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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Buchet Chastel pour l'envoi de ce superbe ouvrage, très bel objet livre avec une couverture granuleuse, très agréable au toucher et avec une très belle illustration.


C'est un recueil de nouvelles mettant en scène des narrateurs le plus souvent féminins pour 4 nouvelles sur 5 et des situations particulièrement difficiles de la vie quotidienne. Le ton est concis, tantôt poétique tantôt pragmatique. Le style et les intrigues sont parfaitement claires et tranchantes de réalisme.


"La vie de couple des poissons rouges" ou la cohabitation de deux poissons combattants chez un jeune couple nouvellement parent. Comme la narratrice jeune-maman, j'ai été excédée par la muflerie de Vincent mais il faut dire que celle-là baisse bien trop vite les bras et se résigne bien trop vite. Une histoire banale couple en souffrance. Triste, révoltante, poignante, peinante. Le style de cette nouvelle est clair simple, sans fioritures. La psychologie féminine est dépeinte à merveilles dans toutes ses contradictions. Je me suis d'ailleurs facilement identifiée à la narratrice, partageant ses émotions. Une nouvelle à la saveur douce-amère sur les aléas de la vie de couple des humains et autres poisson rouges.


"Nos ancêtres les cafards". Un entomologiste nous raconte son enfance et le pourquoi de sa vocation, sa ressemblance troublante avec un certain insecte peu amène. Les cafards effraient, révulsent, dégoûtent mais la sagesse de la vieille Clémencia ouvre de nouvelles perspectives, des hypothèses qui, bien que farfelues, ne sont pas loin d'être kafkaiennes. A nos ancêtres les cafards, nous devons le respect car finalement les cafards ne sont-ils pas des humains comme les autres ? C'est à la fois frissonnante et attendrie que j'ai parcouru les tribulations de ce petit garçon en mal d'affection, solitaire, et abandonné comme le mal aimé à six pattes. Une belle leçon d'humilité dans un style caustique non dénué d'humour tendre avec en toile de fond la question de l'abandon et de la psychiatrie tout à fait cohérente.


"Féline" : Histoire de chats, deux chats, deux grossesses, l'une humaine et inopinée, l'autre féline et décidée (bizarrement). Le ressenti de la narratrice oscille tour à tour entre doute, rejet, tendresse, peur. De même que l'animal qui l'accompagne dans cette expérience, le côté versatile ressort du comportement de cette jeune femme. Un message d'amour aux chats, à leur indépendance, leur empathie, à leur liberté et aux choix qu'ils font peut-être avec plus de facilité que nous autres humains. A la fatalité aussi peut-être.


"Champignons" : Glauque transformation d'une passion charnelle et fusionnelle en relation végétative et unilatérale. De femme adultère à parasite champignonneux, il n'y a qu'un pas. Le parallèle est vite fait dans cette courte nouvelle et peu ragoûtant, il faut bien l'admettre. Le style est à l'image de l'intrigue, visqueux, et si les débuts flamboyants de cette passion défendue font sourire, la chute sombre dans le marasme, laisse la nausée au coeur et à l'âme devant ce nouvel état de la narratrice.


"Le serpent de Pékin" : Une histoire de famille, de voyage, de retour aux origines, de tentation et de changement. Les tentatives d'une famille désespérées d'une famille en perdition pour retrouver son bonheur d'avant. Le style est mélancolique et emprunt d'une certaine inertie. Sans doute, la nouvelle que j'ai préféré de ce recueil car exempte de l'air vicié qui flotte sur les précédentes malgré l'aveu d'adultère et le mal-être qu'il en ressort. C'est également la seule nouvelle qui met en scène un narrateur masculin, jeune lycéen. Moins d'identification ? Moins d'empathie et donc moins de malaise ? Je ne saurais le dire.



Je ressors de cette lecture mal à l'aise, nauséeuse. Les scènes évoquées poussent le lecteur dans ses derniers retranchements face à des situations quotidiennes qui sonnent désagréablement familières. J'ai adoré l'écriture de l'auteur et je suis heureuse de l'avoir découverte. Néanmoins, je ne conseillerai pas ce livre si vous avez le moral en berne. L'atmosphère de ces nouvelles ne ferait que vous engluer davantage. J'ai lu non avec plaisir (vu le ton des nouvelles, cela serait faire preuve de sadisme) mais avec une grande curiosité et un intérêt tout particulier pour le lien habile que réalise l'auteur entre humain et animal, en extrayant l'animal, le sauvage des humains civilisés que nous sommes sensés être.
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Quand j'ai vu que la traduction d'une nouvelle oeuvre de la jeune prodige mexicaine - trop peu connue à mon goût - Guadalupe Nettel était disponible en français, je n'ai pu m'empêcher de faire un saut de joie, mon enthousiasme s'expliquant par le fait que je vois (lis) en elle une artiste de la trempe de la bien plus connue Yoko Ogawa, rien de moins.

Dans cet excellent nouvel opus qui compte cinq nouvelles à forte connotation animale, l'auteur nous embarque - comme dans chacun de ses livres - dans son univers étrange, en nous révélant cette fois-ci les liens mystérieux et invisibles qui relient les animmaux aux êtres humains. Ont ainsi droit au chapitre les poissons rouges, les cafards, les chats, les champignons et le serpent qui, tel un miroir "reflètent nos émotions et nos comportements latents que nous n'osons pas regarder en face".

Rien d'exceptionel ni d'attirant au menu, me direz-vous. Oui et non. Car même si les situations de départ semblent à chaque fois anodines et pas dignes d'un intérêt particulier, Guadalupe n'a pas son pareil pour sortir sa l(o)upe, nous montrer ce qui se passe sous la surface des choses et à pointer le doigt sur les forces occulté(e)s qui échappent à notre oeil d'humain. Car comme elle l'a si bien compris, bien souvent, l'intérêt n'est pas dans les choses elles-mêmes, mais dans leur façon de se relier entre elles et au monde.

Son deuxième don est la capacité qu'elle a de nous entraîner dans ses découvertes extra-sensorielles peu ragoûtantes (convenez-en) sans l'avoir l'air d'y toucher et sans contrainte aucune, comme si elle éprouvait un réel plaisir à courtiser nos bas instinct de voyeur - ne serait donc pas le plus animal qui l'on croit ?, telle une araignée tissant une toile aux couleurs enchanteresses pour mieux nous dévorer.

En résumé, fans de Yoko Ogawa, mais aussi amateurs de beauté étrange, de nouvelles mystérieuses au style épuré à la tension croissante, n'hésitez pas. Dépaysement garanti!

Merci à l'éditeur Buchet-Chastel et à Babelio pour cette envoûtante découverte.



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Une auteure mexicaine, un titre intrigant, une collection dans laquelle je n'ai encore rien lu… hop, direction le sac de bibliothèque ! La première nouvelle au ton subtilement décalé met en scène une jeune femme enceinte qui devient quelque peu obsédée par ses deux poissons combattants dans leur bocal. La deuxième nouvelle permet de voir apparaître des constantes, des directions communes aux cinq textes.
Ces nouvelles sont assez longues pour bien installer l'ambiance. Les personnages apparaissent plutôt solitaires et renfermés sur eux-mêmes. Pour différentes raisons, ils ont du mal à communiquer avec leurs semblables et se sentent plus proche du monde animal, voir végétal
Tout le monde n'appréciera pas forcément l'univers de ces textes où les narrateurs, hommes ou femmes, jeunes dans l'ensemble, deviennent obnubilés par des animaux, par une espèce, et se rendent compte qu'ils se sont éloignés du règne animal, et que c'est cela qui ne va pas dans leur vie… Ils peuvent même devenir hôtes consentants de champignons, dans la quatrième nouvelle que j'ai trouvé un peu écoeurante, il faut l'avouer.
N'imaginez pas des nouvelles qui lorgnent du côté de la métamorphose, il ne s'agit pas de transformations physiques, enfin, pas tout à fait, car lorsque le mental est atteint, le corps subit parfois lui aussi des évolutions inattendues…
En bref, des nouvelles intéressantes et montrant un imaginaire plutôt original, qui fait penser à celui de l'auteure japonaise Yoko Ogawa. Elles aiguisent en tout cas la curiosité et donnent envie de relire cette auteure, peut-être dans un format plus long. Je note que l'auteure vit en partie en France, mais qu'elle écrit dans sa langue maternelle, limpide et très bien traduite.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Un recueil de nouvelles lues en un rien de temps, et qui réussissent à nous happer, à installer insidieusement une ambiance de malaise, et d'étrangeté. La première nouvelle est un modèle du genre : un couple se délite, sous les yeux (?!) de leurs poissons rouges. Les personnages semblent un peu dépassés, à subir leur vie, la relation à l'autre, et la confrontation avec l'animal, dans toutes les nouvelles, est là pour souligner le mystère, les difficultés de la relation entre deux être vivants. Des nouvelles réussies, une ambiance à part, un auteur, mexicain, cela change, à découvrir.
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Et si nos animaux de compagnie, nous ressemblaient plus qu'à l'évidence, et s'il leur vie n'était pas si différente de la nôtre ?
A travers diverses histoires, Guadalupe Nettel nous incite à regarder notre chat ou notre poisson rouge autrement... Des histoires emprunt d'un réalisme sidérant, douces et dures, elles sont soutenues par un lyrisme et une poésie facilement reconnaissable chez les auteurs sud-américain (ici mexicaine).
A lire, simplement...
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Merci Babelio pour cette nouvelle sélection !
Et quel plaisir de recevoir un livre des éditions que j'affectionne tant : Buchet Chastel.
A chaque fois, il s'agit de romans sortant de l'ordinaire, originaux et de qualité.

De plus les nouvelles ont un attrait sur moi par leur côté dépouillé, énigmatique parfois, simple et complexe à la fois.
Cela a été le cas cette fois encore avec cet ouvrage au titre prometteur : "La vie de couple des poissons rouges", dont je ne connaissais pas l'auteur. Découverte supplémentaire fort agréable.

Il va sans dire que dans un recueil, certaines histoires nous touchent plus que d'autres de part notre vécu, nos sensibilités,...
Mention spéciale donc pour les nouvelles : "La vie de couple des poissons rouges" et pour "Féline".
Toutefois, dans chacune l'auteur réussit le tour de force de lier l'humain et l'animal de façon subtile et parfois dérangeante.

Une belle surprise que ce petit ouvrage, mais attention si votre vie de couple ne tourne pas rond (dans son bocal), n'entrez pas dans ces eaux troubles !!
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Les poissons rouges – Féline – Les champignons – le serpent – Les cafards,

sont les titres des cinq nouvelles du roman, assez longues pour des histoires construites, et qui, de ce fait, savent interpeler le lecteur.

Cinq nouvelles aux narrateurs jeunes et féminins, un seul est masculin.

Cinq nouvelles dans lesquelles les humains habitent, cohabitent, volontairement ou non, avec les animaux.

Cinq nouvelles dures, féroces, parfois glauques, émouvantes, simples, à l'image de la vie.

Cinq nouvelles qui dessinent des parallélismes troublants entre ceux dits humains et ceux nommés animaux.

Cinq nouvelles qui font se côtoyer humains et "êtres vivants" (animaux), chacun révélant l'autre, chacun s'identifiant à l'autre, tout en conservant cependant leur personnalité propre.

Cinq nouvelles qui débouchent inéluctablement sur de multiples questionnements.

Qui est humain ?
Qui est animal ?

Sommes-nous des animaux ? Pires, meilleurs ou égaux à eux ?
Atteignent-ils le statut dit humain ? Pires, meilleurs ou égaux à nous ?

J'ai beaucoup apprécié Féline ainsi que Les poissons rouges.
Très certainement parce que j'aime les chats … mais aussi parce que le Réel y est présent, avec la vie, ses doutes et leurs conséquences, ses faiblesses et ses beautés, magnifiés par l'amour ressenti et celui porté.
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A travers ces 5 nouvelles, Guadalupe Nettel fait un intéressant parallèle entre des animaux domestiques et leur maître.

Le titre de l'ouvrage m'a un peu dérangé dans la mesure où la nouvelle parlant de poissons rouges fait en réalité état de poissons combattants.
De plus, et là c'est encore pire, l'auteur décrit la vie d'u champignon dans une de ces nouvelles alors qu'un champignon n'est ni un animal ni une plante.
Oui, je sais je chipote mais bon, un peu de justesse scientifique quand même.

Autrement, j'ai apprécié ces nouvelles. Plus que le sort des animaux, ce sont surtout ces tranches de vie qui m'ont plu.
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Cinq nouvelles réussies où sont explorées les comparaisons possible entre notre vie et celle de nos animaux de compagnie. Une compagnie pas toujours souhaitée comme dans " Nos ancêtres les cafards " ma préférée.
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id&ée originale: raconter dans ces nouvelles l'évolution en parallèle entre un couple et un de leurs animaux: les poissons rouge s'agressent puis dépérissent; la jeune fille tombe enceinte après une aventure d'une nuit, en même temps que sa chatte, qui contrairement à elle mènera sa grossesse à terme; une autre femme et son amant partagent des champignons, cette mycose leur permet de partager quelque chose à distance, puisqu'ils sont chacun marié de leur côté; le père du narrateur achète un python et le sépare de sa femelle pour observer le chagrin de l'animal; lui aussi est séparé de la jeune femme qu'il aime... des longueurs par moments mais c'est amusant ç lire
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