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Citations sur Le couple : La plus désirable et périlleuse des aventures (23)

Le couple, l'enfant, la famille sont des paris sur l'avenir.

Nul ne connaît par avance le destin de ces aventures, sinon qu'elles sont risquées. Et c'est ce risque qui donne du goût à la vie, qui fait oublier que nous sommes mortels. (...)

C'est la nécessité d'un défi vital qui impose ces changements. (...)
Le défi est ce qu'il y a de plus humain, ce qui fait reculer l'idée que notre existence est limitée. Que serait la vie sans défis ?
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Le mot "crise" n'est pas négatif, il signifie :
"Le passé est mort et le futur n'est pas encore né" (Antonio Gramsci)
Les crises sont engendrées par des changements qui nécessitent une redéfinition des relations entre les humains.
Un des changements les plus importants qui soit intervenu est, à mon sens, la liberté de choix considérable dont dispose actuellement chacun de nous en ce qui concerne ses investissements en matière de couple et de famille.

Quels sont les changements qui permettent d'affirmer ce point ? Ils sont nombreux.

En quelques décennies, notons la moindre dépendance de chacun à sa famille d'origine qui, de ce fait, autorise des choix plus personnels de sa ou son partenaire, également celui de se marier ou non, de créer une famille ou non.

La pression sociale a diminué, le divorce s'est banalisé, donnant la possibilité de rester ou non dans un couple, et ce, sans risquer l'opprobre du contexte social dans lequel chacun vit.

Une tolérance à l'égard de l'homosexualité rend acceptable le choix d'un partenaire du même sexe, voire de la constitution d'une famille homoparentale.

La maîtrise de la fertilité essentiellement par les femmes permet l'exercice de la sexualité sans préoccupation de procréation, donc d'engagement. De même pour la possibilité, certes encadrée, d'obtenir une interruption de grossesse.

Le concept de l'égalité homme/femme autorise des prises d'initiative dans ses choix quel que soit le sexe de la personne, choix également des techniques d'engendrement, la plupart légales dans de nombreux pays, choix majeur également de la formule de vie :
couple sans famille, couple avec famille, famille sans couple ...

Tous ces changements se sont opérés dans le cadre d'une idéologie dominante valorisant l'individu, son autonomie, ses libres choix.
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Deux piliers, deux "désirables" rendent donc le couple attirant :
l'amour relationnel, le fait d'une relation amoureuse, mais aussi le besoin d'un autre amour, celui de l'institution couple, la maison-couple.
Le couple est censé combler deux attentes, deux désirs, la relation amoureuse, celle qui nous constitue en tant qu'homme ou femme chacun dans le regard de l'autre, et la relation d'appartenance qui concerne l'ensemble qui réunit deux êtres face au monde extérieur, ce petit monde à deux, cette intimité protégée.
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Le contraste est impressionnant entre des parents qui semblent être des éducateurs de bonne qualité dans un climat de bonne entente conjugale et la gravité des transgressions de l'adolescent(e).
Comment comprendre ce phénomène de plus en plus répandu et qui pose des problèmes de prise en charge ardus ?

Aujourd'hui, les grossesses sont le plus souvent programmées.
On choisit le moment favorable, lorsque le couple est établi professionnellement et que les conditions de logement s'y prêtent.

Ce sont donc des enfants en principe désirés, mais surtout rationnellement décidés. Cela entraîne comme conséquence logique une responsabilité parentale plus importante que dans le passé, où les enfants en quelque sorte s'imposaient (...) Avoir un enfant aujourd'hui ressemble beaucoup à un processus d'adoption en ce sens qu'il s'agit dans les deux cas d'enfants dont on a décidé de l'arrivée. Cela n'est pas un mal en soi.

Mais parfois l'on observe des difficultés qui auparavant étaient constatées dans certaines familles adoptantes, quand l'adoption se passait mal. (...)
Ce type de relation ressemble plus à ce que l'on peut attendre d'une famille d'accueil que d'une famille. Parmi les conséquences de cette façon d'envisager la relation à l'enfant, l'une est particulièrement dommageable. (...)

Dans ces situations où les familles se comportent comme des familles d'accueil, l'enfant semble un éternel invité, quelqu'un dont on doit prendre soin sans rien attendre en retour.
On assiste à une véritable inversion de la dette transgénérationnelle : ce n'est plus l'enfant qui est redevable, mais les parents qui se sentent en dette vis-à-vis de l'enfant du fait qu'ils ont décidé de sa naissance. L'enfant ainsi traité peut avoir compris que ses parents sont à son service et que la dette à son égard sera éternelle.
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Ce qui donne du sens à notre existence, ce sont deux piliers.

D'une part, les relations que nous créons avec d'autres êtres, relations réciproques et de différentes natures : fraternelles, amoureuses, filiales, parentales.

Et d'autre part, des relations d'appartenance, qui sont des supports d'identité. Celles-ci concernent les groupes humains auxquels nous décidons d'appartenir. Cela signifie également un rapport de réciprocité : nous nous sentons reconnus comme appartenant à ces groupes qui deviennent des support d'identité et, en échange, nous contribuons à les faire exister par notre participation. Ces groupes peuvent être de différentes natures : groupes fraternels comme la bande d'amis, groupes familiaux comme ce qui peut être ressenti dans des groupes idéologiques tels une famille politique, religieuse ou sportive.

Enfin le couple et la famille qui comportent certes des relations entre les membres, mais aussi une dimension institutionnelle, support d'identité.

Cette différence majeure a été repérée en premier par Emile Durkheim, qui opposait l'amour relationnel et l'amour de l'appartenance : il disait aimer son épouse car il l'avait choisie, et aimer sa sœur car ils appartenaient à la même famille. (...)

L'enjeu de ces différents types de relations, relations d'être à être et relations à des groupes d'appartenance, est d'être nos supports d'existence. Sans ces derniers, nous sombrons aisément dans ce qu'on appelle aujourd'hui la dépression.
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Les fantasmes de fraternité qui motivent les parents quand ils se mettent en tête de concevoir le projet d'une fratrie sont souvent marqués de naïveté. Cela se produit parfois chez des parents qui ont été des enfants uniques, et quant à ceux qui ont été élevés dans une fratrie, on peut avoir parfois le sentiment qu'ils sont frappés d'amnésie, tant leurs souvenirs semblent sélectifs dans le sens d'une vision idyllique du passé.

Dans tous les cas, les parents seront confrontés au fait qu'ils doivent se préoccuper, à partir du deuxième enfant, non seulement de leurs relations avec les enfants, mais aussi, et parfois surtout, des relations ENTRE leurs enfants.

Ces préoccupations sont de deux ordres.
Le premier souci que les parents vont découvrir est qu'ils doivent empêcher les enfants de s'entre-tuer. Jacques Lacan a élaboré, pour rendre compte de cette phase, le "complexe d'intrusion" (...) une expérience primaire déterminante où le désir de mort à l'égard de l'autre semble être une constante. C'est souvent la découverte, douloureuse pour les jeunes parents, de conduites chez leurs enfants qui heurtent le mythe de fraternité. (...)

Le deuxième souci que vont rencontrer les auteurs de la fratrie (...) est qu'ils doivent obtenir de leurs enfants qu'ils ne soient pas trop proches. Une relation de gémellité fusionnelle peut apparaître, qui n'est pas exclusivement réservée aux jumeaux monozygotes (...) ou bien des comportements de proxémie sexuelle (...)

Un autre point non négligeable est la réalisation que le fait de construire une famille est instaurer une compétition avec l'autre institution déjà existante : le couple
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Qu'est-ce qui rend aujourd'hui l'enfant désirable pour un couple ?

Cette question se pose dans le sens où un enfant n'apporte plus d'avantages sur le plan d'un renfort économique, d'une paire de mains supplémentaires à la ferme ou, sauf à de rares exceptions, de successeur dans une entreprise familiale. Au contraire, c'est un projet onéreux et finalement sans retour.
Chacun sait qu'il devra assurer ses vieux jours sans trop compter ni sur la présence des enfants devenus adultes, ni sur leur assistance, ni sur leur support financier, ou alors de façon très marginale.

Alors, pourquoi avoir des enfants ? La réponse diffère selon qu'il s'agit des femmes ou des hommes. (...)

On a pu distinguer des désirs très différents.
Par exemple, celui d'être fécondée comme support de jouissance.
Ainsi, une patiente ne pouvait jouir sexuellement que si elle se savait dans une période fertile.

Un autre désir est celui de porter un enfant. Il se manifeste particulièrement lors de grossesses très tardives ayant nécessité un implant d'ovocyte. (...)
Donc, désir d'être fécondée, désir de grossesse, désir de pouponner, désir d'enfant sont distincts et ne sont pas toujours reliés.

Chez les hommes, là aussi, les réponses sont très variées. (...)
D'une part, elles témoignaient d'un intérêt pour la relation à un enfant, le fait de donner de l'amour à un petit être, de partager, d'échanger avec lui, d'aimer et d'être aimé. Les autres réponses, qui étaient les plus nombreuses, concernaient un souci de transmission qui devait se concrétiser par la fondation d'une famille, donc de créer ou de fortifier une appartenance (...)

Enfin, des réponses d'hommes et de femmes révèlent un désir de renforcer leur couple par ce projet d'enfant.

Nombre de réponses indiquent que la décision de procréer est essentiellement liée au désir de faire plaisir à son partenaire femme ou homme. C'est l'enfant-cadeau qui signifie à l'autre que l'on est disposé à s'investir dans le couple.
(...) C'est comme si l'on attendait de l'enfant qu'il valide le couple.

C'est souvent , selon ce que j'ai pu observer, le cas dans les familles recomposées (...) C'est comme si l'entente entre les enfants était nécessaire pour que le nouveau couple se sente le droit d'exister. (...) C'est aussi pour cette même raison qu'ils s'empressent d'engendrer un enfant commun qui est supposé sceller leur union.
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C'est à l'invention de nouveaux modèles, de nouvelles normes que nous sommes confrontés.
Quelles sont donc les nouvelles donnes, outre la liberté de choix ?
Le changement le plus important est qu'auparavant il n'existait qu'une seule institution, la famille, dont faisait partie le couple parental, et qu'aujourd'hui cette structure traditionnelle a éclaté en deux parties séparables : le couple et la famille. (...)

Cela veut dire que l'enfant n'est plus un projet de couple.
Un projet de couple, c'est par exemple partir un week-end à Madrid, à Amsterdam, au bord de la mer. L'enfant, lui, est un projet parental individuel.
Certes, la décision est souvent prise en commun, mais l'engagement des futurs parents est d'assurer une tâche éducative, que le couple survive ou non à cette épreuve. (...)

Ce constat, que j'avais fait dans ma pratique il y a de nombreuses années, a été confirmé par les sociologues. Il est clair qu'en cas d'insatisfaction dans le couple, qu'il y ait mariage ou non, enfant ou pas, la séparation n'est plus un tabou.
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Mais une question se pose : pourquoi plusieurs enfants ?
Effectivement, si certains conçoivent qu'une famille puisse ne contenir qu'un seul enfant, d'autres ne peuvent imaginer une famille si elle ne comporte pas une fratrie. Pourquoi une fratrie ?
Certaines motivations des parents sont purement narcissiques. (...) afin d'éviter une relation "fusionnelle" avec le premier ou pour avoir un enfant de sexe différent.

D'autres motivations font apparaître un désir spécifique : que l'enfant puisse acquérir un sens social, un sentiment de fraternité qui se développerait au sein d'une fratrie. (...)

Pourtant, la relation fraternelle ne paraît guère être le lieu où on l'observe le plus de fraternité, où elle est le plus évidente.
Si la fraternité ne semble pas exclue des relations fraternelles, on observe bien plus souvent une gamme de sentiments qui vont de l'indifférence feinte ou vraie à la jalousie, à l'envie, au désir d'exclure, voire de faire disparaître ou tuer l'autre.
Ou inversement, des liens d'amour qui n'ont rien de "fraternel" dans leur nature, où le sexuel le dispute au passionnel.

Les enfants nous témoignent quotidiennement que le sens de la fraternité s'acquiert plus souvent avec les camarades d'école plutôt qu'en famille, avec les frères et sœurs. (...)

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Une banale tromperie est dangereuse justement parce que banale et banalisant le couple, mettant en doute sa différence, son identité.
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