roman dont la lecture m'a été si pénible que j'ai failli l'abandonner.

Il y a d'abord la mauvaise foi, évidente, de l'auteur. Car ce qu'il se garde bien de rappeler, c'est qu'on n'entre pas en classe préparatoire par hasard, on n'y postule pas par inadvertance, l'admission dans l'une de ces grandes prépas est d'abord un honneur et une chance, et les règles du jeu sont connues : libre à chacun de les accepter ou non.

Il y a ensuite, dans ce portrait résolument à charge et sans nuances, des contre-vérités choquantes, pour ne pas dire des mensonges éhontés, comme par exemple la soi-disant discrimination sociale à l'égard des élèves boursiers, le confortable entre soi des enfants de la bonne bourgeoisie, entretenu par les autorités… Voilà une invention pour le moins stupéfiante qui dit surtout de l'auteur sa méconnaissance totale du système scolaire français.

Et puis il y a le style… de Prévert et Rimbaud, outrageusement présentés en référence sur la quatrième de couverture, je n'ai vu, hélas, aucune trace. En leur lieu et place, j'ai trouvé une écriture extraordinairement boursouflée et pompeuse qui m'a prodigieusement agacée : parce que la grandiloquence systématique ne fait pas le style et fatigue le lecteur ; parce que l'ironie, à être trop présente, finit par perdre toute sa force ; parce que la vindicte, la violence et l'outrance qui submergent le lecteur au long d'interminables diatribes ne font pas argument et desservent le propos ; parce qu'enfin il y a dans ce roman une aigreur et une telle volonté de calomnier et de nuire que j'ai davantage eu l'impression d'assister à un règlement de comptes malveillant et sournois qu'à la naissance d'un futur écrivain.

La personnalité de l'auteur, telle que je l'ai ressentie au travers de ces pages, ne m'incite pas à l'indulgence. Il s'agit cependant du tout premier roman d'un très jeune homme, avec tous les défauts prévisibles de la forme et du fond qu'il parviendra peut-être à corriger avec le temps. D'autre part, pour l'avoir moi-même vécu et subi, je partage avec l'auteur, mais de manière plus nuancée et beaucoup moins violente, la certitude que l'enseignement dans les parcours dits d'excellence gagnerait beaucoup en efficacité et en intelligence si le corps professoral acceptait d'accompagner avec une bienveillance qui n'exclut d'ailleurs pas la rigueur les adolescents dont il a la charge.

Il reste cependant que tel qu'il est, et avec ses limites, le parcours en prépa et la qualité de l'enseignement qui y est dispensé constituent une expérience humaine et intellectuelle irremplaçable qui mérite un minimum de reconnaissance à l'égard de ces professeurs qui ne veulent certainement pas que du mal à leurs élèves, et dont il n'y a nulle trace dans ce livre.

Une lecture pénible, donc, qui me laisse avec beaucoup de réticences et un livre que, tout simplement, je regrette d'avoir acheté. A tous ceux qui souhaitent avoir une vision plus saine et plus réaliste de la vie, assurément éprouvante, d'un lycéen en classe préparatoire, je conseille la lecture, sur le même sujet, de “Un hiver à Paris” de Jean-Philippe Blondel.


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A tous mes ami.e.s de Babelio, dont les lectures et les contributions m'enrichissent et m'enchantent,
à tous les lecteurs que je ne connais pas encore et dont il me tarde de faire la connaissance,
à toute l'équipe de Babelio, ses administrateurs et ses “petites mains” qui oeuvrent dans l'ombre à la pérennité de ce site magnifique de partages, de bienveillance, d'intelligence et d'enthousiasme,

je souhaite, de tout coeur, une excellente Saint-Sylvestre et une formidable année 2019, pleine de curiosité littéraire, de belles lectures et de superbes découvertes ! ❤❤❤
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J'ai eu un peu de mal à terminer ce livre car le thème abordé est difficile mais il est intéressant : la vie quotidienne des étudiants dans une classe prépa, ici Hypokhâgne, avec tous les travers de l'enseignement de ces jeunes gens appelés à être les élites de la France de demain, débouchant sur des postes prestigieux.

La description du travail acharné, du bachotage, du manque de sommeil, dans un lieu où même la nourriture laisse perplexe, de ces étudiants qui triment pou arriver à des meilleurs résultats, devenant des robots ou des « chiens savants », car leur pensée elle-même a été captée, cette description est parfaite, tellement précise qu'on ressent les choses dans son propre corps.

La maltraitance psychologique des élèves est bien décrite, avec ces professeurs sadiques qui n'aiment qu'une chose : dominer, humilier et casser, et bien sûr devant tous les autres élèves, sinon ce n'est pas source de jouissance. Ils entendent à longueur de journées qu'ils sont nuls et qu'ils ne réussiront pas, alors comment résister et continuer à travailler ? Certains professeurs sont pires que les autres :

« Il faut, pour qu'on saisisse ce qui m'aura poussé à me faire le juge de cette personne ignoble, le professeur d'Histoire, et de cet être terrible, le professeur de philosophie, qu'on redonne l'image de cette époque-là. » P 89

La manière dont réagit le héros est intéressante, notamment sa tentative de résistance au formatage et à la pensée unique. Seulement voilà, ce récit m'a un peu laissée sur ma faim. Peut-être parce que j'ai préféré la manière dont Jean-Philippe Blondel l'aborde dans « Un hiver à Paris », car le héros me plaisait davantage.

Je suis allée au bout de la lecture parce que l'écriture d'Arthur Nesnidal est magnifique et emporte le lecteur. Les phrases sont bien construites, il y a ici un amour de l'écriture, du langage écrit et une grande poésie dans les mots :

« La conscience des hommes a ceci de superbe, qu'elle confine au divin par pure inadvertance. On veut l'Inde, on a l'Amérique, on veut l'espace, on a la lune. On s'attend à l'étude et l'on trouve le savoir. A tâtons, ignorants, nous tenons du génie. » P 25

La page trente-sept est magnifique et on a envie de l'apprendre par coeur. Parmi les cinq livres que la FNAC m'a proposé, celui-ci est sans conteste le mieux écrit.

Ce roman, qui est un premier roman, il ne faut pas l'oublier, est prometteur et si l'auteur réussit à introduire plus d'émotion et de chaleur, le plaisir du lecteur sera au rendez-vous. Je rappelle au passage qu'il est âgé de vingt-deux ans !
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Quand on se replongera dans les archives pour tenter de comprendre comment, au début du XXIe siècle, le système s'est délité avant de faillir complètement et d'entraîner conflits et destructions, alors on retrouvera sans doute un épais dossier consacré à l'éducation et à la fabrication des soi-disant élites qui devaient conduire le pays à la réussite. Un chapitre y sera sûrement consacré aux classes préparatoires qui, comme leur nom l'indique, devaient préparer les meilleurs élèves à intégrer les grandes écoles. Peut-être fera-t-il aussi référence à un ouvrage intitulé La purge et qui démontait alors, point par point, ce système défaillant.
Un témoignage édifiant – de l'intérieur – sur les curieux us et coutumes qui présidaient alors dans ce lycée que l'on n'aura guère de peine à situer à Clermont-Ferrand. «Tout, dans cet établissement, dégageait ce délicat fumet de rance et de désuet, de poussière et de moisi, dont nos enseignants se délectaient volontiers, s'extasiant sans retenue sur l'immuabilité réactionnaire des classes préparatoires. Les couloirs vomissaient leur papier peint en lambeaux, le carrelage d'avant-guerre se disloquait à tout-va, et la craie, sur nos tableaux encore noirs, n'en finissait plus d'agoniser en crissements déchirants. » 
Après les infrastructures et le cadre de vie proposé aux élèves et aux enseignants, concentrons-nous sur les méthodes. On trouvera particulièrement motivant la haute considération affichée par le corps enseignant pour des élèves «médiocres, mauvais, incultes, vides». Les professeurs ne vont du reste pas manquer une occasion de souligner leurs propos, allant jusqu'à humilier ces cancres qui n'ont pas assimilé toutes les subtilités du latin, du grec ou des mathématiques : « il annonçait tout haut la note qui tombait; puis, sans élever la voix, il faisait des remarques sur les fautes grossières que l'on avait commises, sur les égarements qu'on eût pu éviter, sur tout ce qui faisait de nos humbles travaux d'immondes petits torchons; on aurait dit une hyène rôdant parmi les chats.»
Arthur Nesnidal s'en donne à coeur joie dans ce roman à charge, flinguant à tout va, massacrant avec cruauté, dézinguant sans discernement. C'est ce qui rend son brûlot tout autant jouissif qu'excessif. Car pour lui, il n'y a qu'à jeter le bébé avec l'eau du bain. On le suit volontiers lorsqu'il dénonce la nourriture qui leur est servie ou lorsqu'il met en avant les absurdités de l'administration. On se régale notamment de cette scène ubuesque lorsqu'il vient expliquer à la comptabilité qu'il s'acquittera de sa dette lorsque l'argent de la bourse lui sera versée: « Maintenant que vous savez que je paierai, et quand je le ferai, pourriez-vous arrêter d'envoyer des courriers de rappel ? 
– On ne peut pas, c't'automatique, récita-t-elle d'un ton embarrassé qu'une rage incontrôlée faussait de plus en plus. 
Automatique, bien sûr. Comment n‘y avais-je pas songé? Ils avaient certainement inventé pour le soin du service une sorte de rotative à timbrer les enveloppes, et une autre machine plus ingénieuse encore pour reproduire l'écriture manuelle et ses fautes de français. Sans compter le robot à poster, merveille de technique, qui se glissait la nuit pour se faire discret jusques aux boîtes aux lettres les plus proches des bureaux. » 
En revanche, le romancier donne avec son livre la preuve que la théorie du formatage des esprits, du modèle unique, peut très bien voler en éclats pour peu que l'on cherche à s'émanciper de ce modèle unique et stérile. Laissant de côté les « plaisirs d'ignorance, de paresse et d'orgueil » il nous offre un exercice de style vivifiant servi par une plume trempée dans l'acide.
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L'amertume et la jalousie suintent de cet ouvrage d'une grande bassesse et d'une grande médiocrité.
L'auteur, par son verbiage incessant, ne fait qu'incarner ce qu'il prétend dénoncer.
Ami·e·s lecteur·trice·s passez votre chemin !
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Aigreur, rancune, jalousie, voilà ce que l'on retient en refermant ce livre. Sujet battu et rebattu. Se veut populaire et accessible à tous mais emprunte un style pompeux, surfait
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« Parmi la multitude des enfers ici-bas, je vis, au commencement de ce siècle, tourner l'implacable machine de la grande industrie intellectuelle et vomir à grandes fournées ses séries de troufions de l'esprit et son lot de déchets. On nommait ces chaudrons les es préparatoires. » (p. 9) Avec cet incipit acerbe qui donne le ton du texte, le narrateur entame une longue diatribe contre le système d'enseignement supérieur à la française. Avant que survienne une guerre dont on ne sait rien, mais qui a tout ravagé, l'homme a subi l'ineptie d'une machine à broyer les âmes et les corps, alambic cruel censé sublimer les esprits. Dans cette supérieure usine à démolir règnent des Professeurs aux méthodes vicieuses. « Peu de choses amusaient encore le vieux vampire ; après tout, son errance pouvait être lassante. Nous rendre nos devoirs en se moquant de nous, briser nos rêves d'enfant en donnant des lectures perverses de nos comptines, humilier ses élèves de toutes les façons, cela allait de soi. » (p. 86) Ainsi, si l'étudiant hagard parvient à déjouer les mille et un pièges du latin, il aura encore à endurer l'ironie tiède d'un corps professoral dont la vocation a laissé place à l'amertume. Et pourtant, bien que brisé, affamé, épuisé, le narrateur développe une capacité grandissante à fustiger la bêtise, comme contaminé par les hautes exigences de ses maîtres. « Pauvres petites créatures qui usent de la force sans savoir réagir à l'intelligence. » (p. 101)

Comment supporter l'absurde aliénation du cerveau entièrement tourné vers un but chimérique, j'ai nommé le sacro-saint concours ? Ayant usé mes jupes et ma santé sur les bancs de la khâgne, je me suis complètement retrouvée dans la peinture qu'en fait Arthur Nesnidal. le ultra-sophistiqué de l'auteur pourra en dérouter, mais il illustre à merveille les attentes sadiques de certains professeurs : à plusieurs reprises, j'ai constaté que certains notaient moins la qualité de la réflexion que la tortuosité de l'expression. Comme si maîtriser les méandres sadiques et pompeux de la langue était une poudre aux yeux suffisante pour convaincre de la compréhension profonde d'un sujet. « Ces élus savaient tout ; ils interposaient Barthes à leurs contradicteurs comme les Jésuites fourraient leurs Saintes Écritures au coin d'une virgule pour broyer les païens du pilon de leur science. Que pouvait-on répondre aux initiés du dogme ? » (p. 21)

Il y a un passage qui m'a replongée dans la terreur que j'avais d'un professeur, être terrible que, 12 ans après avoir quitté la prépa, je n'arrive pas à chasser de mes cauchemars. Passage qui illustre le mépris institutionnalisé de ces pontes qui ne doutent de rien : « Hors sujet. [...] Vous auriez pourtant dû en sortir autrement, le sujet était fait pour qu'on le réussisse. [...] Vous, Mademoiselle, dites-nous ce que vous en avez pensé, vous qui avez raté votre devoir. » (p. 47) D'aucuns diraient que ce genre d'attitude est censé fortifier le coeur et le caractère. Mais a-t-on jamais rendu un âne plus intelligent en le convainquant d'avancer à la force d'un fouet ? Je ne nie pas que l'hypokhâgne et la khâgne m'ont apporté une fabuleuse masse de connaissances et des méthodes pour réfléchir et exprimer clairement ma pensée à l'oral et à l'écrit. Mais comme le narrateur de la purge, j'accuse un système violent qui se fonde sur un socle friable pour produire des élites qui, à leur tour, feront tourner ledit système. L'absurdité de ce dernier est d'ailleurs parfaitement démontrée – et démontée – par le monde apocalyptique dépeint à demi-mot par le narrateur : est venu un conflit qui a renversé l'ancien ordre établi, balayant du même coup institutions politiques, économiques et enseignantes. Preuve que produire des élites ne suffit pas à faire tourner le monde.

La purge est un premier roman aux accents vengeurs et imprécateurs, riche d'indéniables qualités, et je suis curieuse de lire les prochains écrits d'Arthur Nesnidal.
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D'abord, le livre est affreusement mal écrit : à chaque mot, quatre adjectifs (plus ou moins pertinents), des vers blancs à tout bout de champ, bref, un goût marqué pour l'énorme. Naturellement, cela affecte aussi le sujet : les situations sont si grossies qu'elles deviennent invraisemblables et irritantes de bêtise (le repas au self et le rendu des copies sont des morceaux de bravoure dans le genre). le propos politique du livre est plus urticant encore : franchement, qui peut croire que les boursiers sont discriminés en prépa ? cela les empêche-t-il de réussir aux concours nationaux et anonymes qu'ils présentent ? Mais bon, la critique facile des "élites", comme on dit, ça fait vendre... (Pour finir, dans la scène avec la fille en larmes, une grosse bévue : il est question d'aoriste passé (sic) ; visiblement, ce monsieur n'a pas fait beaucoup de grec !)
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J'ai sollicité ce livre lors de la « Masse critique » de Babelio (que je remercie) car le sujet m'intéressait.
Hélas sentiment mitigé à la lecture voire à certains moments pénible.
Jusqu'à la page 44, un questionnement : pourquoi ce trop plein d'images, de qualifications excessives, d'abus de prose tournant à la construction poétique?
D'ailleurs, l'auteur aurait peut-être dû choisir ce moyen de communication. La quatrième de couverture avance le nom de Rimbaud… L'écriture poétique aurait peut-être mieux convenu aux éructations assenées.
Quant à Prévert, je cherche encore…
Grossissement des faits par leur exacerbation, portraits impitoyables de professeurs (attitudes méprisantes jusqu'à l'inhumanité), conditions de vie quasi moyenâgeuses (jusqu'à la « bouffe » innommable), logement où la déprime côtoye la folie et tant d'autres qui font de cet « apprentissage » un chemin diabolique et destructeur. le texte perd une grande partie de sa crédibilité et en devient crispant.
Qu'a donc subi l'auteur pour en arriver là? Humiliation, rancune coulent dans les phrases au point que la vraisemblance est caricaturée à l'excès et risque d'être mal entendue.
D'où cette difficulté de lecture où les outrances soûlent et entravent, malgré quelques belles fulgurances, une adhésion à ce que l'auteur veut faire passer. On ne peut se borner uniquement à cette logorrhée.
22 ans, premier roman, un style excessif bloquant sa fluidité, une éructation trop gratuite sans le talent d'un certain Antonin Artaud :

« Monsieur le Recteur,

Dans la citerne étroite que vous appelez « Pensée, » les rayons spirituels pourrissent comme de la paille.
Assez de jeux de langue, d'artifices de syntaxe, de jongleries de formules, il y a à trouver maintenant la grande loi du coeur, la Loi qui ne soit pas une loi, une prison, mais un guide pour l'Esprit perdu dans son propre labyrinthe. … »

Extrait de « Lettre Aux Recteurs des Universités Européennes ».


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